Esclave depuis de nombreuses années, un mystérieux borgne est utilisé pour des combats dont il sort toujours vainqueur et ce malgré les handicaps qu'on peut lui infliger. Grâce à un concours de circonstance, il retrouve sa liberté et s'enfuit en compagnie d'un enfant…
Sans déflorer l'intégralité du contenu de VALHALLA RISING, ou plutôt LE GUERRIER SILENCIEUX en France, il est assez ardu de proposer un synopsis satisfaisant. Car si le métrage est découpé en six parties, chacune introduite par un titre à la manière de chapitres, l'odyssée du héros mutique au centre du film est des plus linéaires et ne propose, au final, que bien peu de rebondissements. Passé la première partie du film composée de combats et de l'évasion, LE GUERRIER SILENCIEUX va alors entrer dans un déroulement plutôt contemplatif qui ne peut que surprendre. Là où l'affiche, le sujet du film et même la bande-annonce laissaient à penser que nous allions être confrontés à un spectacle barbare, il faudra au contraire se contenter d'une œuvre tendant plus vers le film d'auteur et s'orientant même vers le récit métaphysique un poil abscons.
Si le cinéaste danois, Nicolas Winding Refn, s'est fait une certaine réputation avec la trilogie PUSHER ainsi que BRONSON, ce nouveau métrage se rapproche bien plus de son bien peu intéressant INSIDE JOB. Les deux films partagent un récit assez simpliste étiré très lentement de manière à atteindre la durée d'un long métrage. Force est tout de même de reconnaître que le réalisateur réussit à capter de magnifiques images, aussi belles que d'une grande simplicité. Le périple du héros ressemble dès lors plus à un voyage onirique jusqu'au limite du monde connu pour atteindre, en quelque sorte, un royaume où ils n'ont pas vraiment leur place. Le titre du film pourrait laisser à penser que la petite troupe débarque au Valhalla, le paradis viking, mais le métrage réfute cette idée en proposant une solution plus terre à terre et concrète. Une dernière révélation en fin de métrage qui n'a rien d'exceptionnelle, d'autres films ayant déjà placé des vikings dans ce même contexte.
On pourra être surpris que Nicolas Winding Refn ne cite pas Werner Herzog à propos de son GUERRIER SILENCIEUX. Car le film partage plusieurs points communs avec AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU où l'on suivait une expédition de conquistadors. Dans les deux cas, on retrouve par exemple l'envie de créer un nouveau royaume, une ambition complètement folle en raison du contexte désespéré de l'aventure. De même, les deux films partagent une longue errance à bord d'embarcations. Enfin, dans les deux cas, les cinéastes partent d'un postulat historique véridique pour broder une histoire fabriquée de toutes pièces. Toutefois, Werner Herzog alimentait son récit de rebondissements et, surtout, se montrait limpide. Tout le contraire du film de Nicolas Winding Refn qui préfère se renfermer sur lui-même en offrant un spectacle particulièrement langoureux où les dialogues se font extrêmement rares. Plus gênant, le contraste entre la première partie du film, particulièrement violente, et le reste du métrage joue quelque peu en défaveur d'une œuvre pour le moins étrange. A tel point que les combats et autres séquences gores semblent, au final, exagérément gratuites. Un peu comme si CONAN LE BARBARE avait été repris en cours de route par un Andreï Tarkovski. De fait, LE GUERRIER SILENCIEUX ne risque pas vraiment de rivaliser avec les autres métrages mettant en scène des vikings. D'ailleurs, Nicolas Winding Refn avoue lui-même ne rien connaître au viking et que son métrage a changé radicalement d'orientation au moment de débuter le tournage. Attention, donc, de ne pas trop fantasmer sur un Mads Mikkelsen, toujours impeccable, en ultime guerrier dont le torse est recouvert de peintures tribales. Pour apprécier LE GUERRIER SILENCIEUX, il faudra surtout faire un certain effort pour ne pas décrocher en cours de métrage à moins d'être totalement envoûté par les images et la musique.