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Critique du film et du DVD Zone 1
THE BROTHERHOOD VI : INITIATION 2009

 

Cher David,

Cela fait longtemps que je supporte ton travail - dans tous les sens du terme. La série des BROTHERHOOD a vu un sursaut d'orgueil dans le n°4 avant de sombrer dans une débâcle totale dans l'opus nommé BROTHERHOOD V : ALUMNI. C'était horrible. Ici, tu nous colles une énième résurgence du mythe des confréries à vocation meurtrières et, franchement, si on se trouve un quart de cran au-dessus du 5, je dois te dire que vraiment, s'il te plait : ASSEZ, STOP, ARRETE, CHANGE DE DISQUE !

Non, franchement, on n'en peut plus. Tes acteurs qui se ressemblent tous et qui jouent comme des tanches, c'est juste plus possible. Ce n'est pas cet espèce de scénario de bûcheron masqué qui exécute à la hache un à un les membres d'une confrérie venue faire son initiation au fond des bois qui va relever le niveau. De toute façon, ils n'ont rien à dire. Et le pire, c'est qu'ils mettent longtemps à le faire.

Ta mise en scène est à se défenestrer tant elle est anecdotique. Il faut dire que le scénario n'aide pas vraiment. Mais ces incessantes aller et venues dans la forêt de mecs en boxers moulant, ça use, ça use. Comme quelques kilomètres à pied. Et tout ça pour rien ou presque. Si : le temps de quelques agressions sonores, de la sortie du bûcheron fou, d'un coup de hache dont on ne verra rien – si ce n'est un faux sang numérique particulièrement amateur et ignoble sur l'écran même. Il n'existe même plus d'illusion tant l'effet est raté. Alors tu fais repartir tes acteurs en pleine foret, toujours aux trois quarts à poil et pour chercher... pour chercher quoi ? Ah oui. Ca a un rapport avec l'initiation. Et un meurtre qui a eu lieu à ce même endroit il y a quatre ans. Ouuuuuhlalalala. On est supposé frémir ? Franchement, tu y crois encore vraiment? Parce que nous, pauvres spectateurs, on est passés à autre chose depuis au moins 15 ans.

En temps normal, j'aurais cherché à comprendre. Comparé avec d'autres films. Evalué le second degré. Même excusé un budget tout petit si un peu d'inventivité pointait le bout de son nez. Là, non. Car il n'y a plus rien à sauver. Du très long plan du générique de début où ta caméra suit pendant plus d'une minute le véhicule de la première victime qui arrive à la demeure principale. UNE MINUTE AVEC UNE VOITURE QUI AVANCE LENTEMENT. Si ça n'est pas une raison minable pour arriver à 87 minutes de métrage, je rachète des slips kangourous.

Tout ça sans parler de la séquence prégénérique qui suit le même schéma que l'épisode précédent. Le gars passe trois plombes à beugler dans le vide cherchant ses potes. Alors qu'il est tout seul, on a compris. Pas la peine de nous prendre pour des demeurés. Et il va mettre 10 minutes à crever, bon sang. Et il faut supporter dix minutes de promenade forestière et domestique avec son regard de veau. Puis le générique de début arrive... Près de trois minutes de portraits topless des acteurs, titre du film et rebelote, il faut encore se taper l'arrivée d'une voiture qui dévale une colline à la vitesse d'un escargot sous Tranxène. On regarde sa montre... David, tu viens déjà de nous voler près de treize minutes de notre vie.

Il fallait ensuite que tu trouves un moyen pour désaper les acteurs et leur faire passer les 74 minutes restantes en petite tenue. Ils iront donc chercher des trucs, des machins, des bidules à travers les bois pour les ramener à la maison. Puis le bûcheron arrive et donne un coup de hache. Puis ils repartent dans les bois, parlent beaucoup, déambulent un peu, trouvent un machin et se font tuer. Et c'est reparti pour une ballade en forêt. Le film cyclique qui se mord la queue. Le pire aurait été que cela dure comme chez Manoel De Olivera – on se souviendra du SOULIER DE SATIN et ses presque 7 heures de projection. En fait, David, tu as le don de donner à une scène qui dure 5 minutes la sensation qu'elle en dure 50. Bravo.

