Header Critique : AU-DELA (HEREAFTER)

Critique du film
AU-DELA 2010

HEREAFTER 

Une journaliste française fait une expérience de mort imminente, alors qu'elle est prise dans une catastrophe en Asie. Un ouvrier américain essaie de vivre normalement malgré un don lui permettant de percevoir les morts. Un enfant anglais est confronté au décés d'un être cher. Trois personnages différents, qui n'ont rien en commun, si ce n'est de voir leur vie bouleverser par la perception de la mort.

En tant que réalisateur, Clint Eastwood s'est assez vite écarté de ce qu'il représentait à l'écran en tant que comédien et ce depuis UN FRISSON DANS LA NUIT. S'il s'est bien mis en scène en tant que héros à l'instar de FIREFOX ou bien L'EPREUVE DE FORCE, la plupart des films qu'il a pu réaliser prennent souvent des virages surprenants. Ce sera ainsi le cas avec HONKYTONK MAN ou bien le film consacré au musicien Charlie Parker (BIRD) tout comme avec une bouleversante romance, SUR LA ROUTE DE MADISON. Justement AU-DELA s'inscrit dans la lignée de ses métrages les plus intimistes. Pourtant, lorsque le projet avait été dévoilé, il fut annoncé comme une sorte de thriller surnaturel dans la lignée de SIXIEME SENS. C'était d'autant plus surprenant que le scénario est signé de Peter Morgan qui est avant tout connu pour des films plutôt «sérieux» comme FROST/NIXON ou LE DERNIER ROI D'ECOSSE. Au final, AU-DELA n'a pas grand chose à voir avec le métrage de M. Night Shyamalan et il est même difficile de le percevoir comme un thriller. L'intrigue tend plutôt vers le drame en suivant le parcours de trois personnages, chacun dans un pays différent, confrontés à leur perception de la mort et ce qui pourrait exister après...

AU-DELA marche sur un terrain quelque peu miné dans le sens où il apparaît difficile, aujourd'hui, d'exposer une vie après la mort sans se vautrer dans les bondieuseries et autres bons sentiments. Le film de Clint Eastwood n'évite pas tous les écueils mais réussit tout de même à contourner le problème. Non pas en voulant à toute fin nous convaincre du bien fondé d'une vie post-mortem mais plutôt en se focalisant sur des thématiques plus facilement palpables. La plus évidente est la difficulté d'accepter le deuil d'une personne auquel nous sommes attachés. D'où l'éventuel recherche de réponses aux travers des diverses religions et autres croyances. De ce point de vue, AU-DELA ne milite pas vraiment pour une paroisse en particulier puisqu'il semble nous dire qu'aucun courant religieux ne détient la solution du problème. Se faisant, le métrage en profite pour déboulonner la masse de charlatans qui profitent de la détresse des personnes qui viennent de perdre un être cher. Le parcours du gamin, l'un des trois personnages principaux, est à ce titre édifiant. Ces expériences décevantes n'en rendront que plus forte sa rencontre avec le personnage interprété par Matt Damon. Il s'agit assurément de la grande scène poignante du film, moment de sobriété et de subtilité où les dialogues n'appuient pas lourdement le message émouvant qu'ils essaient de faire passer. Des trois destins narrés dans AU-DELA, l'histoire de l'enfant est la plus réussie car celle qui est la plus riche d'un point de vue thématique. A contrario, la partie française se montre la plus faible. Il faut dire que l'histoire de la journaliste est celle qui n'a pas grand chose à dire. En gros, c'est une jeune femme (Cécile de France) qui voit sa vie bouleversée par une expérience de mort imminente et qui se heurte à l'incompréhension de son entourage au point d'en perdre son boulot. Un segment peu réussi et qui de plus affiche une publicité à répétition ! Néanmoins, cela donne l'occasion à Clint Eastwood de se frotter au «film catastrophe» en nous offrant une séquence très spectaculaire et immersive. Quant à Matt Damon, le comédien incarne un personnage qui a du mal à construire sa propre vie en raison d'une faculté peu banale, celle de pouvoir entrer en contact avec les morts. Bien esquissé, cette partie de l'intrigue est presque aussi réussie que l'histoire de l'enfant. Quoi qu'il en soit, les trois héros de AU-DELA finiront par se rencontrer dans un final plutôt mignon, un épilogue un peu fleur bleu dont la signification est surtout là pour souligner qu'il faut profiter du moment présent !

AU-DELA est un film assez étrange. Enthousiasmant par certains côtés, pas franchement réussi à d'autres, il parvient tout de même à faire passer, par instants, de véritables émotions avec une simplicité de moyens déconcertante. Seul point noir pour ceux qui ont des convictions bien arrêtées, le métrage ne réussit pas à laisser planer le doute, garder une certaine ambiguïté concernant l'existence ou pas d'une vie après la mort. Peu importe puisque, après tout, la richesse thématique du film le porte plutôt son attention vers tout ce qui tourne autour de cette question.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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