Header Critique : THE THING (2011)

Critique du film
THE THING 2011

2011 

Des Norvégiens en poste dans une station polaire font une découverte assez exceptionnelle. Après avoir fait appel en toute discrétion à une scientifique américaine, tout ce petit monde va alors être confronté à une créature extraterrestre plutôt agressive.

Trente ans après LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE, John Carpenter proposait sa propre version. Plutôt que coller au métrage produit par Howard Hawks, THE THING retournait à la source. A savoir une nouvelle de science-fiction parue dans le courant des années 30. Bien plus fidèle dans l'esprit, la version de Carpenter allait aussi exposer sur grand écran des images aussi spectaculaires que choquantes. Encore aujourd'hui, les effets spéciaux de Rob Bottin laisse souvent pantois devant l'imagination déployée pour obtenir une créature polymorphe. Le film sera d'ailleurs pas mal critiqué en raison de la crudité de ses images plongeant dans une horreur indicible. Mais THE THING, la version de 1982, ne peut se résumer seulement à ses effets spéciaux, John Carpenter y proposait une nouvelle fois de jouer avec les mécaniques de l'épouvante comme il l'avait déjà fait avec brio auparavant dans HALLOWEEN ou FOG. Au début des années 80, John Carpenter signait ainsi l'un de ses chefs d'œuvre, repoussant les limites de l'horreur. A l'époque, le film ne rencontrera pas du tout les faveurs du public. Et, comme d'autres œuvres du cinéaste, il gagnera sa renommée au fil du temps. Au point qu'il est envisagé d'en produire une nouvelle adaptation pour la télévision, un projet finalement abandonné. Dans le même temps, une suite au film de John Carpenter sort sur les consoles de jeux Xbox et Playstation 2. En 2011, au cinéma, THE THING sort de son hibernation avec une nouvelle production cinématographique qui se met en tête non pas de donner une suite au film de John Carpenter mais de se placer juste avant d'un point de vue chronologique.

Bien que n'étant pas un remake, en théorie, de THE THING, la version de 2011 sera titré simplement THE THING. La réalisation en est confiée à un cinéaste néerlandais, Matthijs van Heijningen Jr., fils du producteur, entre autres, de L'ASCENSEUR. L'écriture ne se fera pas du premier coup puisque le scénariste du renouveau de BATTLESTAR GALACTICA, Ronald D. Moore, verra son boulot largement remplacé par celui d'Eric Heisserer, auteur du scénario des GRIFFES DE LA NUIT (le remake). A l'écran, THE THING se montre finalement moins proche d'une préquel que d'un remake. En effet, si l'histoire se focalise bien sur la base norvégienne ayant trouvée la créature coincée dans les glaces, c'est pour ne reproduire à l'arrivée que certains des passages marquants du film de John Carpenter. Ainsi, un gros travail est réalisé sur les décors, le plus marquant est la pièce où se trouve le sarcophage de glace. De même, le métrage fait des clins d'œil à des éléments du film original. Plus surprenant, on retrouve aussi des liens avec le film de Christian Nyby, comme la créature enflammée qui traverse un mur ou bien l'ajout d'un scientifique qui met la vie humaine en deçà de sa découverte. Tout ne s'imbrique pas totalement mais reconnaissons que le film de Matthijs van Heijningen Jr. a tout de même le mérite de tenter de suivre la même ambiance que celle de l'œuvre de 1982. Mais si l'on connaît le film de John Carpenter, pas mal de passages se montrent peu probants car bien inférieur à son modèle et ce à tous les niveaux. Le métrage se montre alors plutôt anecdotique voire totalement inutile !

Pas de nouvelle révélation à l'horizon, THE THING, version 2011, se montre donc un duplicata relativement appliqué du film de John Carpenter. Mais là où le métrage de 1982 se montrait choquant dans ses images, dans sa manière de dépeindre une créature polymorphe à même de déchirer les chairs et produire des résultats abominables (voir la tête aux pattes d'araignées ou la séquence du chenil), le film de Matthijs van Heijningen Jr.. ne fait preuve d'aucune véritable audace. Et pour cause, les créatures du film de John Carpenter ont été copiés et vulgarisés par le monde du jeu vidéo. La franchise des Resident Evil, entre autres, contient nombres de créatures mutantes parfois très proches des effets spéciaux de John Carpenter. C'est la vague impression qui transparaît à la vision de ce THE THING, celle de découvrir des créatures de cinématiques de jeu, les effets numériques étant, dans ce film, moins tangibles que les délires mécaniques de Rob Bottin en 1982. Un comble ! Plus gênant encore, le métrage s'avère bien moins téméraire dans sa représentation concrète de la créature et c'est aussi ce que l'on peut ressentir dans les événements qui se succèdent. Certaines séquences étant clairement calquées sur le film original au point que l'on retrouve ici un lance-flamme qui a du mal à se déclencher (exactement dans le même contexte) ainsi que les mêmes chassés croisés dans une base polaire coincée par une tempête. Les conditions climatiques sont d'ailleurs au diapason du film, peu inquiétant. Quelques flocons et une vague fraîcheur essaient de nous faire croire à un blizzard handicapant là où Carpenter coinçait ses protagonistes dans un enfer de glace. Evidemment, on pourrait essayer de ne pas comparer une nouvelle fois avec le film d'origine mais THE THING, version 2011, se rattache complément à son ainé que ce soit dans son contexte (c'est une préquel) que dans ce qu'il propose (grosso modo un florilège des séquences de 1982). Le métrage de Matthijs van Heijningen Jr. est, au final, au dessus de la moyenne mais en s'attaquant à THE THING, il est surtout une grosse désillusion !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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