Header Critique : LONTANO DALLA LUCE (DEMON'S TWILIGHT)

Critique du film
LONTANO DALLA LUCE 2010

DEMON'S TWILIGHT 

En deuxième page du Variety Daily du 21 mai 2010 s'affiche LONTANO DALLA LUCE ("Loin de la lumière") ou encore DEMON'S TWILIGHT sous son titre de vente international, une production Minerva Pictures Group. Le visuel plutôt laid tranche avec la phrase d'accroche «le retour du style gothique Italien à la Mario Bava». Rien que ça ? En amateur de fantastique italien, la promesse néo-bava promise ne laisse pas dupe – surtout sur une affiche bricolée à la va-vite sur Photoshop, mais comme on dirait Prends ta Rolls et va pointer et sans jouer les Planqués du régiment, «C'est dingue, mais on y va».

Pour leur travail universitaire, cinq étudiants décident de filmer un cas de possession démoniaque afin d'en tirer des causes psychologiques. Bien évidemment, tout va déraper (sinon, pas de film). Si ce club des 5 avait déjà eu connaissance du genre de films dans lequels ils s'aventurent, ils auraient du se douter d'un problème. Mais rien, absolument rien ne prépare ni les protagonistes ni les spectateurs à cette catastrophe cinématographique en DV, premier long métrage de Federico Lagna et de son équipe.

Le spectacle s'avère en effet dès le début rigoureusement cataclysmique. Un vrai néant créatif, l'alpha et l'oméga de la connerie digitale, des tetra octets de médiocrité se déversant sur l'écran. Il n'y a pas de mot assez fort pour décrire l'absence totale de talent et la nullité entropique de ce machin.

Des intérieurs de banlieue turinoise bling bling servent de lieu de réunion aux cinq étudiants qui s'écharpent au bout de dix minutes. Les tensions entre les couples apparaissent et le héros n'en fait qu'à sa tête. Oui, nous sommes à Turin, ville favorite de Dario Argento. Sauf qu'ici, on aurait pu se trouver à Ouarzazate ou Ostende que cela aurait été pareil. En fait, on s'en fout un peu car on s'ennuie déjà ferme. Le look série rose du pauvre n'arrange rien. Tandis que le jeu catastrophique des acteurs couplé à un amateurisme larvé rendent la chose (déjà) irregardable. D'ailleurs, en se retournant dans le cinéma, trois spectateurs dorment déjà et plusieurs ont quitté la salle de projection. Mauvais signe.

Mais le scénario poursuit son bonhomme de chemin. Et là, trouvaille ! Nos héros du paranormal-spaghetti de pacotille trouvent une rescapée d'une précédente possession qui s'est adonnée depuis aux groupes de hard rock rital forcément satanique (ta mère) et autres gang bang youplaboum d'après concert. Elle s'est assagie mais accepte néanmoins de se faire filmer en pleine possession – mais pas de ses moyens, visiblement. A moins qu'il ne s'agisse d'une supercherie ? Super ? Chérie ? En fait, on s'en fout toujours autant. Les toilettes sont trop loin de la salle, impossible de faire une pause bien méritée. Parce qu'on ne sait jamais dans notre métier, une scène pouvant subitement remonter le niveau du reste. Alors on se concentre et on attend. On attend encore. L'écran serait noir que le niveau serait déjà meilleur. Mais malheureusement ici, les images n'arrêtent pas de revenir sur ce satané écran.

Au bout de trente minutes, votre serviteur se rend compte que le fantastique italien a crevé un nouveau sous-sol. Avec un naufrage comme LA TERZA MADRE, on peut au moins en rire. Ici, c'est désespérant. J'ai pensé mourir d'ennui durant les gesticulations outrancières de la blondasse épileptique. Un effet trouille totalement raté survient alors : la possédée (pauvre Elisa Lombardo !) saute sur un jeune venu voir se qu'il se passe. Mais le metteur en scène est tellement à côté de la plaque qu'elle donne l'impression de se casser la figure de son lit. Hilarité générale dans la salle. Et là, on sait que le film a tout dépassé, y compris le mur du mauvais goût et le degré zéro de l'inventivité. Malgré cela, le réalisateur ose la référence qui frise l'insulte : le caméraman (Omar Ramero) regarde une scène de LA SORCIERE SANGLANTE qui passe à la télévision. Tu comprends, spectateur, la réflexion postmoderne qui s'empare de toi ?

Le final s'enfonce dans l'interminable. Enfin, surtout dans le minable vue l'incapacité continue de tous les protagonistes, acteurs comme équipe technique, de rendre cette entreprise crédible ne serait-ce que dix secondes. Dix secondes, c'est quand même pas le bout du monde, non ? Eh bien si. En désespoir de cause d'un héros translucide (Dil Gabriele Dell'Airea), le réalisateur balance n'importe quoi sur l'écran. Des images accélérées de la possédée à rendre l'interprétation finale d'Izabella Scorupco dans L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT (version Harlin chevelue) pour du Racine filmée par Carl Dreyer. Ou encore une scène de fesse ridicule où, en plein délire simili-Carole Bouquet, la mauvaise Linda Messerklinger semble dire «prends-moi comme une psychologue» à son héros pathétique. En lissant le tout d'un discours universitaire pompeux venant du Lidl du coin, la coupe est pleine.

Insortable en salles, inexploitable en DVD, seule une diffusion entre VOISIN VOISINE et un documentaire sur la pêche à la mouche dans la Vallée du Dessoubre à trois heures du matin sur TV Breizh pourrait à la rigueur être utile. A y réfléchir, ce morceau de péloche mérite un oubli nécessaire. Un cauchemar cinéphile, un vrai.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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