Header Critique : QUICK GUN MURUGAN

Critique du film et du DVD Zone 2
QUICK GUN MURUGAN 2009

 

Quick Gun Murugan est un cow-boy tamoul végétarien, respectueux de ses congénères mais aussi des vaches sacrées. A ce titre, il entend bien mettre un terme aux agissements de Rice Plate Reddy, un truand dont le but est de convertir tous les restaurants végétariens au carnivorisme. Murugan sera malheureusement vite stoppé dans ses élans et assassiné par Rice Plate Reddy. Après quelques formalités administratives au Siège du Ministère de la Mort, notre défunt Cowboy sera autorisé à revenir sur Terre mais propulsé vingt-cinq ans plus tard, en 2009. Fini les plaines poussiéreuses, Murugan se retrouve maintenant au cœur de la fourmilière-Mumbai contemporaine, laquelle a été convertie à la consommation de viande. Pour notre héros bariolé, l'heure de la revanche a sonné et il est temps de rétablir le végétarisme en Inde...

Un cow-boy en Inde, voilà qui a de quoi éveiller la curiosité. Pourtant et contre toute attente, la mère patrie de Ghandi n'a guère hésité avant de se lancer dans la production de films assimilables au Western. Souvent nommée comme étant le premier «Western Curry», SHOLAY (1975) est surtout le plus éminent représentant de cette catégorie. En réalité, il aura été devancé par quantité d'autres parmi lesquels DEKHA JAEGA en 1960, les tamouls GANGA (1971) et JAKKAMMA (1972) ou encore le telugu PILLA? PIDUGA? de 72, refait la même année en hindi sous le titre PISTOLWALI. L'industrie de Bombay aura également donné un sympathique KHOTE SIKKAY en 1973. Mais si SHOLAY aura été le fleuron de l'industrie Bollywoodienne, le gros de la production typée «Western» se sera surtout faite au Tamil Nadu (Kollywood) ou en Andhra Pradesh (Tollywood). L'industrie Tollywoodienne nous aura ainsi donné MERUPUDADI en 84, KODAMA SIMHAM en 90 et TAKKARI DONGA en 2002, pour ne citer que les plus notables…

Reste que comme partout dans le monde, le Western a vu sa cote d'affection faiblir avec les années et le genre s'est peu à peu effacé. Du côté de Hollywood, des films comme OPEN RANGE ou encore les remakes de 3H10 TO YUMA ou bien TRUE GRIT ont récemment joué la carte de l'hommage classique mais du côté de l'Inde, le Western semble timidement revenir sous plusieurs formes... Bien qu'il n'en soit pas vraiment un, TASHAN (2008) ponctionne ainsi énormément au genre dans sa seconde moitié (imagerie, mise en scène etc.) alors que le tamoul IRUMBUKOTTAI MARATTU SINGHAM (2010) fait pour sa part office de véritable renaissance. Et entre les deux se trouve le telugu QUICK GUN MURUGAN qui nous intéresse ici, comédie colorée mixant les genres, étrangeté cinématographique mettant en scène un cow-boy végétarien épris de justice…

QUICK GUN MURUGAN est l'œuvre du metteur en scène Shashanka Gosh dont la carrière à ce poste aura débuté en 2003 avec WAISA BHI HOTA HAI PART II. Sur ce métrage, qui n'a rien d'une suite, le bonhomme assure également le poste de scénariste pour un résultat très recommandable, bien que peu concluant au box-office. Voilà peut-être la principale explication aux six années qui auront été nécessaires à la mise en chantier du Western dont il est question dans ces lignes. Cette fois-ci, Shashanka Gosh ne participe pas à l'écriture. Le personnage principal lui-même sera repris d'un spot publicitaire datant de la création, en 94, de la chaîne musicale Channel [V]. Ce héros faisait alors ouvertement référence aux performances de la Star Rajinikanth, et ce tout en lui accolant quelques dialogues qui allaient devenir sa «griffe». Ces lignes seront reprises dans le métrage QUICK GUN MURUGAN et sur son affiche, ancrant l'ensemble dans la culture populaire Tamoule. Pour les autres, la référence sera bien moins évidente mais rassurez-vous, cela ne nuit aucunement à la compréhension ou à l'appréhension du film.

