Amoureux de l'univers de HELLRAISER, une poignée de jeunes participe à un jeu concours en ligne. Chacun d'eux gagne une invitation pour un week-end thématique au coeur d'un manoir dont le propriétaire semble également fasciné par la boite de LeMarchand et le monde des Cénobites. La soirée bat rapidement son plein et les caleçons se tendent au rythme des soutiens-gorge qui tombent. Reste que le bâtiment réserve quelques secrets et que certains invités se voient confrontés à des créatures aux méthodes expéditives...
Huitième volet de la saga HELLRAISER, HELLRAISER : HELLWORLD verra sa pré-production débuter dès l'année 2002, alors que HELLRAISER : HELLSEEKER vient d'être édité en DVD américain et que HELLRAISER : DEADER n'est pas encore tourné... Comme ce fut le cas pour les trois opus précédents, ce nouveau métrage prend sa source dans un scénario qui n'a, à la base, rien à voir avec le mythe initié par Clive Barker. Dans le cas présent, il s'agit d'un petit traitement intitulé «Dark Camp Breathe», rédigé sur un coin de table par Joel Soisson. Si ce nom ne vous est pas étranger, c'est probablement parce que vous avez déjà dû pester contre le monsieur, suite au visionnage d'un Direct-To-Video bancal. Bien qu'il soit essentiellement producteur, le bonhomme a en effet scénarisé bon nombre de perles comme par exemple HIGHLANDER: ENDGAME, la trilogie DRACULA 2000 de Miramax mais aussi MIMIC 2 et les trois derniers PROPHECY. On vous avait prévenu, l'homme est un tueur. Reste que son traitement séduit Nick Phillips, un producteur visionnaire qui appelle Carl V. Dupré à la rescousse et lui offre d'étoffer cette histoire de souvenirs implantés par le biais de drogues…
Carl V. Dupré connaît bien la musique puisqu'il s'est déjà acquitté du scénario filiforme et sans surprise de HELLRAISER : HELLSEEKER. Il s'attèle donc rapidement à la tâche et livre un traitement qu'il conviendra cependant d'élaguer. En effet, cette première version prévoit quelques flashbacks, dont l'un mettrait en scène des soldats nazis. L'idée est intéressante au sein de l'univers torturé et masochiste de HELLRAISER mais en écrivant cela, Dupré oublie l'une des règles de base du DTV Miramax : L'économie. Malgré un budget de cinq millions de dollars, on se doit de serrer la ceinture et de brider sa créativité. Les nazis passent donc à la trappe, de même qu'une séquence montrant l'un des «bébés expériences» du film s'échapper de son réceptacle et attaquer.
Une fois finalisé, le script est distribué sur le tournage de HELLRAISER : DEADER qui, rappelons-le se déroulait en Roumanie. Une bonne part de l'équipe sera alors recyclée d'un film à l'autre que ce soit devant ou derrière la caméra. Le réalisateur Rick Bota rempile sans surprise, accompagné de Gary J. Tunnicliffe aux maquillages (et à l'écran dans la peau de «Bound»), Michael J. Fox (l'autre !) au son et de toute une ribambelle de maquilleurs. Au chapitre des acteurs, ce sont essentiellement des figurants locaux qui reviennent. Ca sera par exemple le cas des deux lesbiennes vues dans le métro de HELLRAISER : DEADER, qui se montrent ici une nouvelle fois impudiques. Catalina Alexandru deviendra pour sa part une nonne perverse et prompte à se dessaper. Toujours au casting, on notera également quelques curiosités comme Carl V. Dupré, devenant Barman pour l'occasion, à l'image du scénariste Peter Atkins dans HELLRAISER III : HELL ON EARTH.
Présent à Bucarest pour le tournage de DRACULA II : ASCENSION, Khary Payton vient se faire décapiter dans HELLRAISER : HELLWORLD. Mais dans le même ordre d'idée, c'est surtout la présence de notre cher Lance Henriksen qui retiendra l'attention des fantasticophiles. L'acteur a rencontré Rick Bota en Roumanie fin 2002, alors qu'il joue dans MIMIC 3 : SENTINEL et que le réalisateur met en boite le septième volet de la saga HELLRAISER. Bota tente d'intégrer Henriksen au film en cours mais n'y parvient pas. Il lui proposera donc de devenir l'hôte de HELLRAISER : HELLWORLD, ce que l'acteur acceptera malheureusement... Car s'il est toujours plaisant de retrouver la gueule burinée de celui qui fut Bishop (ALIENS), Ed Harley (PUMPKINHEAD) ou Frank Black (MILLENNIUM), cela fait toujours un peu de peine quand c'est dans un métrage de l'étoffe de HELLRAISER : HELLWORLD. Certes, Henriksen n'est plus à un métrage alimentaire près mais tout de même, rien ne l'empêcherait d'y aller mollo sur la culture des navets…
Car ne nous voilons pas la face plus longtemps, HELLRAISER : HELLWORLD n'a rien d'un bon film. On peut même sans mal lui coller l'étiquette de «plus mauvais opus de la saga», et ce pour diverses raisons. Tout d'abord, il semble évident plus que jamais que cette trame scénaristique n'avait rien à voir avec les fondamentaux définis par Clive Barker. La «conversion» opérée par Dupré ne convainc pas le moins du monde et les cénobites n'ont plus rien des créatures perverses et extrêmes que l'on connaissait. Pinhead et ses sbires sont ici les croquemitaines sans relief d'un slasher tout ce qu'il y a de banal. Chacune de leurs apparitions se soldera donc par une mise à mort, réalisée par le biais d'ustensiles divers et tranchants, à l'image des «travaux» les moins inventifs de Michael Myers ou Jason Voorhees. Mais au-delà de ces deux influences, c'est essentiellement la saga Freddy qui viendra à l'esprit lors du visionnage de ce HELLRAISER : HELLWORLD.
