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Critique du film
VAMPIRE WARRIORS 2010

 

Avec l'avènement de la série des TWILIGHT au cinéma et le succès de séries comme TRUE BLOOD ou encore VAMPIRE DIARIES, les vampires ont non seulement la dent longue mais aussi le vent en poupe. Qui l'eut cru ? (cifix). Nombreux sont alors les producteurs au nez creux qui ont largué en rafale bon nombre de productions rattachées au filon juteux des canines pointues. Mais arrive forcément deux moments dans la vie d'un genre : d'un côté les parodies qui sonnent la fin du cycle (MORDS-MOI SANS HESITATION ou encore LES DENTS DE LA NUIT) et la récupération du mythe avec un mélange à d'autres genres. On arrive ainsi à ce pitoyable exemple qu'est VAMPIRE WARRIORS, énième résurgence vampirique, made in Honk Kong.

Si on pense art martiaux et vampires, on pense de suite aux SEPT VAMPIRES D'OR de Roy Ward Baker. Autant l'oublier de suite, car VAMPIRE WARRIORS ne s'y rattache d'aucune manière. Car, ici, tout esprit d'intelligence et d'inventivité a déserté la mise en image. Si bien qu'on se retrouve en présence d'une série C, ou D et même Z au scénario inexistant et à la mise en scène incapable d'insuffler une once de vie dans un concept pourtant intéressant. On avait les nanas à cheveux longs fantômes qui ont hantés jusqu'à plus soif nos écrans, voici maintenant les nanas à cheveux longs vampires. Et il va falloir trimer dur pour savoir où sont les guerriers du titre.

Soit donc une communauté vampire vivant dans des immeubles désaffectés et se nourrissant de sang d'animaux. Puis de vilains vampires qui ont gardé la méchante habitude de mordre les humains. Une spécialiste kung-fu tendance garçon manqué amie de la première communauté qui tue les vampires de la seconde. Vous suivez ? On poursuit. Arrive alors un super-vampire accompagnée d'une acolyte prisonnière de chaînes et en cape rouge permanentée/choucroutée par Tchip coiffure. Il virevolte, sort les canines, se lèche les babines et attaque les vampires pour avoir un super-pouvoir qui le rend encore plus méchant. Pourquoi ? Parce que.

Tout est en place. Le bordel peut commencer.

Comme la coiffure de la dame aux canines pointues en rouge, c'est très cheap. Et semble avoir été tourné dans des restes de tournage slovènes de chez Albert Pyun, période NEMESIS 4. Le mélange comique troupier avec papa vampire obsédé par les nymphettes est pathétique. Une interprétation outrancière n'arrange en rien l'entreprise, même pas les curieux sous-entendus lesbiens qui parcourent le film entre l'héroïne qui kicke et sa copine-vampire. Mais c'est tellement mal fichu que cela en devient risible, sans compter la traduction des dialogues qui provoquent plus l'hilarité qu'autre chose. Et ça ne sent pas l'accident industriel. Il faut quand même noter que le film a du investir une partie de son budget dans le placoplâtre. Le nombre de destructions de murs suite à la projection malencontreuse d'humains et de vampires contre des murs divers laissent apparaître de fraîches constructions en placoplâtre. Le BTP de Honk Kong dit merci.

Une des rares bonnes idées du film : les vampires ne ressentent aucune douleur. Et pour tromper l'ennui, les jeunes se jettent du haut d'immeubles pour s'écraser sur le sol, comme si de rien n'était. Trois jeunes filles proches du coma éthylique les voient et l'une tente la même chose, sauf qu'elle s'écrase vraiment quelques étages plus bas. Hélas, cette idée s'avère totalement inexploitée. Une jeunesse désoeuvrée et happée par un phénomène qui la dépasse et qu'elle ne peut combattre. L'histoire se stoppe net pour se consacrer surtout à relier tant bien que mal les deux ou trois idées à d'interminables (surtout minables) combats de kung fu (ou à tout autre forme de combat d'art martial, au choix du spectateur) à grands renforts de «Haaaan» , de «Rhaaaa» mais aussi un peu de «Yiiii-Ha !». Saoulant.

Quelques images de synthèses acceptables, les pirouettes dans les airs câblées habituelles, des coiffures là aussi patronnées par un gel résistant à tout effet de style – mais pas imperméable à la connerie du coiffeur en chef du tournage... Aucune trace de sang. Des visages de vampires qui se noircissent lors de leur absorption d'énergie et des raccords maquillage qui ne suivent pas toujours. Ca pourrait être fun au second degré et accéder au sublime statut de film tellement nul qu'il en est drôle.

Même pas.

Le pire est de regarder sa montre toutes les cinq minutes et penser avec un grand soupir «rholala, encore une heure» et d'espérer une seule bonne scène qui rattraperait la médiocrité générale. Car il faut espérer. On ne sait jamais. Mais ça dure... Ca dure... 97 minutes. On croise les doigts : un sursaut, un peu de sang (non, mon fils, tu n'auras pas de sang), un combat final excitant. Peine perdue. Un seul espoir : que cette bandelette de dernière zone reparte d'où elle n'aurait jamais du sortir.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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