Header Critique : RUN BITCH RUN

Critique du film et du DVD Zone 2
RUN BITCH RUN 2008

 

Deux étudiantes d'une institution catholique essaient d'apporter la bonne parole dans les foyers de l'arrière pays américains. Essayant de vendre des bibles selon la méthode du porte à porte, elles vont devenir les témoins d'un crime perpétrés par un proxénète qui cumule en plus les activités de dealers de drogue et accessoirement de meurtrier et violeur !

Joseph Guzman s'acoquine avec Robert James Hayes II pour mettre en boîte des films commerciaux à petits budgets via leur maison de production Freak Show Entertainment. Après de menus travaux, ils vont emballer RUN ! BITCH RUN ! avec un très maigre budget. Le métrage ne réinvente rien et propose une recette déjà bien connue, celle du «Rape & Revenge». Autant dire un style de film qui verse dans le sulfureux et qui est souvent un bon moyen de se faire remarquer en créant la polémique ou, au moins, d'attirer des spectateurs en mal de sensations fortes. Prenez de jeunes femmes d'apparence innocentes, faites leur subir les derniers outrages pour enfin châtier de manière violente les coupables. Ce concept, on l'a déjà vu à maintes reprises et particulièrement durant les années 70 avec des films tels que LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE et I SPIT ON YOUR GRAVE. Ce sont d'ailleurs ces deux films qui viennent tout de suite à l'esprit à la découverte du film de Joseph Guzman. Le trio d'agresseurs rappelle pas mal la bande de Krug dans LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE tout comme l'aspect champêtre d'une partie du film. L'héroïne nue errant dans la forêt puis sa violente vengeance renvoie alors plus nettement à I SPIT ON YOUR GRAVE. Deux métrages qui sont les pierres angulaires d'un genre dont RUN ! BITCH RUN ! s'inspire plus que nettement.

Depuis quelques années, le cinéma d'exploitation est revisité par des cinéastes cinéphiles. Et depuis que le duo Tarantino / Rodriguez ont lancé leur doublé GRINDHOUSE (BOULEVARD DE LA MORT et PLANETE TERREUR), le terme «Grindhouse» est usité à toutes les sauces. C'est donc sous cette étiquette que l'on retrouve RUN ! BITCH RUN ! qui se voit ainsi décomplexé par cette étiquette et celle de «l'hommage» à un certain cinéma «disparu». Une bonne excuse pour aligner les nanas à poil, les scènes de papouille entre filles, les viols et les morts atroces. Autant d'ingrédients du cinéma d'exploitation qui sont à même d'assurer une certaine rentabilité. Le problème, c'est que nous ne sommes plus dans les années 70. Quand un Meir Zarchi ose un I SPIT ON YOUR GRAVE ou que Vidal Raski fait THE SINFUL DWARF, on essaie d'aller plus loin que les autres, on tente d'injecter des éléments nouveaux et attractifs. Aujourd'hui, un film comme RUN ! BITCH RUN ! n'invente rien et nous ressert de manière assez servile un spectacle déjà connu.

Plus gênant encore, le film s'avère assez mou du gland. Pas vraiment de tension, l'implication avec les victimes est inexistante et on nous sert de la fesse triste. Certains passages du film se montrent, par exemple, très gratuits donnant surtout l'occasion d'aligner une nana à poil de plus. Le passage dans un bar permet au cinéaste de filmer une stripteaseuse en insistant pas mal sur un spectacle à l'érotisme en berne. Il faut dire que l'entrain de l'actrice et la chorégraphie ne donnent à l'ensemble de ce passage qu'un côté bougrement fauché. Car, malheureusement, RUN ! BITCH RUN ! est fait avec des bouts de strings. Et cela se voie pas mal. Joseph Guzman tente bien de dynamiser son récit avec quelques effets mais rien n'y fait. Au crédit du film, on peut tout de même lui accorder un vrai respect d'un genre pourtant totalement irrespectueux. A ce niveau là, RUN ! BITCH RUN ! se montre bien plus réussis que le film suivant du même réalisateur, NUDE NUNS WITH BIG GUNS. Toutefois, pour apprécier RUN ! BITCH RUN !, il faudra surtout n'avoir aucune connaissance des œuvres dont il s'inspire. Sans quoi, la surprise d'un spectacle transgressif révèlera surtout la vacuité d'une génération de cinéastes sans imagination.

M6 Vidéo tente de surfer sur la mode «Grindhouse» en sortant une collection «Grindhouse». L'idée est louable mais il aurait été peut être plus pertinent de déterrer quelques pépites de la grande époque plutôt que proposer une sélection de métrages récents. Cependant, cette collection de trois titres embarque un film plutôt rigolo et jouissif mais il ne s'agit pas du tout de RUN ! BITCH RUN ! On parle plutôt de SAMOURAI AVENGER, hommage respectueux et pourtant très second degré. Quoi qu'il en soit, RUN ! BITCH RUN ! propose une image assez sale mais voulu ainsi au travers d'un transfert 16/9 d'honnête facture. Pour sonoriser le tout, le disque donne le choix entre la version originale sous-titrée ou bien un doublage français. Les deux sont proposés en stéréo. Bizarrement, pour une fois, on peut même se demander si la version française n'est pas préférable, le doublage donnant une distanciation supplémentaire avec les images violentes vues à l'écran.

En supplément, M6 Video se fend de suppléments exclusifs. Et, ça, c'est une bonne nouvelle. Le premier est une interview d'un peu plus d'un quart d'heure avec Laurent Aknin. L'interlocuteur volubile nous dresse donc un portrait subjectif du cinéma d'exploitation intitulé ici «Grindhouse ». Si le module est plutôt sympa, on regrettera quelques raccourcis comme d'associer «Cinéma Bis» avec «Cinéma d'exploitation», une nuance étant tout de même à faire. Le second supplément est un peu moins de dix minutes où le même interlocuteur décortique RUN ! BITCH RUN ! Plus léger en termes d'informations, le résultat est moins probant. On sera même surpris qu'un film comme I SPIT ON YOUR GRAVE ne soit même pas évoqué dans les films emblématiques du «Rape & Revenge». A part cela, le disque est vide, on sera d'ailleurs surpris de ne pas retrouver des bandes annonces, élément clef de la commercialisation d'un tel métrage !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Des suppléments produits spécialement pour l'occasion
On n'aime pas
Un film un peu mou et un peu vain pour qui connaît le genre
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L'édition vidéo
RUN! BITCH RUN! DVD Zone 2 (France)
Editeur
M6 Video
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Interview Laurent Aknin
      • Le film décortiqué
      • Le Cinéma Grindhouse
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