Header Critique : BEAU-PERE, LE (THE STEPFATHER)

Critique du film
LE BEAU-PERE 2009

THE STEPFATHER 

Séparé de son ex-mari, Susan tombe amoureuse de David. Ce dernier s'installe assez vite dans la maisonnée où vivent les enfants de Susan. Lorsque le fils le plus âgé rentre à la maison pour les vacances, des frictions vont commencer à se faire sentir entre lui et son beau-père qui lui paraît bien étrange…

A la fin des années 80, LE BEAU-PERE est nominé dans pas mal de festivals de cinéma et obtient même quelques récompenses comme le Prix de la Critique au Festival du Film Policier de Cognac. Depuis, le film de Joseph Ruben, même s'il conserve une petite réputation au sein d'un public spécialisé, est tombé un peu dans l'oubli. Une aubaine pour les producteurs à la recherche de recettes ayant fait leurs preuves de manière à créer de nouveaux films. Bien qu'il ait déjà connu deux suites, LE BEAU-PERE est donc revu et corrigé par Screen Gems, une structure de production appartenant à Sony, dont le but est de fabriquer des films commerciaux orientés vers le cinéma de genre. Histoire de donner le ton, la réécriture du scénario original est confiée à J.S. Cardone. Un cinéaste qui peut avoir de rares accidents de parcours en réalisant par exemple le très réussi ZOMBIES mais qui, en général, ne fait pas spécialement des étincelles en emballant des produits alimentaires comme le médiocre 8MM 2. En tant que scénariste, ce n'est pas mieux puisqu'on lui doit entre autres THE CONVENANT ou bien LE BAL DE L'HORREUR. Ce dernier est d'ailleurs déjà le remake d'un slasher éponyme réalisé par Paul Lynch durant les années 80. Cela tombe bien puisque pour LE BEAU-PERE, J.S. Cardone retrouve aussi le réalisateur du LE BAL DE L'HORREUR, Nelson McCormick. La fine équipe ne prend pas trop de risque puisque LE BEAU-PERE version 2009 ne va pas tellement ruer dans les brancards et suit en gros le canevas du film original en limitant autant les innovations que le stress ou la violence.

Les auteurs du BEAU-PERE original s'inspiraient d'un véritable tueur qui avait été arrêté, grâce à une émission de télévision, plusieurs années après avoir disparu. Ce fait était absent du film original mais se retrouve dans son remake. Cela ne chamboulera pas grand chose. Pas plus que les agencements fait sur la composition familiale. A la place d'une adolescente suspicieuse, le nouveau «beau-père» se heurte à un adolescent de retour d'un internat plutôt strict. De plus, deux autres enfants viennent agrandir un cercle familial brisé par une séparation. Une situation qui permet ainsi d'intégrer le personnage de l'ex-mari. Voilà qui devrait rendre plus consistante l'intrigue au même titre que l'arrivée d'une sœur qui devient, au passage, l'employeur du beau-père. Reste qu'au final, le déroulement des deux films s'avèrent relativement semblables. Sauf que là où le film de Joseph Ruben présentait un atout de poids avec le comédien Terry O'Quinn, ce nouveau BEAU-PERE fait un choix de distribution bien peu payant. A priori intéressant, l'idée de prendre Dylan Walsh pour interpréter le rôle principal tombe à plat. L'acteur est parfait dans le rôle du timoré chirurgien de NIP/TUCK mais il semble ici prisonnier d'une image identique. Ses accès de colère ou de démence paraissent bien fades et désamorcent au passage l'aspect menaçant du personnage. Il n'est pas vraiment aidé par les ingrédients du métrage. La séquence d'ouverture, très proche du film de Joseph Ruben, est tellement édulcorée qu'on peut se demander si notre psychopathe n'a pas simplement assommé ses victimes avant de s'enfuir. Le tueur imprévisible se voit même réduit, par exemple, à pousser une personne du troisième âge dans un escalier. Y'a pas à dire, il est très méchant ! Même lors de l'épilogue, l'affrontement paraît peu vigoureux et surtout très prévisible. Néanmoins, la fin prend des libertés avec le film original en évitant de fermer la porte à une éventuelle suite qui n'aurait pourtant aucun intérêt. Toutefois, cette fin permet d'inviter le temps d'une séquence l'une des actrices récurrentes de la série NIP/TUCK dont Nelson McCormick a réalisé quelques épisodes.

Avec son suspense minimum, LE BEAU-PERE a bien du mal à convaincre et ce malgré quelques rares bonnes idées comme l'envoi de messages textes par téléphones interposés, un élément assez bien placé dans l'intrigue. Pour le reste, Dylan Walsh à beau reprendre quelques bouts de dialogue du film original, rien n'y fait dans ce métrage noyé pas la musique pop-rock. Car sur sa durée LE BEAU-PERE réussit à nous envoyer de longs extraits d'une bonne quinzaine de morceaux musicaux qui viennent parfois s'incruster n'importe comment sur des scènes de dialogues. On pourrait penser à un détail mais cette ambiance musicale omniprésente n'aide en rien à s'immerger dans le film. Bien au contraire, cela empêche la création d'une ambiance et annihile la tension qui aurait pu éventuellement s'instaurer dans ce qui est sensé être un thriller vaguement horrifique. De même, la gratuité des séquences nous montrant à de nombreuses reprises Amber Heard en petite tenue ou bien en maillot laisse songeur quant au public visé par ce produit cinématographique. Alors, bien sûr, le métrage se suit sans trop d'ennui mais ce remake tombe à plat et paraît, à l'arrivée, pour le moins insipide !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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