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Critique du film
AMER 2009

 

Trois tranches de vies d'une jeune femme permettent d'appréhender son évolution psychologique vis à vis du sexe. Les choses secrètes cachées aux enfants ou les tentations de l'adolescence sont autant d'éléments qui vont mener l'héroïne à ce qu'elle est aujourd'hui…

Sous le charme du giallo, Bruno Forzani et Hélène Cattet passent au long métrage de manière à prolonger leur vision du cinéma qu'ils avaient déjà dévoilé au travers de courts-métrages. Les trois parties de AMER semblent d'ailleurs être, eux-mêmes, trois courts qui viennent, chacun, nous exposer le cheminement d'une jeune femme face à son appréhension de la sexualité. Appréhension qui débute donc assez naturellement par l'enfance où l'innocence d'une fillette est confrontée aux ébats de ses parents. La seconde partie du métrage nous dévoile l'éveil du désir chez une adolescente alors que sa mère réprime ses ardeurs. Enfin, la troisième partie expose le trauma de la jeune femme qui se débats avec ses propres frustrations et fantasmes. Au sein d'un giallo, ce type profil psychologique va se dévoiler au fur et à mesure d'une enquête ou, tout du moins, d'une histoire relativement classique. Seulement Bruno Forzani et Hélène Cattet n'adoptent en rien cette approche et se servent de l'aspect formel du giallo pour s'intéresser essentiellement à leur personnage principal. AMER évacue l'aspect narratif traditionnel, gomme les dialogues et illustre surtout la personnalité de son héroine au travers d'images et de sons. Le métrage se fait dès lors carrément conceptuel et a toutes les chances de désarçonner ceux qui pourraient s'attendre à un giallo pur jus.

Ultra référentiel dans sa forme, les connaisseurs ne manqueront pas de relever des images et musiques familières, AMER s'impose avant tout comme une expérience cinématographique assez radicale. Quelque part entre le clip vidéo et le film d'auteur surréaliste, AMER étire son esthétisme exacerbé sans aucune pause. Mais, sur une heure et demi, cette profusion de «moments forts» tend à se desservir. En effet, à moins d'entrer dans le trip et être complètement séduit, on peut être amené à suivre longuement certaines séquences. La deuxième partie du film est, à ce niveau là, très certainement la moins réussie en s'attardant avec beaucoup d'insistance sur le trajet d'une adolescente et de sa mère. C'est aussi cette seconde partie qui semble, au final, la moins aboutie au niveau des thèmes exposés dans le film. On pourra d'ailleurs rapprocher la séquence des motards de celle de TWILIGHT – CHAPITRE 2, la finalité étant sensiblement la même tout en offrant une image un poil naïve. Néanmoins, contrairement à la connerie «rose bonbon» de Chris Weitz, AMER se dédouane en plaçant cela dans un contexte bien différent. Clairement inspiré par le SUSPIRIA de Dario Argento, la première partie du film intrigue fortement tout en réussissant à instaurer une ambiance plutôt étrange. Toutefois, il faudra attendre la dernière partie pour comprendre réellement ce qu'essayent de nous dire les deux cinéastes de AMER. Pour ceux qui décrocheront en cours de route, il faudra malheureusement faire preuve de pas mal de patience.

AMER est un film pour le moins osé puisque le métrage n'essaie pas de se faire le plus accessible possible. Bien au contraire, le métrage de Bruno Forzani et Hélène Cattet pourra sembler un peu autiste. Cela prouve au moins que les deux cinéastes n'ont pas transigé sur leur propre vision artistique. Cela donne par endroit des idées très curieuses mais aussi pour le moins astucieuses comme lorsque l'héroïne en vient à se noyer dans sa propre frustration sexuelle. En marge de la réalité, AMER ressemble à un fantasme cinématographique forcément très fétichiste et onirique. Pour apprécier cette rêverie cauchemardesque, il faudra tout de même se laisser charmer par l'aspect sensuel du film sous peine de rester totalement froid… Reste que AMER est un métrage largement plus audacieux dans le paysage français que les essais francophones vues sur les écrans dernièrement !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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