Header Critique : EN QUARANTAINE 2 (QUARANTINE 2 : TERMINAL)

Critique du film
EN QUARANTAINE 2 2010

QUARANTINE 2 : TERMINAL 

Après une présentation en 2009 d'EN QUARANTAINE, deux ans plus tard, le Festival du Film Fantastique de Gérardmer a eu la primeur de présenter sa suite, EN QUARANTAINE 2. Mais, à Gérardmer, on voyait un peu d'un sale œil le retour de la camera tremblotante en espace clos ou pire, découvrir un nouveau remake plan par plan de [REC] 2. Il n'en est rien, le scénario prenant un autre envol. De même, ce qui aurait pu faire froncer les sourcils, c'est la présence du réalisateur et scénariste à la barre du projet, John Pogue ayant écrit les pénibles THE SKULLS II et THE SKULLS III, le redoutable remake de ROLLERBALL et le léthargique VAISSEAU DE L'ANGOISSE. Comme CV, on a connu plus excitant.

Tout d'abord pour l'avenir du film : Sony Pictures a décidé d'en faire un DTV. Si on effectue un rapide calcul, à priori, cela indique : maigre budget, ambition en baisse, acteurs de second plan, formule à suivre... Mais, en regardant les séquelles engendrées suite à des succès maison, Sony a lancé une série de produits honorables, à défaut d'être inoubliables (HOLLOW MAN 2, etc...).

Voyons de plus près. Un groupe de voyageurs embarque dans un avion en partance de Los Angeles pour Nashville. L'un d'entre eux se transforme rapidement en enragé notoire, attaquant une hôtesse. Suite à leur atterrissage, les voyageurs sont bloqués dans l'un des terminaux à bagages, encerclés par l'armée, en quarantaine obligatoire.

Clairement, un décalquage du premier opus. On remplace un immeuble par un terminal d'aéroport, et le tour est joué. Maintenant, le choix visuel diffère. Retour à la case fiction, car le réalisateur a choisi d'abandonner la vue subjective. Une petite pointe de caméra de nuit en fin de métrage (comme [REC] et son duplicata ricain EN QUARANTAINE), le tout doublé d'une héroïne comme moteur de l'histoire... On voit bien que le cahier des charges est stricto sensu similaire aux autres DTV Sony. D'un point de vue narratif, il s'agit d'une suite des événements. A travers des informations télévisées (le media utilisé dans le premier, par ailleurs) on aura tôt fait de comprendre qu'une sorte de virus a fait surface au sein d'un immeuble. Et que l'un des passagers est porteur de quelque chose émanant de ce bâtiment. Dès le premier quart du film, on se dit que les auteurs sont un peu gonflés de nous pondre le même concept que PLANE DEAD. Mais le déroutage de l'action dans le terminal où sont triés les bagages laisse l'idée de côté. Toutefois, dans les scènes de poursuites sur les coursives et autres attaques sauvages de mutants, on pense que la machine à recyclage d'idées n'a pas oublié 58 MINUTES POUR VIVRE et son gunfight dans un endroit idoine.

Autre atout : le film possède le SKB («Syndrome Karen Black»). A savoir que toute hôtesse de l'air plongée dans un suspense en plein vol subit une poussée descendante sur le tarmac et devient par essence responsable du récit ou de l'avion (voire des deux). Il s'agit bien du cas ici présent. Après Lauren Holly dans TURBULENCE A 30 000 PIEDS, nous avons ici Bre Blair qui duplique à merveille la destinée fascinante de la meilleure hôtesse de l'air du monde dans 747 EN PERIL.

Les effets spéciaux sont discrets mais plutôt efficaces. A savoir que la narration ne repose pas forcément sur l'agressivité et le nombre des baquets de sang pour pouvoir intéresser le spectateur ou faire avancer l'histoire. Attention, vous ne serez pas en présence du CITIZEN KANE du film horrifique en lieu clos. Mais si les débordements sanguinolents, scènes de gorges arrachées, chairs pantelantes, attaques effrénées sont bien présentes, elles sont agencées de manières spectaculaires et réussies. Ce qui est certes un minimum syndical exigé dans un film d'horreur. Mais comme on le constate hélas souvent dans les centaines de films visionnés chaque année, c'est rarement la cas.

Le scénario va lui aussi suivre un cheminement identique à son prédécesseur. La mise en scène adopte cependant toutes les possibilités qu'offre le splendide décor du terminal. Un décor unique mais qui regorge de recoins, de plates-formes de transport de bagages démultipliant sur plusieurs niveaux... Un vrai jeu vidéo en voie de mise sur orbite. Les relations entre chaque personnage s'évertuent à jouer sur les clichés inhérents au genre (l'inévitable beau gosse charmeur et l'hôtesse qui tombe en pamoison, entre autres) pour mieux brouiller les pistes. Quelques idées bien vues : le vieillard prostré sur son fauteuil roulant, et ce qui lui arrive, est une des meilleures trouvailles du film. Aux limites du politiquement incorrect, on a là aussi droit, à l'instar de DREAM HOME ou J'AI RENCONTRE LE DIABLE, du destin sacrificiel de la femme enceinte. Encore récemment, la femme enceinte représentait une sorte d'espoir de l'humanité (de POPULATION ZERO aux FILS DE L'HOMME en passant par le pénible MUTANTS). Mais aujourd'hui, l'espoir semble avoir changé de ventre et le tabou a sauté ! Enfin, le dernier quart d'heure sait donner dans le crescendo, toujours une formule attendue suivie avec soin par quelques rebondissements (notamment sur la destinée du virus) et une poursuite dans un tunnel du meilleur effet.

En ce sens, EN QUARANTAINE 2 s'avère une heureuse surprise. Pas du tout originale aux vues des idées repiquées ça et là. Encore moins sur la progression dramatique et son final ouvert qui laisse suspecter une seconde séquelle. On tient là un produit de consommation courante mais d'un niveau appréciable. Il faudrait vraiment faire la fine bouche pour bouder une bonne série B horrifique, se déroulant dans un espace rarement filmé au cinéma et doté d'un rythme plaisant. Vous aurez ainsi échappé aux énièmes docu-filmé de la traînée des BLAIR WITCH PROJECT et autres [REC] qui pullulent sur nos écrans. Cela reste de ce fait un peu plus conventionnel sur la forme, mais comme film d'horreur produit pour le marché du câble et de la vidéo, on a très largement vu pire.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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