Dans un pays européen indéfini, des soldats ayant affrontés les Français sont commandités par l'église pour trouver un nécromancien. Ce sorcier serait à l'origine de la peste noire qui ravage toute l'Europe. Après avoir embarqué dans l'aventure un moinillon, l'équipée sauvage se lance donc dans un voyage vers le village où le nécromancien réside !
Au moyen âge, une pandémie de peste bubonique va décimer la population européenne pendant plusieurs années. Cette catastrophe historique, nommée «La peste noire», n'a pas inspirée beaucoup de cinéastes. Bien évidemment, on pense tout de suite au suédois LE SEPTIEME SCEAU d'Ingmar Bergman ou encore au très curieux et néo-zélandais NAVIGATOR de Vincent Ward. Ce cadre historique va être utilisé pour deux films qui vont être produits en parallèle en 2010. D'un côté, les Américains ont mis en boîte LE DERNIER DES TEMPLIER alors que de l'autre, une coproduction germano-anglaise se lance donc dans une histoire relativement similaire. BLACK DEATH, comme dans le film de Dominic Sena, suit le voyage de soldats confrontés à la sorcellerie qui pourrait bien être l'origine de la peste.
Clairement plus sérieux dans son approche que LE DERNIER DES TEMPLIER, Christopher Smith tourne son film avec un certain souci d'authenticité sur un scénario de Dario Poloni (WILDERNESS). Le glamour de l'époque médiévale est totalement balayé pour ne laisser place qu'à un monde sale et brutal. En soit, cette imagerie d'un moyen âge sombre et inquiétant n'est pas forcément bien neuve au cinéma. Citons, dans un registre religieux, LE NOM DE LA ROSE de Jean-Jacques Annaud qui adoptait la même approche et se déroulait à une époque similaire, à quelques années près. L'obscurantisme de l'époque est aussi bien mise en avant dans BLACK DEATH dont les ambitions ne sont pas vraiment de nous proposer un film d'action. Si le métrage contient bien quelques affrontements particulièrement musclés et violents, il s'agit avant tout d'un périple initiatique pour un jeune moine n'ayant jamais quitté son monastère. Plus innocent que ses compagnons de voyage, ce personnage n'en est pas moins un poil ambigu. C'est d'ailleurs le terme qui sous-tend le mieux BLACK DEATH qui évolue dans un univers refusant les notions prédéfinis de «bien» et de «mal». L'équipe commanditée par l'église pour aller capturer un sorcier est ainsi composée de fanatiques et de mercenaires franchement peu recommandables. En ce sens, BLACK DEATH tient quelques liens de parenté avec des films comme LA VALLEE PERDUE, ou même dernièrement SAUNA, dans lequel une troupe armée amène la destruction dans un village en apparence paisible. Mais BLACK DEATH, c'est aussi et surtout le clash entre les croyances religieuses. Des intégristes catholiques se heurtent au paganisme considéré comme de l'hérésie et de la sorcellerie. Nous ne sommes finalement pas bien éloigné de l'excellent THE WICKER MAN avec lequel BLACK DEATH partage pas mal de points communs. Le scénariste et le réalisateur du film se montrent d'ailleurs extrêmement critique envers les religions. L'épilogue du film se montre particulièrement iconoclaste en nous montrant un personnage, bouffé par la haine, utilisant sa position dans l'église pour conduire une vengeance personnelle, aveugle et des plus vaines. On pourra même éventuellement y voir des liens avec notre monde actuel, BLACK DEATH nous exposant sa version médiévale et terroriste de l'attentat suicide. Le film réalisé par Christopher Smith risque donc de surprendre par son ton dépressif mais les thèmes du métrage sont ici parfaitement exploités jusqu'au bout.
Comme d'habitude pour représenter un univers sombre et réaliste, le film adopte une image dont les couleurs sont passées. Le choix s'avère ici judicieux et renforce le ton de BLACK DEATH. Toutefois, le réalisateur fait des choix de mise en scène assez curieux pour un film se déroulant au XIVème siècle. En effet, pas mal de séquences sont filmées caméra à l'épaule. Ce type de prises de vue, type documentaire, paraît un peu bizarre dans le contexte du moyen âge. On appréciera ou pas ce parti pris, de notre côté, nous avons un peu de mal avec cette approche. Hormis ce détail, BLACK DEATH tire partie avec merveille de son budget que l'on imagine plus limité que celui d'une grosse production hollywoodienne. On appréciera ainsi la reconstitution des villages et campagnes frappées par la peste noire. Décors et costumes s'avèrent ainsi des plus réussis tout en restant dans une sobriété minimaliste. L'interprétation est plutôt solide, menée par Sean Bean mais aussi Eddie Redmayne, Carice van Houten ainsi que David Warner dans un petit rôle. Enfin, le métrage se montre particulièrement brutal en ce qui concerne la violence des affrontements ou certains passages horrifiques. Tout cela sert un BLACK DEATH franchement atypique et donc forcément intéressant !
Pas de sortie dans les salles pour BLACK DEATH, le film de Christopher Smith sort donc directement en vidéo en France chez Seven Sept. L'édition DVD propose de découvrir le film dans son format cinéma respecté et avec un transrfert 16/9. L'image se montre de très bonne qualité en reproduisant à merveille les images désaturées de BLACK DEATH. Les pistes Dolby Digital 5.1, pour la version originale sous-titrée ou bien le doublage français, remplissent naturellement leur office sans pour autant se montrer outrageusement spectaculaire.
En supplément, on trouve une Featurette où pas mal d'intervenants viennent louer les qualités de BLACK DEATH. Bizarrement, le menu du DVD l'indique en tant que «Interviews» mais il s'agit d'un petit making-of intitulé «Bringing Black Death to Life» s'étirant sur une dizaine de minutes. Pas grand chose d'informatif à en tirer parmi les interventions des comédiens, du réalisateur et des producteurs. Plus brut, le disque permet aussi de découvrir l'interview de Sean Bean avant montage où l'on peut découvrir des passages absents de la Featurette. Dans le même ordre d'idée, on peut aussi découvrir des images du tournage sans aucun commentaire. Le disque contient aussi quatre courtes scènes coupées dont l'intérêt n'est pas mirobolant. Enfin, le disque propose la bande-annonce du film ainsi que celles d'autres films à sortir chez le même éditeur comme EXORCISMUS (devenant L'EXORCISME) ou L'EMPIRE DES OMBRES. A noter que la bande-annonce de QUITTE MOI SI TU PEUX n'apparaît qu'à l'insertion du DVD et cette comédie fait un peu office d'erreur sur le DVD de BLACK DEATH, compte tenu des autres films mis en avant. A noter que les éditions britanniques, sans option française, proposaient quelques bonus supplémentaires tels qu'un commentaire audio que l'on imagine bien plus informatif.