Membre d'Europol, l'agent Mika Coretti n'est pas prise au sérieux avec ses théories concernant l'existence de ninjas qui seraient utilisés comme des tueurs à gages. Jusqu'au jour où sa persévérance commence à agacer un clan de ninjas qui va s'attaquer à elle…
Comme pas mal d'autres métrages, NINJA ASSASSIN a profité d'aides financières allouées aux films tournés en Allemagne. En gros, un quart du budget sera ainsi obtenu et donnera à ce film américain son statut de coproduction allemande. De fait, la production délocalise le tournage à Berlin mais surtout dans les Studios Babelsberg. Le réalisateur, James McTeigue, connaît bien les lieux puisqu'il a déjà réalisé V POUR VENDETTA puis à travailler sur SPEED RACER dans ces mythiques studios allemands. Justement, NINJA ASSASSIN tire sa source de SPEED RACER. James McTeigue collabore depuis MATRIX avec les frères Wachowski et il s'occupait de dirigeait la seconde équipe de SPEED RACER. Ce métrage à destination d'un public familial donnait un petit rôle à Rain, une star de la pop coréenne, et intégrait un combat bon enfant avec des ninjas. Cette séquence donne donc l'idée à James McTeigue et aux frères Wachowski de se lancer dans un film qui sera entièrement dédié aux fameux espions et tueurs furtifs du japon médiéval. Le ninja conserve encore aujourd'hui une part de mystère et de fantasme très largement entretenue par le cinéma ou les séries animées. Au Japon, on peut ainsi en trouver dans la série de films relativement sérieuse des SHINOBI NO MONO jusqu'aux plus récents (et débile) NIN X NIN ou encore SHINOBI : HEART UNDER BLADE. Les Américains se sont intéressés au sujet avec ON NE VIT QUE DEUX FOIS ou bien TUEUR D'ELITE de Sam Peckinpah mais l'image occidentale du ninja va surtout s'imposer définitivement via des séries B d'action produites durant les années 80 : LA FUREUR DU JUSTE, L'IMPLACABLE NINJA, ULTIME VIOLENCE, AMERICAN NINJA… Une tripotée de films qui n'auront de cesse de pervertir le ninja qui devient une sorte de super guerrier m'as-tu-vu prenant la pose devant l'objectif des caméras plutôt que de passer réellement inaperçu. Au passage, nos combattants furtifs vont gagner en prouesses physiques et en capacités délirantes, leur donnant une fois pour toute une aura d'ultimes guerriers. NINJA ASSASSIN n'a pas l'intention de se lancer dans une approche réaliste et offre donc une vision toujours plus fantasmatique !
Les qualités de NINJA ASSASSIN, il ne faudra pas vraiment les chercher du côté de son intrigue. Celle-ci est des plus basiques et ce même si la construction narrative tente de mélanger un peu tout en proposant un déroulement éclaté entre passé et présent. Il faut dire que six semaines avant le début du tournage, le scénario original est mis à la poubelle et qu'un autre scénariste est engagé pour sauver les meubles. J. Michael Straczynski rendra copie en moins de trois jours pour une version revue et corrigée de NINJA ASSASSIN. A l'écran, il faut bien reconnaître que l'on ne se pose pas vraiment la question puisque le film tend à accumuler les séquences d'action. Bien sûr, on pourra tiquer lorsqu'on nous sort deux personnages pourvus d'une particularité physique assez rare de manière à expliciter un rebondissement final franchement tiré par les cheveux. De même, avec le recul, l'histoire ne paraît pas des plus cohérentes mais peu importe. Car NINJA ASSASSIN est d'une générosité de tous les instants en abordant son sujet avec un sérieux des plus redoutables. L'humour se voit quelque peu évacué et se limitera à jeter un ninja dans une machine à laver. Les deux éléments qui surprennent le plus à la vision du film, c'est l'impression de retrouver une série B sans fioriture des années 80 et surtout une violence exacerbée ! La séquence d'ouverture du film donne ainsi le ton en zigouillant de manière extrêmement graphique un gang de jeunes qui se prennent pour des yakuzas. A ce titre, le tatoueur qui apparaît dans cette séquence explicite clairement que ce NINJA ASSASSIN n'est pas à destination d'un jeune public très «mode». Néanmoins, le film fait preuve d'un certain paradoxe en donnant justement le rôle principal à Rain qui s'avère être une idole de la pop dans son pays. Quoi qu'il en soit, le ninja n'aura de cesse de décapiter, démembrer, perforer et transpercer à grands coups de giclées d'hémoglobines tous les êtres humains qui se trouvent sur le chemin du clan de ninjas dépeint dans le film. Des giclées outrancières qui donnent une image très "dessin-animé" ou bande dessinée pour adulte à ce NINJA ASSASSIN.
