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Critique du film
HORS DU TEMPS 2009

THE TIME TRAVELER'S WIFE 

Enfant, Henry découvre qu'il est doué du pouvoir surnaturel de voyager dans le temps... Un pouvoir qu'il a bien du mal à contrôler, ces mouvements chronologiques arrivant de façon impromptue, sans prévenir. Âgé d'une vingtaine d'années, il est abordé dans une bibliothèque par Clare, jeune femme qui affirme avoir rendez-vous avec lui depuis des années...

HORS DU TEMPS est une adaptation du premier roman de l'écrivain américain Audrey Niffenegger, roman qui, avant même d'être publié, fait déjà parler de lui. La compagnie de production de l'acteur Brad Pitt, Plan B, en acquiert notamment les droits, en vue d'une transposition cinématographique. Co-produit par New Line, alors filiale encore assez autonome de Warner, le film se voit tourné en 2007. Toutefois, suite aux échecs de grosse productions fantastiques comme A LA CROISEE DES MONDES : LA BOUSSOLE D'OR ou MIMZY, Warner absorbe définitivement en 2008 New Line, label de référence du cinéma indépendant, indissociable de John Waters, des aventures de Freddy Krueger ou de LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Pour HORS DU TEMPS, il résulte de ce changement une distribution tardive et discrète, en été 2009, presque deux ans après la fin de ses prises de vue.

HORS DU TEMPS s'inscrit dans la plus pure tradition des comédies fantastiques romantiques, et en particulier de celles mêlant passion romanesque et voyage dans le temps. Un genre codifié par QUELQUE PART DANS LE TEMPS de notre Jeannot Szwarc national, et exploité encore récemment avec succès dans ENTRE DEUX RIVES. Ici, il se teinte d'autres éléments classiques de la romance surnaturelle. Capable de voyager dans le temps, Henry finit par en savoir trop sur son propre avenir, sur les perspectives de son couple. L'histoire d'amour devient une lutte, perdue d'avance, contre un destin inéluctable, déjà écrit. Ce thème tragique, déjà abordé par C'EST ARRIVE DEMAIN de notre René Clair national (lui aussi !), s'est vu décliné au gré de films tels que L'EFFET PAPILLON ou encore L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON.

Le réalisateur Robert Schwentke ne nous est pas inconnu. Il s'illustre d'abord en réalisant TATTOO, un thriller allemand racontant les méfaits d'un serial killer, puis passe à Hollywood pour y tourner notamment FLIGHT PLAN avec Jodie Foster. Dans HORS DU TEMPS, il opte pour un style classique et élégant, exploitant habilement le format scope en vue d'apporter une ampleur visuelle bienvenue à l'histoire intimiste. Le ton délicat et raffiné de la mise en images s'avère au diapason de la jolie histoire d'amour que nous sommes venus nous laisser conter. Et il faut reconnaître que, sur un thème assez rabattu, HORS DU TEMPS propose des idées astucieuses, tels ces rendez-vous décalés dans le temps. Il propose aussi quelques jolies scènes, propres à émouvoir nos petits cœurs d'artichaut, tel cette rencontre entre Henry adulte et sa mère du passé.

Malgré des trouvailles et une application réelle, force est de constater que la sauce ne prend jamais vraiment. L'alchimie entre une Rachel MacAdams, bien jolie mais très lisse, et un Eric Bana modérément concerné ne fonctionne guère. L'image, léchée jusque dans le moindre détail de ces appartements si artistiquement arrangés, crée un univers glacé et artificiel dans lequel l'émotion peine à trouver sa place. Enfin, bien que ponctué de séquences et d'idées éveillant l'intérêt, HORS DU TEMPS n'offre pas une trame générale bien solide. Nous en voulons pour preuve un dénouement peu entraînant, tombant à plat. Malgré tous ses efforts pour nous tirer des larmes, à coups de plans séquences tournoyant et de musique orchestrale «délicate», HORS DU TEMPS nous laisse alors paradoxalement sur une impression de froideur et de distance, voire de regrettable indifférence.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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