La scène d'initiation de fessiers tapotés à coups de batte de cricket rappelle celle de SORORITY BABES IN THE SLIMEBALL BOWL-O-RAMA. Avec un scénario s'approchant déjà plus ou moins du rite initiatique avec massacre de donzelles à la clé. Ici, tu nous offres un massacre de nigauds juvéniles. Mais c'est loin d'être aussi fun et bis que la cuvée DeCoteau 1987. Pour ce faire, tu nous as recollé une jolie demoiselle qui est là pour la tapisserie. Comme pour tous tes récents films qui sentent la formule répétitive à plein nez. Franchement, si on veut regarder des mecs en sous-vêtements, il y a le catalogue La Redoute ou un truc nouveau qui fait fureur : internet. Plus besoin de débourser de l'argent pour acheter un DVD.

En parlant de répétition, il y a autre chose qui m'horripile. Le fait de se retaper les scènes de TOUS les meurtres lors de l'explication finale de l'identité du tueur. Dès la 75ème minute, ces flash-backs, la voix off, le blabla... là aussi, tout est bon pour combler le minutage réglementaire. Il y a un truc génial dans le cinéma, ça se nomme le montage. Ca permet des miracles. Mais ici, c'est à croire que même un miracle n'aurait pas permis de sauver ce truc filmique. C'est bête à un tel point que tu nous ressers les mêmes scènes à la 81ème minute.

Il existe une côté aseptisé en 2010 qui, au bout de plusieurs essais, a bien du mal à passer. On a beau savoir qu'il faut suivre un cahier des charges précis, respecter des délais, s'entendre sur le rendu final... Tu restes bloqué sur ton concept novateur d'il y a plus d'une décennie. Mais exit le Scope. Enter la caméra numérique qui vide l'aspect cinéma du produit terminé. Rien ne semble réellement dangereux. Il y a bien quelques meurtres, mais ils sont agencés de telle manière qu'ils n'effrayent plus personne – ou alors quelques adolescentes pré pubères ? Tu as réussi à pondre un slasher sans slash, sans sang, sans suspense mais avec des longueurs incommensurables. Une vraie formule perdante qui frise l'escroquerie artistique. Voire la musique utilisée lors du film, qui reprend ENCORE des pans entiers de mélodies de FROM BEYOND, MUTANTS ou du JOUR DE LA FIN DES TEMPS. Même pirouette musicale que dans THE RAVEN ou THE PIT AND THE PENDULUM.

Moi, j'aimais bien le format Scope des BROTHERHOOD 1, 2 ou 3. Mais depuis l'avènement du numérique, tu as laissé tomber ce 2.35:1 pour une technique moins onéreuse. Economiquement, ça se comprend. Mais le moins qualitatif a pointé le bout de son nez. Sur le DVD américain – les français n'ont pas encore osé acheter les droits pour cette initiation, Lamberto nous en garde, on y voit donc la version de 86mn48, en format 1.78:1 avec un 16/9ème de rigueur. C'est toujours joliment éclairé et photographié, quoiqu'un peu sombre dans les scènes d'intérieur. Mais comme c'est au service d'un vide créatif, tout cela n'a plus grande importance. Même le son 5.1 y apparaît comme inutile, y compris les grands renforts d'aigus et basses pour signifier les attaques ou autres coups imaginaires de haches.

Enfin, hormis le film annonce du machin, tu offres la possibilité d'expliquer à l'auditoire abasourdi tant d'incompétence. Il y a un commentaire audio de ta part en compagnie de l'acteur principal. Mais, même là, la technique semble lâcher. C'est positivement INAUDIBLE. Les effets et musique en bruit de fond, un enregistrement catastrophique des voix... Il faut tendre l'oreille pour comprendre quelques mots. Trop c'est trop. Je renonce. C'est trop dur (de suivre le commentaire, hein).

On finit décérébré, démédullé, déboussolé, et surtout désargenté pour avoir acheté un telle débilité. Consternant, et même pas valable pour une location.

Sans rancune,

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
THE BROTHERHOOD VI : INITIATION DVD Zone 1 (USA)
Editeur
E1 Ent.
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio de David DeCteau et Aaron Jaeger
    • Bande-annonce
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