Dans un monde contaminé par un virus ayant transformé la quasi-totalité de la population en zombies, l'espèce humaine est désormais menacée d'extinction. Outre des hordes de morts-vivants, Alice et quelques survivants vont se heurter aux sombres plans de la multinationale d'Umbrella Corporation et de son président Wesker…
Après avoir seulement chapeauté en tant que producteur et scénariste les deux volets précédents, Paul W.S Anderson revient à la réalisation pour ce quatrième opus de la très libre adaptation des jeux vidéo de Capcom. RESIDENT EVIL : AFTERLIFE est la suite directe de RESIDENT EVIL : EXTINCTION et reprend donc le personnage de Claire Redfield interprété par Ali Larter alias Nikki Sanders dans la série télévisée HEROES. Reste que, bien sûr, c'est toujours Alice (Milla Jovovich) qui occupera la tête d'affiche. Cette nouvelle suite cinématographique se permet également d'introduire deux personnages cultes: Chris Redfield, le frère de Claire (interprété par Wentworth Miller, surtout connu comme le héros de la série PRISON BREAK), et le grand méchant de la saga, Albert Wesker, qui n'apparaissait que très furtivement à la fin du métrage précédent...
Curieux mélange entre les jeux vidéo Resident Evil : Code Veronica, Resident Evil 5 et les précédents opus cinéma, Paul W.S Anderson fait sa tambouille et pioche ça et là dans les éléments les plus vendeurs et extravagants de la série vidéoludique pour les détourner à des fins spectaculaires. Même considérés comme de simples clins d'oeil aux jeux, ces emprunts s'intègrent assez mal à l'histoire. Dans le premier film, RESIDENT EVIL, Paul W.S Anderson avait réussi à insérer assez naturellement à l'intrigue les créatures issues du bestiaire horrifique des jeux. Ici les emprunts sont maladroitement exploités, ils desservent aussi bien l'action, que l'univers en le rendant moins cohérent. Les chiens par exemple, tirés du jeu Resident Evil 5, sont exploités de façon grotesque comme de simples animaux de compagnie de Wesker, décrédibilisant un peu plus au passage le personnage. De même, la scène du «majini bourreau», sous-boss également extrait du jeu, aurait pu se révèler visuellement efficace et offrir une des rares utilisations ludiques de la 3D. Mais son intervention saugrenue aura plutôt tendance à nous déconnecter de l'action, et la scène tombera quelque peu à plat...
Si les précédents films parvenaient à maintenir un minimum d'intérêt malgré une trame sommaire, RESIDENT EVIL : AFTERLIFE passe tout simplement à côté de son intrigue. Les séquences semblent parfois s'enchaîner sans réel fil conducteur. Des enjeux tels que l'extinction de la race humaine ou le contrôle de l'humanité par Umbrella Corporation, ainsi que les dangers (créatures mutantes affamées de chair humaine, risque de contamination et de mort imminente) pourtant conséquents semblent totalement accessoires. Alors qu'ils auraient pu constituer un support idéal à un film d'action très fun, ils ne parviennent jamais vraiment à impliquer le spectateur. Ainsi, Wesker, figure emblématique de la série aurait pu offrir un méchant charismatique digne de ce nom, et être l'incarnation d'une des intrigues majeures, à savoir la domination du monde par Umbrella Corporation. Malgré l'interprétation de Shawn Roberts (HORS DE CONTRÔLE, DIARY OF THE DEAD), assez convaincante au début, le personnage se retrouve vite réduit à un bouffon excentrique avide de pouvoir et ne proposant qu'une risible menace pour les héros... De même, Wentworth Miller, au demeurant assez bien pensé pour le rôle de Chris Redfield, ne bénéficie que d'un développement superficiel. Paul W.S Anderson ne parvient pas à insuffler du charisme à ses personnages: Il les sous-exploite et les relègue au rôle de faire-valoirs d'une héroïne traitée avec égocentrisme.
Comme pour les films précédents, il ne sera donc toujours pas question de peur non plus. La ré-humanisation d'Alice (via l'injection d'un virus détruisant ces pouvoirs) laissait espérer le retour à un personnage plus vulnérable et donc plus enclin à nous plonger dans sentiment d'angoisse. Pourtant, nous sommes toujours en présence d'une héroïne qui, bien que l'on puisse admettre qu'elle soit rodée après trois opus, semble totalement hermétique à la peur, désabusée et se permettant même de cabotiner... On peut y voir un côté décontracté mais reste qu'il est impossible pour le spectateur d'éprouver une quelconque empathie pour cette héroïne qui semble, elle-même, ne ressentir aucun effroi, pas même une vague inquiétude face à un univers hostile et peuplé de créatures monstrueuses !!! D'autant plus rageant que Paul W.S Anderson décrit avec justesse ce sentiment de peur face à la contamination et aux zombies lors d'une interview donnée au Comic Con. Quelle déception de constater qu'il est incapable, à l'arrivée, de le retranscrire ce malaise à l'écran…
On n'est guère plus inquiet pour le sort de l'humanité tant le thème n'est présent que de façon anecdotique et se borne à servir de toile de fond à l'action. "L'espoir de voir l'humanité survivre est une des clés des films RESIDENT EVIL" nous explique le réalisateur. Sauf que le métrage ne parvient pas à nous impliquer dans la peur universelle d'une éventuelle éradication de l'espèce humaine. On ne ressent cet enjeu à aucun moment, le film n'étant encore une fois centré que sur le personnage d'Alice, pas assez universel et charismatique pour incarner le symbôle de cette humanité qui tenterait de survivre...
Pour ce quatrième volet, la 3D tente de donner un peu de relief à l'aventure. L'utilisation de la caméra virtuelle, soit le même procédé de captation que pour AVATAR, aurait pu au moins nous offrir notre quota de plaisir visuel. Malheureusement, il ne se révèle véritablement que dans quelques rares scènes au détriment d'une surenchère de plans narcissiques à la MATRIX, centrés sur une Milla Jovovich tatanant en solo une horde de zombies... Au final, on constate surtout que le film pêche moins par ses acteurs que par un manque de cohérence générale, tant dans l'univers que dans l'intrigue ou encore le développement des personnages. L'action et l'histoire sont trop subordonnés à la mise en avant d'une actrice principale devenue hélas le porte-étendard de cette franchise cinématographique. L'ensemble s'en retrouve appauvri et cela ne risque pas vraiment d'aller en s'améliorant. Car, bien entendu, la fin ouverte laisse présager un cinquième volet, de l'éternel retour d'Alice et de ses acolytes...