Tibor Malkav est un introverti qui a beaucoup de mal à tisser des liens relationnels avec les autres. A vrai dire, il semble plus à l'aise dans son activité professionnellz en tant que médecin légiste et au contact de personnes décédées. Ses moyens financiers l'empêchent de faire traiter sa mère tombée gravement malade et sur le point de mourir. C'est à ce moment là qu'un homme étrange vient lui proposer une forte somme d'argent en échange d'un petit service : tuer un homme qu'il ne connaît pas.
D'origine hongroise, Gigor Attila, ou Attila Galambos, réalise son premier long-métrage pour le cinéma avec L'INVESTIGATEUR. En plus de réaliser le film, le jeune cinéaste assume aussi l'écriture de ce premier essai cinématographique. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il expose nettement une certaine personnalité en prenant un sujet de prime abord assez simple pour le traiter de façon assez particulière. L'intrigue de L'INVESTIGATEUR est, en effet, un métrage policier dont le sujet peut vaguement faire penser, toute proportion gardée, aux thrillers d'Hitchcock. On retrouve ici un complot quelque peu machiavélique avec un homme qui se trouve embringuer dans une sale histoire plus ou moins contre son gré. Il lui faudra ensuite prouver son «innocence» et surtout lever le voile sur les tenants et aboutissants d'un crime. Toutefois, L'INVESTIGATEUR déforme un peu les règles en plaçant le coupable dans le rôle de celui qui doit mener l'enquête. Un retournement de situation assez étonnant puisque le meurtrier n'est plus un homme totalement innocent, bien au contraire. L'issue du métrage cultivera encore plus cet état de fait en appuyant toujours plus l'humour noir de L'INVESTIGATEUR.
Si l'univers de L'INVESTIGATEUR pourra paraître des plus sombres, son auteur transforme assez vite son métrage en comédie grinçante. Son personnage principal, frappé d'une très forte introversion, paraît en total décalage avec le monde qui l'entoure et ses relations avec les différents protagonistes offrent souvent des répliques ou situations assez étranges. Mais le réalisateur de L'INVESTIGATEUR va bien plus loin puisque le film est clairement narré selon le point de vue de son anti-héros. A de nombreuses reprises, le métrage pénètre carrément dans la tête du personnage principal et expose des situations pour le moins surréalistes. Les dialogues avec des morts deviennent alors monnaie courante et, dès lors, rien n'empêche d'échanger quelques mots avec une maladie représentée par un animal. Pas mal de séquences qui viennent donner une dimension assez bizarre à L'INVESTIGATEUR tout en lui donnant un cachet atypique. Certains rebondissements, amenés de manière parfois assez abrupte, vont ainsi dans le même sens et rendent peu prévisible une partie du déroulement de l'histoire. Déjà un poil humoristique en raison de la fantaisie déployée par la narration, le réalisateur et scénariste se permet aussi de lâcher ici ou là des réflexions acides comme les échanges avec les caissiers d'un cinéma. Enfin, L'INVESTIGATEUR n'oublie pas de proposer une romance qui défie toute logique et qui devient de fait, quelque part, plutôt touchante. Mais le cinéaste chamboule au final, lors de sa dernière séquence, cette relation sentimentale pour nous offrir un dernier pied de nez inquiétant. Autant dire que L'INVESTIGATEUR est une bonne surprise pour ceux qui cherchent à découvrir des films sympathiques et différents du tout venant !
Après une sortie très limitée dans les salles françaises durant l'été 2009, L'INVESTIGATEUR tente sa chance en vidéo. Studio Canal propose une édition DVD qui permet de voir le film avec un transfert 16/9, au format cinéma respecté, d'excellente facture. L'image y est plutôt bien définie et il est difficile de trouver de véritables défauts notables. Le DVD propose le choix entre la version hongroise avec sous-titrage en français et un doublage dans notre langue. Ce dernier n'est proposé qu'en stéréo alors que la version originale dispose d'une piste en Dolby Digital 5.1. Cette dernière n'est pas vraiment spectaculaire et se contente d'illustrer très correctement un métrage qui se veut, de toutes façons, plutôt sobre dans ses effets.
L'interactivité du DVD est, par contre, assez pauvre. Car les seuls suppléments sont une poignée de bandes-annonces d'autres métrages distribués par l'éditeur. La plupart provenant des pays nordiques et l'on peut donc y trouver un avant-goût des deux COLD PREY que l'on vous recommande chaudement. Toutes ces bandes-annonces sont lancées directement à l'insertion du DVD ce qui fait quand même pas mal de matière avant de réussir à atteindre le menu principal. A noter que les bandes-annonces sont aussi disponibles par la suite sur un menu dédié où l'on retrouve, aussi, celle de L'INVESTIGATEUR.