Nick est l'archétype du sale mec. Elevé à Las Vegas,
par une mère danseuse de cabaret, entouré et choyé
par des dizaines de danseuses, il est devenu un séducteur sans
complexes et surtout sans scrupules. Il est convaincu que toutes les
femmes sont folles de lui, il abuse de son charme pour les séduire.
Il travaille dans une agence de pub où il compte bien devenir
directeur de collection. Ce matin-là, il croit que son heure
de gloire est arrivée, quand Dan, son boss, le convoque dans
son bureau. Malheureusement, il lui annonce qu'il a embauché
Darcy Mc Guire, qui traîne une réputation de "mante
religieuse" dans la profession.
CE QUE VEULENT LES FEMMES ? Quelle bonne idée de se poser la question ! Il n'y avait qu'une femme pour réaliser un film pareil ; Nancy Meyer s'y est attelée avec succès, si l'on en juge par les excellents scores que le film a réalisés outre-atlantique. C'est un film de femme, pour les femmes, une sorte de revanche sur des siècles de suprématie masculine. Le sexe faible serait-il à l'aube de prendre sa revanche ? Une première phase de révolte s'était produite dans les années 60, avec la montée en puissance de mouvements féministes qui ont volontiers fait rire les hommes sûrs de leur supériorité. Aujourd'hui est en train de naître une nouvelle vague de protestation sur laquelle surfent allègrement et sauvagement les Chiennes de Garde ou autres mouvements à travers le monde. Freud s'est interrogé sur "ce que veulent les femmes", et n'a pas trouvé de réponse à cette question ô combien essentielle. De nos jours, on continue de considérer les femmes comme des être inférieurs, ne serait-ce que dans le travail, où tout le monde sait qu'à qualification égale, une femme touche un salaire très inférieur à un homme. Ce n'est qu'un minuscule exemple des différences qui nous opposent.
Mais revenons au film à proprement parler, car le propos de CE QUE VEULENT LES FEMMES va intéresser bon nombre d'hommes... et de femmes, qui j'en suis sûre, se reconnaîtront. Messieurs, désolée, mais ce film ne va pas répondre à vos interrogations (si vous en avez) sur les femmes. Bette Midler, toujours aussi pimpante et rigolote, comique chérie des Américains, le dit dans le film (pour citer le best-seller planétaire que Nancy Meyers a probablement lu aussi) "les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus". Eh oui. Nous sommes différents. C'est la raison pour laquelle nous sommes si souvent en conflit, alors que nous ne pouvons (dans la grande majorité des cas) nous passer les uns des autres, comme deux pôles magnétiques opposés. Point de réponse, mais quelques indices vous permettront tout de même de vous regarder en face, d'analyser vos attitudes et qui sait, peut-être, pour les indécrottables, de redescendre au moins une marche de votre piédestal.
Nick est une caricature, tellement il représente tout ce qu'une femme déteste de l'homme. Après son accident de séchoir, il va comprendre à quel point elles le trouvent minable, et à quel point elles lui sont supérieures, car elles continuent de sourire amicalement tout en pensant qu'il est un pauvre con, ou qu'il pue l'after-shave. Ces situations sont très drôles, surtout à voir la tête de Mel Gibson quand il les entend penser à lui. Il maîtrise très bien son rôle et semble s'être prêté au jeu de la comédie avec un grand plaisir, après avoir joué tant de rôles de gros dur à cuire. Tantôt ridicule, tantôt craquant, il sait user et abuser de son charme auprès de tous, comme toujours. Il représente l'idéal masculin, toujours parfait, sourire Pepsodent, yeux rieurs, un rien de ténébreux, une carrure ni trop, ni trop peu, quel charisme, ce Mel... Il crève décidément l'écran. Candidat idéal pour ce rôle de salaud que lui a réservé Nancy Meyers. Il faudra juste regarder le film sans penser à ce qu'il est dans la vie, à savoir un bon catholique pratiquant marié et père de sept enfants.
Donc Nick est un pourri qui sort des blagues sexistes du genre "quelle est la différence entre une femme et un job ? Au bout de dix ans, un job continue à te pomper". Hin hin ! Par ailleurs, je suis sûre que vous n'aimeriez pas lui ressembler et que les femmes vous considèrent comme elles le considèrent. Les femmes, quant à elles, ne pourront qu'avoir honte de leurs préoccupations secrètes, car il faut dire que le portrait qui en est fait n'est pas très glorieux non plus, n'est-ce pas Mesdames ? Non, mais on ne fait pas que penser aux garçons et à notre vernis à ongles ! Heu ? On pense aussi à notre rouge à lèvres ? Un peu réducteur, tout de même, c'est agaçant, cette image qui colle à la peau.
