Ce téléfilm de Wes
Craven est une curiosité sur bien des points. Et vous savez
que généralement, lorsque l'on emploi le mot "curiosité",
c'est que le film en question n'est pas forcément très
bon. Cet ETE DE LA PEUR ne l'est pas... Très bon. Alors
pourquoi autant de remue-ménage autour de lui ?
Tout d'abord, c'est Wes Craven qui est à la barre. On serait méchant, on pourrait dire que côté produit politiquement-correct et bourré de clichés, Mr Craven a commis LA MUSIQUE DE MON COEUR (MUSIC OF THE HEART). Film de cinéma qui donne furieusement l'impression de voir un téléfilm dont on connaît toutes les ficelles à l'avance. Avec L'ETE DE LA PEUR, c'est la même chose. Des clichés et rien de plus. Seulement, il a été tourné au tout début de la carrière du réalisateur. A un moment où il donnait plutôt dans la violence sans concession et le sulfureux. LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE (LAST HOUSE ON THE LEFT) et LA COLLINE A DES YEUX (THE HILLS HAVE EYES), sorte de démarquage de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (TEXAS CHAINSAW MASSACRE), sont ultra-violents, dérangeants et malsains (surtout le premier). Plutôt étonnant que des producteurs de télévision aient pu lui confier un boulot. Malheureusement un peu à l'image de Tobe Hooper avec LES VAMPIRES DE SALEM (tiens ? tiens ?), on a peine à retrouver quoi que ce soit de Wes Craven ici.
Deuxième curiosité ? La présence de Linda Blair. Celle qui restera à jamais la Regan MacNeill de L'EXORCISTE. Elle n'est pas possédée ici. Juste aux prises avec une cousine qui vient lui marcher sur les pieds et - outrage suprême - lui pique son petit copain en lui faisant rater un bal tant attendu. Si c'est pas malheureux ! En tant qu'actrice, elle n'a pas été gâtée. Elle navigue de petit film en petit film. Allant même jusqu'à s'auto-parodier dans L'EXORCISTE EN FOLIE avec Leslie Nielsen. En dehors de quelques apparitions dans des films de plus grande envergure (SCREAM de vous savez qui...) sa carrière n'a rien d'exceptionnel. A la limite, L'ETE DE LA PEUR fait partie des meilleures choses où elle a pu apparaître.
Troisième curiosité. Les fans de UNE NOUNOU D'ENFER (THE NANNY), la sitcom qui passait sur M6, pourront retrouver ici Fran Drescher dans l'un de ses tout premiers rôles.
Pour terminer, c'est la première fois qu'il nous est possible de voir ce film dans sa version originale en France. Jusqu'à maintenant, il avait fallu se contenter de la cassette vidéo qui traine dans les vidéo-clubs depuis les années 80 (et j'imagine qu'il n'en traine plus beaucoup d'ailleurs) en version française.
En conclusion, si L'ETE DE LA PEUR n'a rien d'un film exceptionnel, c'est plutôt les fans de Wes Craven, Linda Blair (ah ?) ou Fran Drescher qui risquent de se régaler avec cette petite galette. Au contraire, ceux qui regarderont L'ETE DE LA PEUR seulement dans l'espérance de quelques frissons y seront pour leur frais (au sens propre comme au figuré). Entre l'histoire qui avance sans se presser, la menace grandissante (enfin pas trop !) et les fondus au noir des coupures publicitaires, il reste le témoignage télévisuel d'une époque : les tenues vestimentaires amusantes, la réalisation que l'on qualifiera de standard et des dialogues (oui, plein...) sans intérêt.