Header Critique : BACH KE ZARA

Critique du film et du DVD Zone 5
BACH KE ZARA 2008

 

Un professeur-aventurier vient de revenir de sa dernière expédition avec en poche un mystérieux grimoire. Bien que prometteuse, cette trouvaille éveillera les forces du mal et causera la perte du chercheur et de sa jeune épouse. Quelques temps plus tard, Sunny, Nicole (!), Raja, Sheena et Sweety tombent sur la demeure maudite alors qu'ils étaient en virée. L'esprit était à la gaudriole mais la donne va bien vite changer. Après avoir aperçu un spectre chantant et s'être faite agressée par des arbres, Sweety deviendra un ricanant démon. Ses camarades parviendront à l'enfermer mais cela n'endiguera pas pour autant le mal...

A l'heure où Hollywood remake à tour de bras ses classiques de l'horreur, il est étonnant qu'EVIL DEAD de Sam Raimi n'ait pas encore eu la «chance» d'être à son tour repensé (NDLR : c'est en cours). C'est du moins vrai sur le sol américain car l'industrie cinématographique indienne n'a pour sa part éprouvé aucun scrupule. La preuve en est avec ce BACH KE ZARA, produit sans les droits mais aussi sans le sou. En effet, si EVIL DEAD avait été mis en boite pour environ 350.000 petits dollars, nul doute que cette resucée n'a guère dû coûter plus de 350 roupies ! Bienvenue donc dans l'univers du Bis indien et jetons un oeil à ce que nous réserve ce cinéma une fois débarrassé de son faste, de ses strass et de ses acteurs dansants...

Le début du métrage donne le ton avec quelques décors vides, une nudité partielle ainsi qu'un couple d'acteurs récitant son texte avec la conviction du débutant. Cette introduction extrapole quelque peu le métrage de Sam Raimi puisqu'elle nous présente le professeur, découvreur du Necronomicon, ainsi que sa compagne dévêtue. Nous serons quelque peu déçus de constater que les ambitions du bonhomme sont avant tout la gloire et la prospérité mais reconnaissons qu'il s'agit bien là du genre de déconvenue auquel on s'expose lorsqu'on lève le voile sur la facette masquée d'un mythe... Parfaitement conscient que ce genre d'amertume se digère mieux lorsqu'elle est accompagnée d'une sucrerie, le réalisateur Salim Raza enchaîne donc aussi sec sur l'unique intermède musical du film. A l'évidence plus friqué que l'ensemble du métrage, celui-ci n'en demeure pas moins décalé car faisant la part belle à un érotisme douteux composé de demoiselles siliconées, de culturistes boueux et de postures graveleuses. L'apogée de ce clip irrévérencieux verra même une ronde de gaillards faire «gicler» de la mayonnaise sur l'ondulante chanteuse-danseuse !

Passé ce «Bach ke Zara» élégamment remixé pour l'album «Miss Spicy Mix», le film reprend son cours et suit assez fidèlement le déroulement de l'oeuvre de Sam Raimi. Le réalisateur Salim Raza n'a pas une once de talent mais fait à l'évidence preuve de bonne volonté en tentant de reproduire ce qui fit le succès d'EVIL DEAD. Le rocking-chair se transforme ici en balançoire, la cave de la démone devient une pièce cadenassée et l'entité se déplaçant en vue suggestive opte désormais pour un rythme plutôt pépère... Les amateurs du film original ne seront pas dépaysés et avanceront donc en terrain connu. Reste que malgré tous ces «efforts», BACH KE ZARA n'en demeure pas moins un décalque abominable, la conséquence malheureuse d'une consommation rapide puis régurgitation maladive de l'oeuvre de Sam Raimi. On reconnaît bien là le mets de départ mais force est de constater qu'il ne fait plus très envie et qu'il a maintenant perdu tout ce qui faisait sa saveur. Les séquences-bouillies s'enchaîneront donc et, à chacune d'elles, toujours la même question : Comment diable était-il possible de la foirer à ce point ?

Malgré ce constat d'échec, Salim Raza semble assez confiant et mène sa barque sans mollir. N'ayant peur de rien, l'homme n'hésite du reste pas à doubler ses séquences favorites. Ce sera le cas de la scène de drague avec échanges de regards et succions de cannettes de bière, mais aussi celle de l'attaque par les branches. Car oui, vous lisez bien : BACH KE ZARA ne nous propose pas une, mais bien deux séquences de baston végétale ! Dans les deux cas, n'espérez pas retrouver le fameux viol mais tout au plus une empoignade musclée avec un lierre bien sec. Les arbres fouettent ainsi leurs victimes avec une hystérie remarquable, amplifiée de surcroît par des bruitages réalisés à la tapette à mouche. L'impact est garanti, le spectateur reste pantois, et se prend bien évidemment à espérer la suite...

