Zakes et sa compagne Beth (William Ash et Christine Bottomley) sont au seuil de la rupture. A bord d'une voiture, ils se font violemment doubler par un camion dont l'entrebâillement des portes arrières laisse entrevoir une femme séquestrée à l'intérieur. Le couple va essayer d'en savoir plus dans le but de prévenir la police. Lors d'un chassé-croisé sur une aire d'autoroute, Beth disparaît.
On vous avait déjà parlé de HUSH, premier film du DJ Mark Tonderai, lors de notre compte rendu du Festival de Gérardmer en 2009. Une première vision mitigée pour ce petit film anglais tourné pour moins de deux millions de dollars et qui croule sous le déjà vu de son concept (repris de BREAKDOWN entre autre), le déjà vu de ses séquences (à mi-chemin entre le survival et le slasher) ou encore le déjà vu de son thème (le trafic d'êtres humains très à la mode depuis les HOSTEL). Même le titre HUSH est particulièrement galvaudé car déjà utilisé par des dizaines de films. Un nouveau visionnage quelques mois plus tard, à l'occasion de sa sortie française en DVD, nous permet de tempérer un peu cette première impression. Et si HUSH n'était qu'un petit film d'angoisse à l'ancienne, certes peu original, mais au final bien divertissant ?
HUSH n'a pas inventé l'eau chaude, mais c'est un petit film carré qui a compris que mettre en scène une traque sur 90 minutes impliquait des personnages à l'écriture solide. Zakes, qui sera au centre de l'image sur 75% des plans, est un jeune homme intéressant et particulièrement attachant. Jeune anglais au chômage, plutôt passif et parasite avec sa compagne, Zakes va devoir prendre de l'épaisseur s'il veut survivre jusqu'à la fin du film. L'anti héros devant se dépasser est encore un lieu commun de ce type de métrage. Heureusement, le comédien William Ash est suffisamment convaincant pour que le déroulement de l'histoire nous tienne en haleine, surtout que celle-ci nous réserve quelques rebondissements inattendus avec les forces de l'ordre.
Même si HUSH essaie un temps d'iconiser le camion détenant des femmes séquestrée, le «méchant» du film reste le conducteur. Ce dernier est représenté comme un colosse enveloppé d'un manteau à capuche (une référence à SAW ?) nous empêchant en permanence de voir son visage. En tout cas, l'hommage à DUEL de Steven Spielberg est évident même si le résultat est infiniment moins subtil. Une bonne partie de la traque de Zakes se fera à pied et non au volant. HUSH est un gigantesque jeu de chat et de la souris entre notre héros et le conducteur aux allures de croquemitaine ; une traque qui aura principalement lieu sur les aires de repos d'autoroute, entre le parking et les toilettes des stations services.
Carré et bien emballé, HUSH se laisse suivre sans déplaisir durant sa première heure. Peu gore, misant tout sur le suspense, le film a le goût des slashers des années 80. Mais le film perd de son intérêt lorsque Zakes fait temporairement équipe avec une victime ayant pu s'échapper du camion. Nouveau personnage intervenant à un moment où Zakes était sur le point de trouver la planque du camionneur, la femme fait retomber la tension et plonge l'histoire dans une aparté pour le moins grotesque. Les choses s'améliorent lors du final entre les deux hommes pour un ultime jeu de cache-cache. On quitte donc HUSH sur une note sympathique, avec la sensation d'avoir passé la dernière heure et demi sans ennui. Le film est plutôt destiné à une jeune génération peu au fait des précédents essais du genre et qui trouvera ici source à s'amuser devant un suspense rondement mené.
Comme nous l'imaginions lors de sa présentation à Gérardmer, HUSH nous arrive directement en vidéo sans passer par la case cinéma. L'image de cette édition française est de bonne qualité, le grain nocturne présent sur l'image étant bien entendu d'origine. Les pistes sonores sont toutes spatialisées avec efficacité, surtout la piste DTS proposée sur la version originale. Les bonus sont limités à la bande-annonce et au making of du film. Ce dernier nous invite, pour un gros quart d'heure, sur le tournage de HUSH pour un reportage plutôt orienté promotionnel. Le réalisateur s'exprime sincèrement sur sa responsabilité de livrer un bon film tandis que s'active autour de lui son équipe. Une fois n'est pas coutume, le reportage donne plus la parole aux chefs de poste qu'aux acteurs. Les propos sont donc plus pointus et donnent à voir un bon instantané d'une équipe au travail. Attention cependant à bien visionner ce making of après le film, les révélations étant légions aussi bien dans les propos que dans les images d'illustration.