Dans une ferme isolée, un couple vit avec ses quatre enfants dont un bébé. La maman, portée sur la religion, commence à trouver un peu lourd le fait d'assumer son rôle de mère alors qu'elle voudrait bien souffler un peu. Pas de chance, son mari, camionneur, prend la route. La même nuit, notre maman pique alors une crise meurtrière contre ses quatre moutards !
Le «Baby blues» est généralement une courte dépression passagère dont une grande partie des mamans de nouveaux-nés font les frais. Dans certains cas, la dépression post-natale peut d'ailleurs prendre des tournants bien plus inquiétants. C'est ce qu'a voulu mettre en avant Lars Jacobson avec son film intitulé BABY BLUES. Dès le départ, le titre original du film impose quand même une erreur dans le sens où le personnage féminin du film souffre d'un cas beaucoup plus sérieux que le très commun «Baby blues». Si le titre est resté au générique, le métrage a été commercialisé sous le nom de CRADDLE WILL FALL en Grande Bretagne ou en Allemagne. En France, la traduction française du titre donne un surprenant et plutôt sobre THE MOTHER ! Lars Jacobson avoue s'être intéressé au cas de la dépression post-natale après que ce trouble ait été médiatisé au travers des confessions de l'actrice Brooke Shields. Celles-ci avaient créé une petite polémique lorsque Tom Cruise s'en était mêlé en fustigeant la comédienne de faire la promotion d'antidépresseur. Des potins qui mènent surtout à évoquer des cas moins hollywoodiens et surtout bien plus terrifiants, à l'image de celui de Andrea Pia Yates. Cette dernière a ainsi noyé ses cinq enfants pendant l'absence de son mari suite à une dépression post-natale et à des antécédents psychiatriques. C'est surtout ce personnage qui va influencer l'écriture du film et qui va d'ailleurs permettre d'apposer au métrage l'étiquette un bien racoleuse «Inspiré de faits réels…». Comme d'habitude, cette mention n'assure en rien l'évocation exacte d'un fait divers et Lars Jacobson revisite l'histoire originale à sa façon et il finira par co-réaliser la chose avec un autre cinéaste dont ce sera le premier long métrage, Amardeep Kaleka.
Les deux cinéastes vont donc narrer le pétage de plomb d'une jeune femme, mère de quatre enfants. Le cas d'une maman qui s'attaque à sa propre progéniture, cela s'avère assez rare au cinéma (ici en vidéo). Cela n'en fait pas pour autant une qualité car THE MOTHER démontre assez vite que le sujet manque cruellement de substance et de savoir-faire. En effet, il ne faut pas plus d'une demi-heure pour que tout soit exposé laissant alors la place à une quarantaine de minutes plutôt laborieuses. Le sujet est si mince que même les auteurs ont apparemment eu beaucoup de mal à étirer leur film pour atteindre une heure et quart de métrage, c'est dire ! Là où l'histoire aurait pu prendre de son intérêt, c'est justement en développant son personnage principal de manière à comprendre son état et son évolution. Au contraire, les deux réalisateurs esquissent à peine cet aspect de la psychologie d'une mère de famille à la dérive. A ce niveau, THE MOTHER tente vaguement de singer SHINING mais le film n'atteint jamais le même aspect terrifiant. Rien d'étonnant à cela car le film de Stanley Kubrick prenait le temps de faire monter la pression, d'instaurer une ambiance inquiétante et de nous faire partager la folie qui venait petit à petit s'immiscer dans le personnage interprété par Jack Nicholson. Ici, on prend des raccourcis… Il y avait pourtant matière à creuser puisque THE MOTHER passe en revue de manière assez express quelques pistes qui auraient pu expliquer l'accès de folie. Fanatisme reglieux ? Désœuvrement et envie de s'accomplir autrement qu'en restant au foyer ? Aucune importance… Quelques flashs mystiques, une lecture de la bible et une crise plus tard, la maman se transforme en furie meurtrière !
Dès lors, le film prend des airs de slasher du pauvre. Il faut dire que le nombre de victimes est assez limité en raison d'une intrigue se déroulant dans un milieu rural isolé. On pourra tout de même être pour le moins surpris par la crudité avec laquelle les deux cinéastes abordent la violence sur les enfants dans THE MOTHER. Particulièrement lors d'une première mort dont on ne découvre que le résultat, lequel s'avère assez dérangeant. On pourrait être tenté d'y voir un côté frondeur si le propos du film n'était pas aussi creux. Lars Jacobson et Amardeep Kaleka donnent donc surtout l'impression d'avoir accouché d'un film gratuit et bêtement provocateur. N'ayant rien à dire de plus, le film devient plutôt lassant dès qu'un jeu du chat et de la souris s'engage en alternant rebondissements ridicules et séquences pathétiques. Une course poursuite qui s'éternise longuement et sans tension ! Pourtant, l'actrice Colleen Porch se montre plutôt convaincante en début de film. De carrément flippante, elle perdra au fur et à mesure cette aura inquiétante pour n'être plus au final qu'une caricature de vilaine hystérique, et ce en raison d'un scénario qui tourne à vide. Au moment où le film semble se terminer, il faudra encore se taper un épilogue des plus stupides dont on ne sait s'il s'agit d'une blague ou de l'envie de poser les jalons pour une suite. Pourtant difficile d'être totalement négatif avec THE MOTHER quand, dans la même semaine, on s'inflige le degré zéro de l'imagination horrifique avec des films comme LIVE ANIMALS ! Moins pire, ça ne donne pas un bon film pour autant…
Si l'on en croit la mention «Une sélection Mad Movies», THE MOTHER sera donc très certainement proposé à la vente dans un réseau de distribution traditionnel mais aussi en kiosque pour les heureux lecteurs du magazine Mad Movies au début du mois de mai 2010. La jaquette du DVD gonfle la durée du film d'une dizaine de minutes et indique 2009 comme date de production. Le reste des informations est par contre correct même s'il est difficile de prendre au sérieux, après avoir vu le film, les affirmations d'un blog américain dont quelques phrases sont reprises au verso. Une fois dans le lecteur, le DVD livre un transfert 16/9 au contraste un peu mou. Ainsi, les noirs sont souvent bouchés (pour ne pas dire les gris). Cela donne à l'image un côté peu naturel, ce qui est pas mal renforcé par le traitement de l'image à coups de filtres colorés en post-production. Deux pistes audio sont disponibles, les deux en stéréo, avec d'un côté la version originale anglaise et de l'autre un doublage français. D'un point de vue artistique, il est préférable d'éviter le doublage, c'est d'ailleurs assez souvent le cas pour des films mettant en scène des enfants. Dans les deux cas, d'un point de vue technique, ce ne sera pas une claque sonore. Pour l'interactivité, le disque propose de voir la bande-annonce, en version française seulement, qui résume de manière énergique l'intégralité de THE MOTHER. A noter que la bande-annonce ne porte pas le titre BABY BLUES, comme le générique du film, mais CRADDLE WILL FALL.