Header Critique : ANTHROPOPHAGUS (ANTHROPOPHAGOUS)

Critique du film et du DVD Zone 2
ANTHROPOPHAGUS 1979

ANTHROPOPHAGOUS 

Quelques touristes en voyage en Grèce prennent un voilier pour aller faire une visite sur une petite île. Lorsqu'ils débarquent, ils ne trouvent pas âme qui vive. Le village semble déserté mais, bien sûr, une présence meurtrière ne manquera pas de se manifester…

Parmi les nombreux pseudonymes adoptés par Aristide Massaccesi durant sa carrière, c'est celui de Joe D'Amato qui va prendre une telle importance que le cinéaste italien est avant tout connu aujourd'hui sous ce nom. Il ne va pas débuter en passant par une école de cinéma mais va apprendre son métier à force de pratique. Et pour cause, il entre dans l'industrie cinématographique à l'âge de quatorze ans grâce à son père qui bosse déjà dans l'ombre des tournages en tant que chef électricien. De petits boulots en petits boulots, il va ainsi gravir les échelons pour finalement se faire un nom en tant que chef opérateur et surtout directeur de la photographie. Joe D'Amato sera alors très demandé et participera à de très nombreux métrages au sein de l'effervescente industrie cinématographique italienne des années 50 à 80, avant qu'elle ne s'écroule en grande partie à cause de l'émergence de la vidéo. Il va ainsi, à divers postes, officiellement ou pas, participer à HERCULE CONTRE LES VAMPIRES, MON NOM EST PECOS, LES INSATISFAITES POUPEES EROTIQUES DU DOCTEUR HICHCOCK, MAIS QU'AVEZ VOUS FAIT A SOLANGE ?, L'ANTECHRIST ou encore CROC BLANC. Autant dire qu'il va côtoyer durant cette période tous les acteurs du milieu, de Mario Bava à Lucio Fulci.

S'il adopte des pseudonymes pour différencier ses activités, le premier film qu'il signera de son vrai nom, Aristide Massaccesi, sera LA MORT A SOURI A L'ASSASSIN, film d'horreur mettant en scène Klaus Kinski. Le cinéaste n'a jamais caché son attirance pour deux genres populaires : l'horreur et l'érotisme. Deux aspects sensationnels qui offrent, bien évidemment, un côté résolument commercial à ses films. Dès lors, il va enfiler les métrages érotiques dont la série des BLACK EMANUELLE avec Laura Gemser. La journaliste globe trotteuse, héroïne de la série, sera rattrapée par l'horreur dans VIOL SOUS LES TROPIQUES où elle sera confrontée à des cannibales, les anthropophages ayant la cote à ce moment là en Italie. En restant au soleil, Joe D'Amato tournera aussi un curieux PORNO HOLOCAUST dans lequel un mutant équipé d'un gros sexe fait des victimes sur une petite île. Autant dire que le cinéma de Joe D'Amato pourrait s'apparenter aux tabloïds, à la presse populaire. Quitte à choquer, l'homme y va franco et signera d'ailleurs l'un de ses plus grands films avec le curieux BLUE HOLOCAUST abordant la nécrophilie de manière frontale. Néanmoins, son œuvre la plus connue restera ANTHROPOPHAGOUS...

Joe D'Amato monte sa propre société, Filmirage, et se lance dans la production d'un film à petit budget. ANTHROPOPHAGOUS sera ainsi tourné à l'économie et en 16mm avant que l'image ne soit gonflée en 35mm pour son exploitation dans les salles. Le film va se monter sur un scénario écrit par George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori) et Joe D'Amato. Le premier interprétera le rôle du massif cannibale qui fait le vide sur une petite île en raison d'une boulimie délirante ! En dehors de son idée de départ, l'histoire se montre des plus simplistes. Une poignée de touristes découvrant la Grèce décide d'aller rendre visite à des amis sur une petite île. Là, ils seront assaillis par un dégénéré. Quelque part, ANTHROPOPHAGOUS a donc tout du slasher classique. Mais il se différencie par bien des aspects. A la fin des années 70, la plupart des films d'horreur ne prennent pas vraiment place dans un cadre ensoleillé. Bien sûr, LES DENTS DE LA MER s'attaque au touriste mais le film de Steven Spielberg n'a pas grand chose à voir avec ANTHROPOPHAGOUS, bien que ce dernier lui fasse un «hommage» dans sa séquence d'ouverture. Le cadre particulier de la Grèce est ici mis en avant dès l'arrivée sur une île étrangement désertée. Jusque là, ANTHROPOPHAGOUS pourrait s'apparenter aux REVOLTES DE L'AN 2000 mais sans ses enfants tueurs. Dans les deux premiers tiers du film, Joe D'Amato va installer une ambiance, parsemer son film de quelques étrangetés et images chocs pour finalement offrir au spectateur le maelstrom gore attendu en fin de pelloche. Car Joe D'Amato n'est pas du genre à rester dans le hors champ et il offre au spectateur ce qui lui a été vendu par l'affiche. Aussi, lorsque le personnage interprété par George Eastman est révélé, le déroulement un peu languissant d'ANTHROPOPHAGOUS va changer pour accumuler quelques scènes extrêmes osant tout, et pire ! Le double meurtre dans des sous-sols oppressant suivi de la dégustation d'un fœtus extirpé manuellement d'une femme enceinte font ainsi partie des moments les plus étonnants du cinéma d'horreur. Plus fort encore, l'épilogue d'ANTHROPOPHAGOUS se retrouve sur le fil du rasoir en filmant une séquence qui aurait pu sombrer dans le Top 10 du comique involontaire dans le domaine du gore. Et pourtant, pour qui se sera laissé aller à l'ambiance mortifère du métrage, à sa lente progression, à la découverte de la mort rampante qui hante l'île isolée, cette fin hallucinée viendra clore de manière plutôt logique l'aspect horrifiquement absurde de l'intrigue. Le croquemitaine va ainsi jusqu'au bout de son obsession délirante, de sa seule raison d'être, sa seule raison d'être filmé ! Joe D'Amato ne nous vole pas et nous offre sur un plateau un met très particulier avec cet ANTHROPOPHAGOUS. Une trentaine d'années plus tard, le film a un peu perdu de sa force, les effets spéciaux n'étant pas toujours au niveau des standards d'aujourd'hui à l'instar d'une tête très factice dans un seau d'eau. Il n'en reste pas moins une œuvre délirante portée par l'interprétation de George Eastman et la patte d'un Joe D'Amato qui soigne la mise en image de son carnage sur pellicule !