La narration éclatée du film n'est pas sans rappeler la série KUNG FU. Le personnage principal se remémore son enseignement via des flashbacks. Une façon de poser les bases de l'action en cours mais aussi de donner un intéressant passé au héros. Mais il s'avère que cette partie du métrage est au final plus passionnante que l'histoire se déroulant au présent. L'entraînement des recrues ainsi qu'une petite amourette teintée d'une certaine poésie donne à NINJA ASSASSIN bien plus de substance que l'enquête d'un agent d'Europol et la simple vengeance du héros. Le film a le bon goût de rappeler Sho Kosugi, comédien qui avait popularisé la perversion du ninja en incarnant tour à tour les vilains artistes martiaux ou bien les vengeurs furtifs dans de nombreuses oeuvrettes du genre et même une série télévisée avec Lee Van Cleef. L'acteur a pris de la bouteille et n'est pas reconnaissable au premier coup d'œil. Néanmoins, il impose une évidente présence dans le rôle d'un chef de clan ninja. Et, comme dans les films des années 80, on le retrouvera en fin de métrage pour un ultime duel. C'est d'ailleurs lors de cet épilogue spectaculaire que NINJA ASSASSIN va terminer de flirter ouvertement avec le «Fantastique». Si jusque là les ninjas émergeaient telles des créatures insaisissables des ombres du décor, le métrage les dote sur la fin de capacités pour le moins irréelles… De quoi continuer à alimenter l'imaginaire du ninja sur pellicule en leur donnant cette fois une dimension à la limite du cinéma d'horreur, véritable créature increvable s'extirpant de l'ombre !
NINJA ASSASSIN souffre d'une intrigue peu passionnante et c'est donc essentiellement les affrontements sanglants et assez brutaux du film qui retiennent l'attention. Les amateurs d'action devraient donc apprécier ce spectacle régressif. C'est notre cas même si NINJA ASSASSIN surprend énormément de la part du réalisateur de V POUR VENDETTA. Ces deux films n'ayant strictement rien à voir l'un avec l'autre. Plutôt intelligent et «classe», V POUR VENDETTA laisse la place à un métrage bien plus bas de plafond où il est impossible de ne pas pointer du doigt la bêtise de certaines lignes de dialogues ou bien un côté finalement un peu répétitif dans l'action.
Alors que le film est distribué par Warner aux Etats-Unis, c'est StudioCanal qui propose NINJA ASSASSIN en salles et, à présent, en vidéo. Le film est présenté dans un transfert 16/9, au format cinéma respecté, plutôt joli. Une partie de NINJA ASSASSIN fait la part belle aux scènes nocturnes ou bien à la pénombre ce qui n'est pas toujours facile à retranscrire en DVD. On notera ici ou là des espaces sombres dans lesquels la retranscription numérique perd un peu les pédales. Rien d'énorme pour autant et le rendu général s'avère, en réalité, très satisfaisant. La sonorisation se fait par deux pistes audio en Dolby Digital 5.1, l'une pour la version originale sous-titrée et l'autre pour le doublage français. Percutantes, les pistes audio font la part belle aux ambiances et autres effets sonores.
Pour les suppléments, hélas, il faudra surtout se taper des segments très promotionnels. Deux vidéos d'interviews donnent la parole à James McTeigue en compagnie de Rain et à Joel Silver. Elles ont été réalisées quelques jours après la première du film et le discours se veut très positif concernant tous les aspects qui entourent le film. On nous vante ainsi les mérites des personnages et de l'histoire que raconte NINJA ASSASSIN en précisant bien qu'il s'agit de la première fois que l'on propose une intrigue aussi développée dans ce type de film. Evidemment, découvrir ce type d'intervention après la vision de NINJA ASSASSIN a de quoi surprendre. On peut aussi voir un making-of très orienté vers les scènes d'action où l'on retrouve une partie des comédiens mais aussi des cascadeurs ainsi que le réalisateur et le producteur. Un clip vidéo montre aussi des images du tournage sans commentaire. Ces vidéos donnent l'occasion de découvrir subrepticement que les giclées sanglantes n'ont pas été réalisées à 100% en images numériques mais que les retouches leur ont donné, à l'évidence, des accents plus esthétiques. Les suppléments se terminent avec la bande-annonce.