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Critique du film et du DVD Zone 2
THE BUTCHER BOY 1997

 

Après l'excellent accueil reçu par le thriller THE CRYING GAME, Neil Jordan réalise ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, production hollywoodienne Warner s'avérant un succès. Aussitôt après, le metteur en scène retourne en Europe pour y filmer MICHAEL COLLINS, fresque relatant la vie d'un héros historique de la cause irlandaise. Il s'attèle ensuite à l'adaptation de «The Butcher Boy», roman de l'écrivain contemporain Pat McCabe, lui aussi irlandais. Si ce dernier se voit crédité en tant que co-scénariste, Neil Jordan minimise par la suite, dans des interviews, l'implication de ce dernier en ce qui concerne l'écriture du film.

Tourné en Irlande, BUTCHER BOY met en scène des acteurs connus, mais qui ne sont pas forcément des vedettes : nous reconnaissons le fidèle Stephen Rea (présent dans un nombre important de métrage de Neil Jordan, jusqu'au récent ONDINE), Fiona Shaw (l'antipathique Tante Pétunia des Harry Potter) ou Brendan Gleeson.

En Irlande, au début des années 1960, un jeune garçon vit dans une ville irlandaise entre son père, un musicien alcoolique, et sa mère dépressive. Il fuit cette réalité en lisant des comics et en allant voir des séries B de science-fiction au cinéma. Sa perception de la réalité et de la fiction se trouble jusqu'à le conduire à commettre des actes de plus en plus antisociaux...

BUTCHER BOY raconte l'enfance tourmentée de Francie Brady, gamin irlandais fort en gueule, dont le parcours chaotique est narré sur un ton riche en humour noir. A travers les aventures de plus en plus violentes de l'enfant, Neil Jordan et Pat McCabe signent avant tout un portrait grinçant de l'Irlande de leur enfance, pays européen traditionnel, confronté à une modernité s'imposant au gré de la guerre froide et de ses angoisses atomiques.

Francie est le fils unique d'un milieu clairement destructeur. Son père est un trompettiste de jazz amer et poivrot, tandis que sa mère est suicidaire, passant régulièrement à la maison de repos de la région. Le contrepoint de cette famille populaire sera la famille des Nugents, issue d'un milieu plus bourgeois et snob. Francie les prend en grippe jusqu'à voir en eux la cause de tous ses problèmes.

Francie le sale gosse passe dans les mains de toutes les institutions possibles, toutes incapables de le contrôler ou l'aider. Il visite la maison de redressement tenue par l'église, avec ses curés aux mains baladeuses ; puis un hôpital psychiatrique aux méthodes inefficaces ; ou encore la police et la prison. Mais personne ne parvient à arrêter ou à enfermer Francie. Manipulateur et rusé, il s'échappe toujours et commet des forfaits de plus en plus délirants, dictés par sa schizophrénie et sa paranoïa galopantes.

Alors que la famille ne génère que haine et amertume, les institutions sont donc impuissantes et inefficaces à juguler la folie du petit Francie, de plus en plus livré à lui-même et à ses visions hallucinées. La paranoïa du petit Francie reflète l'esprit de son temps, d'une guerre froide au cours de laquelle les postes de télévision annoncent un imminent troisième conflit mondial, où la peur des Rouges frappe même dans les recoins de campagne éloignés de l'Irlande.

Tragique et drôle à la fois, BUTCHER BOY ne sombre jamais dans le drame ou dans le larmoyant. Le point de vue est délibérément grinçant, presque guilleret, à la hauteur d'un enfant manifestement incapable de mesurer la portée de ses actes. Si le métrage s'ouvre de façon classique, son ton, ses images, basculent de plus dans l'hystérie et la bizarrerie, dans une agressivité cinglante ponctuée par une imagerie surréaliste. Neil Jordan joue avec habileté de la notion de point de vue pour créer des décalages et des correspondances habiles entre les faits vus à l'écran et le propos de la voix off accompagnant le métrage (celle de Francie devenu adulte).

La richesse de ces deux portraits en miroir (celui de Francie d'une part et celui d'une Irlande traditionnelle dépassée par ses propres enfants d'autre part) engendre des petites longueurs, le style de Neil Jordan aurait pu être encore plus incisif. Tout cela est tout de même compensé par la subtilité du propos, l'excellente qualité de l'interprétation et la singularité de ce métrage personnel, éloigné des formules toutes faites.

Chronique acide de l'enfance dérangée, BUTCHER BOY paraît un cousin irlandais du LEOLO de Jean-Claude Lozon, plongeant dans les méandres de l'esprit d'un garçonnet fou, à la fois criminel et innocent, inquiétant et attachant. Le paradoxe moral est de créer de la sympathie pour cet enfant cruel et dangereux, auquel la vie n'a pas fait aucun cadeau. Comme le dit une des ménagères faisant la queue dans l'épicerie du village : «Ce garçon n'avait aucune chance...».

Si BUTCHER BOY ne rencontre guère de succès commercial, il recueille tout de même son lot de récompenses et de critiques favorables. Dans le catalogue Warner, il a toutefois gardé un statut un brin obscur.

Il sort pour la première en DVD aux USA, en 2007, dans une édition ne proposant ni doublage français, ni sous-titrage dans notre langue. En France BUTCHER BOY fait surface en 2008, sous la forme d'un DVD Warner distribué au sein d'une collection exclusive à la FNAC, distribué à prix raisonnable.

Dès le départ, on a peur. La jaquette indique un format d'image 1.33 [4/3]. Mais, ouf, il s'agit d'une coquille, et le métrage est bien proposé en 1.85, son cadrage d'origine ! Les bonnes surprises s'arrêtent là, car ce master est 4/3 seulement. Il y a de quoi être déçu ! La copie d'origine étant propre et soignée, la perte de définition n'est pas excessivement dommageable. Mais cela reste tout de même d'autant moins admissible que le DVD américain contient quant à lui une copie 1.85 [16/9] !

En ce qui concerne les bandes son, ce n'est guère mieux. Le mixage d'origine du métrage est en Dolby Digital 5.1, mais nous n'avons ici que des versions sonores (française et anglaise) en stéréo 2.0 ! Si le résultat est fonctionnel, il est à nouveau rageant de constater que le DVD américain propose de son côté la piste anglaise 5.1 d'origine ! Nous trouvons également des sous-titres français optionnels, qui s'affichent dans l'image, permettant ainsi de visionner correctement le métrage en 1.85 zoomé sur un écran 16/9.

En guise de supplément, le néant absolu attend l'acheteur. Alors que, à nouveau, le DVD américain offrait quelques bonus (scènes coupées, commentaire audio de Neil Jordan et bande annonce)...

Bref, quand bien même ce disque français est vendu à prix modique, il ne satisfait pas les critères minimums que nous attendons d'un DVD. Il reste pourtant la seule solution permettant de visionner BUTCHER BOY en français ou avec des sous-titres français. Les anglophones auront quant à eux tout intérêt à se tourner vers le disque américain...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Un film singulier et grinçant
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Pas de 16/9 !
Mixage 5.1 d'origine non proposé !
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L'édition vidéo
THE BUTCHER BOY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h49
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      Aucun
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