Un homme d'affaire japonais commandite une mission jugée impossible auprès de spécialistes du vol d'informations. De l'espionnage un peu particulier puisque ceux qui le pratiquent envahissent les rêves de leur cible pour les amener à révéler leurs secrets. Cette fois, on ne leur demande pas de récupérer des données sensibles mais plutôt d'influencer leur victime…
Cela fait une dizaine d'années que Christopher Nolan n'a pas assumé seul l'écriture de l'un de ses films. Peut être parce que justement, le cinéaste travaillait depuis tout ce temps sur l'une de ses propres idées qui se concrétise à présent sur les écrans sous la forme de INCEPTION. Le film n'est pas l'adaptation d'un livre (LE PRESTIGE) ou d'un personnage de bande dessinée (BATMAN BEGINS et THE DARK KNIGHT) et n'a rien d'un remake (INSOMNIA). Christopher Nolan a fabriqué de lui-même l'univers de INCEPTION qui s'avère un mélange très réussi de science-fiction, de films noirs tout en s'écartant complètement des grosses machineries hollywoodiennes. Comme à son habitude, Christopher Nolan s'adresse donc à un public adulte et si l'aspect spectaculaire de INCEPTION est assurément présent, l'intrigue nécessitera un minimum d'effort de la part des spectateurs.
INCEPTION part d'un concept qui n'a pourtant rien de bien nouveau. L'exploration des rêves est déjà présente au cinéma depuis au moins vingt cinq ans. On pourrait citer LES GRIFFES DE LA NUIT et ses suites où des personnages sont assez souvent amenés à se promener dans les univers oniriques d'autrui. Mais, plus antérieur, on trouve surtout DREAMSCAPE où l'intrusion dans les rêves débouchaient sur des machinations insidieuses. Ce type d'idées, on le retrouve aussi dans le plus récent THE CELL ou encore la série télévisée SLEEPWALKERS. Avec INCEPTION, Christopher Nolan va se différencier en adoptant, en premier lieu, une intrigue complexe qui imbrique plusieurs univers et lieux différents. En cela, on reste assez nettement dans ce qu'avait pu faire auparavant le cinéaste sur quasiment tous ses films. Mais, tout aussi curieux dans le cadre d'une grosse production formatée pour une sortie estivale, INCEPTION ne cède jamais à la facilité. En plaçant une grande partie de son intrigue dans des univers oniriques, on pouvait s'attendre à ce que INCEPTION expose des délires sur grand écran comme avait pu le faire THE CELL. Une attente qui pourrait faire naître une vague déception si la logique d'INCEPTION n'était pas justement d'exposer des rêves où l'étrange s'insinue de manière sournoise. Car, après tout, Christopher Nolan raconte avant tout la mise en place d'une machination machiavélique, jugée inconcevable et montée par une équipe de professionnels du hold-up mental. INCEPTION fait pas mal penser à une version de MISSION IMPOSSIBLE qui s'égarerait dans les terres d'une science-fiction métaphysique voire même psychanalytique. Evoqué de cette manière, cela aurait tendance à faire peur !
Et pourtant, si INCEPTION peut se montrer un peu exigeant, il n'en reste pas moins, et surtout, un film à grand spectacle particulièrement divertissant. Les excellentes idées de mise en scène fusent, les rebondissements s'avèrent plutôt bien maîtrisés et le métrage va même jusqu'à explorer des sujets graves sans s'y appesantir lourdement. Néanmoins, on pourra peut être reprocher des montages en parallèle un peu brusques qui nous font passer d'une séquence limite intimiste à des fusillades explosives. Une étrangeté qui participe, peut être, finalement à l'ambiance très particulière d'un métrage qui se veut tout autant une réflexion intérieure et personnelle qu'un blockbuster… Des éléments qui pourront paraître un peu antinomique mais que INCEPTION réussit à faire cohabiter dans un vrai grand film de cinéma qui ne prend pas les spectateurs pour des demeurés ! Cela ne devrait pas avoir de mal à séduire, espérons le, surtout que toutes les chances sont mises du côté de INCEPTION qui se paie un excellent casting où l'on retrouve, aussi, quelques habitués du cinéma de Christopher Nolan : Leonardo DiCaprio, Cillian Murphy, Ken Watanabe, Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy ou encore Michael Caine dans un tout petit rôle.