De la saga initiée par Wes Craven, Rick Bota et ses scénaristes reprennent l'idée d'une réalité alternative, fantasmée. Et de ce postulat, ils ponctionnent également quelques idées de mise en scène, comme certains personnages ne pouvant voir/aider les autres car ne se trouvant pas dans le même «univers»... Sur le papier, cet imbroglio scénaristique pouvait se montrer pertinent et les multiples ponctions qui sont faites ailleurs pouvaient passer inaperçues. A l'écran, l'alchimie ne fonctionne pas une seconde et l'écriture est à l'évidence bâclée. Elle n'est malheureusement pas seule et la mise en scène de Rick Bota se montre plus insipide encore que celle de HELLRAISER : HELLSEEKER ou HELLRAISER : DEADER. Sur le plan de la photographie, nous aurons également de bonnes raisons de tiquer face à un résultat incroyablement fade et mal pensé. Gabriel Kosuth nous livre une copie «téléfilmesque» au grain dégueulasse, preuve encore une fois que l'on a joué la carte de l'économie à tous points de vue.
A la vision de HELLRAISER : HELLWORLD, il est du reste difficile de croire qu'on ait à faire au plus gros budget attribué à l'un des DTV de la saga. On peut légitimement se demander où sont passés les sous puisque nous avons là un lieu unique, quelques extérieurs vides, peu d'effets spéciaux et une brochette d'acteurs et actrices venus cachetonner sans conviction. Ce casting résolument jeune s'ajoute d'ailleurs à la liste sans fin des tares que l'on pourra attribuer à ce métrage, l'abondance de fessiers rebondis et de tétons arrogants étant malheureusement loin de faire oublier la médiocrité générale des prestations…
Vous l'aurez compris, HELLRAISER : HELLWORLD est une bien triste manière de clôturer un cycle. La première tétralogie avait su se faire une place au cinéma avec un certain brio, et une originalité louable. Mais la qualité des quatre DTV qui ont suivi n'a fait que décroître, jusqu'à un constat bien regrettable. La franchise pouvait difficilement tomber plus bas et pourtant, un ultime coup d'éclat a été tenté cette année puisque HELLRAISER : REVELATIONS vient d'être tourné en catimini, en septembre 2010, sans Doug Bradley et pour un budget très Z de 300.000 dollars… Espérons sans trop y croire que le remake, annoncé mais maintes fois repoussé, saura redonner un peu de vie à cet univers moribond.
Les intérieurs de HELLRAISER : HELLWORLD auront été tournés en tout début d'année 2003 mais les extérieurs (très rares) auront dû attendre l'été pour des raisons climatiques. Le film aura donc été définitivement bouclé quelques mois plus tard, en automne. Reste qu'encore une fois, il faudra s'armer de patience pour découvrir le vilain petit canard en DVD. Il ne pointera le bout de son nez que deux ans plus tard, en septembre 2005 alors qu'en France, les fans attendront jusqu'en octobre 2006. La sortie hexagonale se fait dans les mêmes conditions que pour les deux volets mis en boite par Bota, c'est-à-dire par le biais d'un coffret TF1 Video regroupant six films. En fait, tous les films sauf le troisième, édité par Opening, et le quatrième dont les droits appartenaient à Studio Canal. Comme ce fut le cas pour HELLRAISER : HELLSEEKER et HELLRAISER : DEADER, HELLRAISER : HELLWORLD perd tous ses bonus lors de la traversée de l'Atlantique. Nous nous retrouvons donc avec une édition bien chiche, dont le seul apport réside dans les options francophones et un malheureux lien internet.
L'image préserve le ratio 1.85 d'origine via encodage en 16/9ème manquant un peu de détail. La définition n'est donc pas extraordinaire mais ce n'est là qu'un moindre mal en regard d'un film bien laid à la base. Déjà évoqué, le grain d'origine est omniprésent et s'accompagne de couleurs franchement termes. S'il semble que ce soit là des «particularités» liées au travail de Gabriel Kosuth, les contrastes mous et les noirs tendant vers le gris finissent d'achever une image qui, à défaut d'être sale, peine clairement à convaincre…
Sur le plan sonore, point de surprise. La version originale et le doublage français disposent tous deux d'un mixage en Dolby Digital 5.1 sans véritable relief. Les enceintes surround pourront reposer paisiblement puisque l'action se déroule essentiellement sur l'avant. Le doublage ne démérite pas mais il convient tout de même d'opter pour la piste anglaise, plus convaincante même si les figurants roumains sont encore une fois maladroitement doublés.