En effet, de part sa durée plutôt courte pour un film indien (97 minutes) et les très nombreuses références dont il use (MATRIX, TERMINATOR, DESPERADO etc.), QUICK GUN MURUGAN est un film accessible au plus grand nombre. Sa séquence d'introduction, mettant en scène un handicapé poussiéreux et inventif, semble toute droite sortie d'un Western Spaghetti, pour ne pas dire Leonien. Le public occidental sera donc en terrain connu et si la culture indienne est bien présente (vaches sacrées, alimentation, administration, le rôle de la mère etc.), elle est ici très abordable pour de parfaits néophytes. L'humour décalé fait lui-même souvent mouche. Les situations sont excentriques, improbables voire ridicules, et le postulat de base fait d'un saut dans le futur pourra sans aucun doute rappeler AUSTIN POWERS ou encore DEMOLITION MAN. Le héros s'en trouve décalé, constate que le monde n'est pas allé en s'améliorant et tente de redresser la barre tout en anéantissant son pire ennemi...

Cet ennemi, c'est Rice Plate Reddy mais avec lui, c'est l'ensemble de la cuisine Fast-Food qui est visée par le biais de sa société fictive McDosa (jeu de mot entre McDo et le Dosaï, une crêpe indienne). A cela, Quick Gun Murugan tente d'opposer les valeurs traditionnelles que sont la cuisine à l'ancienne, les coutumes et bien évidemment l'alimentation végétarienne. En regard d'une société indienne proposant aujourd'hui pratiquement autant de restaurants végétariens («Veg») que viandards («Non-veg»), le discours est intéressant. Il n'est cependant ici qu'une agréable toile de fond servant de décors à une aventure délirante et colorée, portée par de savoureux dialogues, d'impossibles situations et des séquences d'action relevant de la folie pure et simple ! Louons au passage le travail de l'acteur Rajendra Prasad, parfait dans le rôle de Quick Gun Murugan, droit et sérieux jusque dans les situations les plus décalées…

QUICK GUN MURUGAN laisse donc une belle impression de petit film très distrayant, plutôt soigné, bien écrit et parfaitement interprété. Sa courte durée en fait un métrage très dynamique, dans lequel l'action et l'humour se relaient sans fléchir un seul instant. Voilà par conséquent une œuvrette tout à fait recommandable, et à vrai dire idéale pour qui veut mettre un premier pied dans l'univers souvent délirant des cinémas indiens.

Cette opportunité nous est offerte par l'éditeur français Emylia qui, s'il a l'habitude d'aller piocher dans les catalogues thaïlandais ou hongkongais, n'avait encore jamais regardé du côté de l'Inde. Pour une première, le résultat est très satisfaisant puisque nous pourrons découvrir là le film via sa piste originale, ou par le biais d'un doublage en français. Quelques lumières méritent cependant d'être faites. Tout d'abord, comme nombre de films en provenance d'Inde, la piste originale mélange allégrement plusieurs langues. Nous reconnaitrons ainsi l'anglais, mais aussi l'hindi (parlé à Mumbai), le tamoul (où débute le film) et le Telugu (langue native du protagoniste). Concernant le doublage francophone maintenant, il est de très bonne tenue, tout comme le sous-titrage du reste. Le seul reproche que l'on fera est d'avoir traduit le nom du «Bad Guy» de l'histoire. «Rice Plate Reddy» devient alors «Plat de riz saignant», faisant au passage perdre le double sens «Le plat de riz est prêt» lié à la philosophie Fast-Food du personnage. D'autant plus dommage qu'à l'écoute, ce nom francisé s'avère profondément ridicule…

Au-delà de ça, nous ne noterons aucun souci d'ordre technique et profiterons d'encodages 5.1 Dolby Digital et DTS pour la version originale, ainsi qu'un simple stéréo pour le doublage. Sur les pistes à six canaux, la spatialisation n'a rien de véritablement bluffante mais elle existe. L'ensemble est plutôt clair et de bonne qualité. Même constat pour l'image respectant le format d'origine 2.35 et offrant un encodage 16/9ème sans réelles anicroches. Quelques petites traces de compression seront visibles ça et là mais à côté de cela, la copie est propre et la définition très honorable. Les couleurs sont de surcroît splendides et rendent justice à l'accoutrement fantaisiste de notre héros !

La section bonus est inexistante, à l'exception de deux bandes annonces de l'éditeur visibles au lancement. La première concerne le splendide mais un peu laborieux WOOCHI alors que la seconde s'intéresse à L'ÎLE, un ersatz de la série LOST...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
QUICK GUN MURUGAN DVD Zone 2 (France)
Editeur
Emylia
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
2.35 (16/9)
Audio
English/Hindi DTS 5.1
English/Hindi Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Bande-annonce
      • Woochi
      • L'île
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