Celle-ci sera du même tonneau, dévoilant un casting exclusivement balbutiant et perdu malgré la maigreur des dialogues. On hurle, on gesticule, on pleure et, de temps à autre, pour se rassurer, on lorgne l'arrière-train des actrices dont les petits shorty changent de couleur à chaque plan ! N'allez pas croire pour autant que BACH KE ZARA offre une alternative érotique stimulante. Ce n'est pas le cas. Si l'on excepte son incroyable maladresse et le piètre jeu des acteurs, le film n'est pas celui des excès. Comble du comble, même le gore ludique d'EVIL DEAD sera occulté, sans doute jugé trop outrancier. L'aspect horrifique du métrage ce résumera donc à peu de choses, à l'image d'un Necronomicon de quatre pages au contenu bien pudique puisque n'affichant qu'une photo de Darth Maul (STAR WARS : LA MENACE FANTOME) et le fameux poster du DRACULA de Coppola !

Vous l'aurez compris, BACH KE ZARA n'est pas à proprement parler un film recommandable. Reste qu'il pourra bien évidemment contenter les masochistes en quête de bizarreries venues du bout du monde ou, éventuellement, ceux qui doutent encore qu'un remake d'EVIL DEAD ait pu être réalisé. A ces derniers nous nous contenterons de dire : Croyez nous sur parole, ça existe, passez à autre chose !

Difficile de croire qu'un tel film puisse franchir le cercle de la famille du réalisateur. Et pourtant, BACH KE ZARA traverse même les frontières de son Inde natale pour une édition DVD exclusivement réservée à l'Europe de l'ouest ! C'est du moins ce qu'annonce la jaquette façonnée par l'éditeur KMI, effectivement responsable de l'arrivage de telles bobines en Angleterre et aux Pays-bas. Si cette démarche est bien évidemment synonyme d'un sous-titrage anglophone, elle n'impose cependant pas de quelconques qualités techniques…

Sachez tout d'abord que l'insertion du disque dans votre lecteur aura pour effet de lancer une longue et laborieuse publicité pour l'éditeur / distributeur KMI. Cette bande promo fleure bon la petite pub locale, à l'image de celles que nous diffusaient certains cinémas dans le but de promouvoir le kebab du coin, ou le restaurant de Monsieur Jacques qu'on nous dit convivial et chaleureux malgré la présence de photos prouvant le contraire… Ce petit instant de naïve nostalgie passé, le spectateur lancera bien évidemment le film et, ô surprise, devra subir à nouveau la même bande rétro usée nous scandant que KMI, c'est bien, c'est l'ami des Stars, achetez-en… Après cinq minutes de publicité, alors que nous n'y croyions plus vraiment, le film débute enfin. Nos rétines chauffent alors vite, et deviennent même brûlantes à la vue de cette copie 4/3 encodée à la louche, avec une évidente volonté de détérioration. Bien que préservant le ratio 1.85 d'origine, l'image se montre donc sale, terne, baveuse et bien légère en terme de définition. KMI réinvente la VHS, mais sur support numérique. Reconnaissons cependant qu'il nous est arrivé de voir pire et que le film reste découvrable en l'état… Après tout, si vous avez été jusqu'à acheter le disque, il serait bien dommage de freiner votre élan pour de basses raisons techniques !

Sur le plan sonore, nous aurons droit à un mixage Dolby Digital 5.1 n'utilisant que deux enceintes. Aucune spatialisation donc mais un léger souffle ainsi qu'un son plutôt sourd vous seront imposés durant tout le métrage. Voilà qui s'avère bien dommage car avec un peu plus d'effort, nous aurions pu profiter pleinement de l'atroce post-synchronisation, laquelle délivre par instant des dialogues quand les bouches sont closes…

Côté bonus, c'est bien évidemment le désert, le film étant déjà une compilation des scènes qui auraient dû être coupées et de séquences dignes d'un bêtisier. Comme sur la plupart des disques indiens, on retrouve cependant un chapitrage musical, lequel demeure bien pauvre puisqu'en plus du fameux clip d'introduction, nous n'aurons droit qu'à deux maigres apparitions d'un spectre mélancolique poussant rapidement la chansonnette…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
BACH KE ZARA DVD Zone 5 (India)
Editeur
KMI
Support
DVD (Simple couche)
Origine
India (Zone 5)
Date de Sortie
Durée
1h39
Image
1.85 (4/3)
Audio
Hindi Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
      Aucun
    Menus
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