Bien que ANTHROPOPHAGOUS ne soit pas un succès à l'époque en Italie, il fait assez parler de lui à l'étranger pour susciter une suite. Quelques années plus tard, Joe D'Amato tentera donc de remettre le couvert, toujours en compagnie de George Eastman. Cela donnera un HORRIBLE, intitulé ABSURD dans certains pays, un peu à côté de la plaque, une sorte de mélange entre le HALLOWEEN 2 de Rick Rosenthal et le HORREUR DANS LA VILLE avec Chuck Norris. En raison du succès du film original à l'étranger, le film visera un public international et sera même tourné en anglais. Cette suite qui n'en est pas vraiment une ne fera pas vraiment recette. De son côté ANTHROPAGOUS se taille avec les années une petite réputation auprès des aficionados du cinéma d'horreur et un remake non officiel sera emballé par Andreas Schnaas sous le titre ANTHROPOPHAGOUS 2000.

Jamais sorti en DVD en France, ANTHROPOPHAGOUS a été distribué dans plusieurs autres pays pour des résultats parfois très décevants. Ainsi, les premières éditions américaines et anglaises proposaient des montages censurés du film avec des transferts médiocres, généralement sous le titre THE GRIM REAPER. Depuis, la donne a un peu changé et l'édition la plus intéressante pour ceux qui comprennent l'anglais, au moins à la lecture, est un double DVD en provenance d'Italie. Son intérêt est de proposer la piste originale italienne avec la possibilité d'afficher par dessus un sous-titrage anglais. Celui-ci est d'ailleurs clairement calé sur le doublage anglais qui est aussi disponible sur ce DVD, au même titre qu'une piste espagnole. Le tout ne casse pas des briques sur le plan technique mais les pistes audio sonorisent sans trop de heurts dans ce qui s'apparente à des bandes son en mono. L'image est proposée dans son format cinéma d'origine (1.66) avec un transfert 16/9. Bien sûr, les conditions de tournage en 16mm ne permettent pas d'offrir une image à la qualité chirurgicale. Honnêtement, le résultat est tout de même fort honorable et restitue fort bien l'aspect pellicule du film.

Le deuxième disque contient plusieurs suppléments avec, en premier lieu, une interview de George Eastman qui s'étire sur un peu plus d'une dizaine de minutes. Ce module a été assemblée par Nocturno en prenant apparemment deux interviews distinctes et en les agrémentant d'extraits et affiches. George Eastman n'a jamais caché que ANTHROPOPHAGOUS n'était pas un film qu'il affectionnait particulièrement et c'est donc sans langue de bois qu'il l'aborde. Il parle aussi de sa relation avec Joe D'Amato et leurs autres collaborations. Cerise sur le gâteau, un sous-titrage anglais est disponible sur l'interview. Il en sera de même sur «Cortometraggio» qui porte assez mal son titre. Il s'agit d'un curieux hommage à Joe D'Amato présentant des images de tournage sur quelques uns de ses films pornographiques avec Rocco Siffredi, des bouts d'une interview ainsi qu'un assemblage d'images de plusieurs autres de ses films. La chose n'est pas très informative, assez amateur mais aussi, dans le même temps, sympathique. Etrange !

Les autres suppléments sont un peu moins passionnants. «Curiosita» affiche quelques écrans fixes en livrant des anecdotes ou précisions sur les lieux de tournages. La galerie de photos est, quant à elle, très mal foutue. Il s'agit d'une vidéo qui affiche des photos du film sur un minuscule écran. Ridicule ! Tout aussi mal fait, la filmographie de Joe D'Amato est présentée de manière défilante sur une trentaine de minutes ! ! ! Un clap affiche le titre du film, l'année, quelques infos sur l'équipe technique et la place de Joe D'Amato sur ce tournage. Une bande annonce de ANTHROPOPHAGOUS rattrape le coup ! Enfin, la boîte contient donc deux DVD mais aussi deux petits dépliants avec les reproductions de photos d'exploitation mais aussi de deux affiches du film. Cela n'est pas très grand mais cela permet tout de même d'égayer un petit bout de mur !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
ANTROPOPHAGUS DVD Zone 2 (Italie)
Editeur
Beat Records
Support
2 DVD
Origine
Italie (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
1.66 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Stéréo
English Dolby Digital Stéréo
Spanish Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Interview de George Eastman (11mn43)
    • Cortometraggio (11mn54)
    • Galerie de photos
    • Trivia
    • Filmographie de Joe D'Amato
    • Bande-annonce
    • 7 extraits musicaux
    Menus
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