Après qu'une sonde de la Nasa se soit désintégrée au dessus de la jungle mexicaine, des créatures extraterrestres ont émergés de la forêt. Pour contenir la prolifération des créatures et donc la contamination, une partie du Mexique est mise en quarantaine et un mur géant est construit à la frontière des Etats-Unis. Six ans après, un photographe se rend au Mexique dans l'espoir de prendre des clichés d'une créature extraterrestre. Mais son patron lui donne comme mission de rapatrier rapidement sa fille coincée au Mexique !
Gareth Edwards va mettre de côté son ambition de devenir réalisateur pendant pas mal d'années. En Grande Bretagne, il va s'approcher du poste de réalisateur en confectionnant des effets numériques, particulièrement pour la télévision. C'est d'ailleurs pour le petit écran qu'il va réaliser des documentaires où ses talents en matière d'effets numériques seront aussi mis en œuvre. Techniquement, Gareth Edwards est donc paré et il va utiliser ses connaissances dans une compétition. En 2008, il participe au Sci-Fi London 48 Hour Film Challenge où chacun des participants doit donc mettre en boîte un court-métrage de science-fiction en deux jours avec des éléments imposés. FACTORY FARMED va surprendre tout le monde en raison de sa qualité incroyable pour un métrage emballé en 48 heures. C'est grâce à ce film qu'il va avoir l'opportunité de réaliser son premier long métrage. La maison de production anglaise Vertigo Films lui propose de faire un film à petit budget. Gareth Edwards saute sur l'occasion et offre en fait de réaliser un film de science-fiction plutôt ambitieux !
Avec MONSTERS, malgré des moyens très limités, Gareth Edwards entend dépeindre notre monde où des créatures extraterrestres auraient débarqué. Pas de simples extraterrestres, non, des créatures géantes contre lesquelles l'armée doit régulièrement se battre pour éviter une prolifération. Le film démarre d'ailleurs sur les chapeaux de roue puisque le spectateur est embarqué dans un convoi militaire qui sera attaqué par l'une de ses créatures. Un préambule très malin qui pose tout de suite le décor tout en offrant une entrée en matière spectaculaire. Toutefois, MONSTERS risque de générer une incompréhension parmi ceux qui s'attendraient à voir un véritable film de monstres géants. En effet, cet univers de science-fiction et les bestioles extraterrestres sont avant tout, pour le cinéaste, un décor à l'intérieur duquel vont évoluer ses personnages. MONSTERS est en réalité un road movie dans lequel un homme et une femme vont tomber amoureux tout au long de leur périple. En réalité, MONSTERS est donc une comédie dramatique sur fond de bestioles extraterrestres. Un pari osé qui s'avère payant pour peu que l'on se laisse séduire par les personnages, qui nous permettront de découvrir cet univers intrigant par le biais de leur regard.
Le Mexique décrit dans MONSTERS est une zone de guerre et le film fait clairement écho aux conflits du Moyen Orient. Avec son film, Gareth Edwards en profite donc pour nous montrer le chaos vécu par des populations pour qui les attaques et les catastrophes sont devenues le quotidien. Si les réflexions engendrées ne sont pas toujours d'une grande subtilité, le cinéaste nous explique qu'il est peut être temps d'arrêter de gérer les problèmes à coups de bombes et donc de dommages collatéraux. En tout cas, MONSTERS réussit assez bien à retranscrire son univers en lui donnant un aspect réellement crédible. C'est assurément la grande force de ce métrage qui apporte une belle part d'humanité dans une Guerre des Mondes généralement dépeintes de façon moins personnelle. Au bout du chemin, à la fin du voyage, MONSTERS ne joue vraiment pas la facilité en offrant un épilogue nihiliste. D'autant plus noir que les scènes de la station service semblent mettre en avant un aspect sentimental chez les extraterrestres. MONSTERS donne ainsi matière à discussion sur différents thèmes.
Après avoir vu MONSTERS, on ne pourra être que surpris d'apprendre que le film a été grandement improvisé. En effet, en dehors des deux acteurs principaux, Scoot McNairy et Whitney Able, les autres personnages sont interprétés par des gens croisés sur les lieux de tournage de l'Amérique Centrale (Costa Rica et Guatemala) et du Nord (Mexique et Texas). Avec un vague scénario, l'équipe réduite va donc crapahuter et tourner chaque jour en fonction des rencontres et des opportunités tout en suivant un fil rouge. De retour en Grande Bretagne, Gareth Edwards se trouve face à une montagne de séquences toutes aussi différentes les unes que les autres, ce qui rend un peu ardu les choix de montage. Il ne retiendra que l'essentiel pour aboutir à un métrage d'une durée raisonnable. Mais le pire reste à venir puisqu'il lui faut encore confectionner tous les effets spéciaux numériques, que ce soit les avions, les retouches digitales ou encore, bien évidemment, la création des monstres qu'il doit incruster dans les prises de vues réelles. Si certains plans avec les créatures extraterrestres ne sont pas des modèles de perfection, pratiquement tout le reste du film est assez bluffant… Simplement parce que l'on ne se pose jamais vraiment de question concernant l'ajout d'effets digitaux !
Le road-movie romantique dans un univers où rodent de dangereuses créatures extraterrestres géantes n'a rien de banal. MONSTERS se montre ainsi plutôt novateur et si les moyens mis en œuvre sont plutôt maigres, Gareth Edwards réussit à les décupler à l'image. Mais au delà de cette prouesse technique, MONSTERS est avant tout un joli film de science-fiction qui braque ses caméras sur les relations humaines !
M6 Vidéo distribue MONSTERS en DVD et le résultat est une belle réussite en ce qui concerne l'image. Le transfert 16/9 au format cinéma respecté se montre de grande qualité. Les pistes sonores en 5.1 ne donnent pas l'impression d'être exceptionnelles mais il faut préciser que malgré son sujet, MONSTERS adopte une approche réaliste et même parfois intimiste. Certains passages se montrent tout de même saisissants comme lors des séquences dans la jungle ou bien dans les scènes les plus agitées. A noter que des pistes stéréo sont aussi disponibles, en plus des mixages 5.1, pour la version originale sous-titrée et le doublage français.
Coté suppléments, il faut bien reconnaître que l'on reste un peu sur sa faim. Car si les interviews du réalisateur et des deux comédiens apportent leur lot d'informations, on reste tout de même pas mal en surface. L'aventure du tournage aurait sûrement mérité d'être inspectée de manière plus détaillée au travers d'un véritable documentaire ou bien d'un commentaire audio. Pour terminer l'interactivité, le disque contient aussi la bande-annonce de MONSTERS mais aussi celles d'autres films du même éditeur visible seulement à l'insertion du DVD. Les bandes-annonces de SKYLINE, SPANISH MOVIE et RED sont, ensuite, absentes des menus.