Heureusement, des tas de gens se sont penchés sur la question de savoir ce qui nous différencie et les comportements ont eu tendance à changer, ces dernières années. L'homme passe l'aspirateur, fait la vaisselle, s'occupe des enfants... Ce qui aurait été impensable au début du siècle (et ce qui demeure impensable pour certains horribles machos). La femme a accédé à un statut qui lui permet aujourd'hui de rivaliser avec l'homme sur le plan professionnel mais aussi domestique. Ce qui n'empêche pas que de nombreuses femmes se payent une deuxième journée de boulot en rentrant à la maison, et ne s'arrêtent pas de travailler le week-end, tout en s'arrangeant pour être toujours désirable, fraîchement épilée, coiffée, manucurée... Pas étonnant qu'elles deviennent hystériques, à ce rythme-là. Dan, le boss de Nick, vient tout juste de comprendre avec beaucoup de retard sur ses concurrents, que c'est aujourd'hui la femme qui maîtrise la consommation et qu'elle est la véritable cible des publicitaires. Plus question de continuer à faire des pubs pour les mecs, on va parler aux femmes avec un langage qui va les conquérir. On va les valoriser.
CE QUE VEULENT LES FEMMES cherche aussi à démontrer qu'un peu plus de communication et d'honnêteté les uns envers les autres serait un bon début pour se comprendre. Il le fait avec une grande légèreté, mais aussi avec beaucoup de moments émouvants, notamment ceux où Nick entend penser sa fille. Il réalise qu'elle le considère comme un vieux schnock dépassé. Lui qui se croyait irrésistible s'en prend plein les oreilles, ce qui lui permet de se remettre en cause et de reconsidérer son opinion sur les femmes. A la bonne heure. Le spectateur, lui, est sous le charme de cet incroyable phallocrate et de Helen Hunt, qui livre une belle prestation d'executive woman. Marisa Tomei, qu'on a vue très récemment dans THE WATCHER, est aussi très touchante dans son rôle de coeur à prendre déçu par des expériences passées douloureuses.
Le menu propose, outre des images figées du film, un certain nombre de citations d'écrivains, de poètes... à propos des femmes et de l'amour. De Freud à Guitry en passant par Anatole France, ces considérations apparaissent les unes à la suite des autres en rose ou bleu, sous la forme de texte mouvant pas toujours facile à lire. Le menu racine est animé par des fléchage sur des produits de beauté (rouge à lèvres, vernis à ongles...) qui font l'objet d'une considération masculine et féminine : les avis sont très partagés ! le tout assorti de certains monologues de Mel Gibson. L'éditeur a soigné la présentation, c'est plutôt sympa de sa part. Côté suppléments, il n'y a pas de quoi se plaindre non plus, puisque outre les bandes annonces en français et en version originale sous-titrée, nous avons droit à une galerie de 27 photos encadrées d'un joli filet rose, contenant en plus des photos de tournage et de plateau, huit photos posées de Mel Gibson (qui est un poseur né et qui semble adorer ça) et de Helen Hunt. Bien sûr on n'échappe pas aux traditionnelles filmographies sélectives pour les deux acteurs, et à une mini-bio de Nancy Meyers. Ensuite, toujours dans un souci de faire de ce disque un objet à partager en amoureux, on peut s'amuser à répondre à un quiz de dix questions, dont les résultats ne seront pas toujours en rapport avec vos réponses et à ce que vous pensez de vous ou de votre cher(chère) et tendre. Mais bon, c'est un gadget rigolo. Notons une petite déception sur le commentaire audio, qui met en scène la réalisatrice et son chef décorateur, qui n'ont décidément pas grand chose d'intéressant à raconter, et qui ont une fâcheuse tendance à nous parler de leurs choix de décors et de studios. Pas franchement captivant. On apprendra par contre dans le making-of à la gloire du film, on s'en doute, que Nancy Meyers adore les comédies romantiques des années 50 dont elle s'est inspirée de l'ambiance pour certaines scènes mettant le couple en scène, et qu'elle les a même obligés à en regarder un certain nombre, afin qu'ils s'imprègnent bien de l'atmosphère qu'elle voulait retrouver dans son film. Pour finir, on assiste à la première du film à Hollywood, où chacun des acteurs est questionné sur son rôle, y compris les deux secrétaires de Nick, dont on apprend que l'une d'elles (Valerie Perrine) a vraiment été danseuse de cabaret à Las Vegas avant d'entreprendre un carrière cinématographique qui la mènera entre autres vers SUPERMAN et SUPERMAN II, pour le rôle de Eve Teschmacher, la compagne de Lex Luthor.
Pour finir, parlons un peu technique, car ce disque est soigné de ce point de vue-là aussi. Pas moins de deux pistes en version française, l'une en DTS, l'autre en 5.1. La différence entre les deux est assez ténue mais quelques jolis effets sonores sont tout de même amplifiés tout comme la musique par la version DTS. En version originale, le film est proposé en dolby digital 5.1 d'une excellente qualité. L'image n'est pas en reste, puisqu'on n'aura noté aucun défaut de ce côté non plus.
Bref, que dire
de plus, si ce n'est que ce film, malgré ce qu'en disent ses
détracteurs, se laisse gentiment regarder et qui sait s'il ne
servira pas d'amorce pour une thérapie de couple ou une simple
remise à plat des rôles de chacun ? Hum ? Christophe, quand
t'auras deux minutes, faut qu'on cause...