Genji a pris le contrôle de son école par la force mais il n'en demeure pas moins un jeune homme orgueilleux et solitaire. Ce tempérament de chien fou le poussera à commettre une erreur qui ébranlera l'accord de paix conclu entre son lycée et celui de Hosen. La guerre est ainsi déclarée mais Genji peine à rallier toutes les bandes de Suzuran. De son côté, Taiga Narumi, chef de Hosen, est bien décidé à prendre le contrôle de Suzuran et ainsi venger la mort de l'un de ses amis, survenue deux ans plus tôt lors d'une rixe entre écoles...
Adapté du Manga «Crows» de Hiroshi Takahashi, CROWS ZERO premier du nom vît le jour en 2007 sous la direction du prolifique Takashi Miike. L'histoire était alors celle de gangs estudiantins à la recherche d'une reconnaissance qui ne pouvait s'acquérir qu'à la force des poings. Le ton était relativement décontracté et, contrairement aux hongkongais YOUNG & DANGEROUS (ou ersatz), ne prônait en rien l'avenir mafieux qui attendait les jeunes «durs» issus des gangs. CROWS ZERO était en cela un divertissement «sain», ludique et franchement bien torché. Dans la foulée ou presque, Miike s'atèlera naturellement à la suite de ce sympathique métrage pour nous offrir dès 2009 le CROWS ZERO 2 dont il est question ici…
Nous retrouvons donc dans ce second épisode tous les personnages, et bien évidemment acteurs, du premier opus. Les caractères n'évoluent guère et c'est sans surprise que Serizawa (Takayuki Yamada) restera un charismatique leader, que Takashi Makise (Tsutomu Takahashi) demeurera un combattant habile mais un dragueur maladroit, et que Genji (Shun Oguri) conservera son caractère pour le moins impétueux. Kyôsuke Yabe retrouve pour sa part le personnage de Ken, Yakuza au grand coeur, mais se positionnera cette fois-ci très en retrait de l'histoire. En réalité, son personnage s'intègre même assez mal au récit et semble avoir fait l'objet d'une incrustation au chausse-pied dans un scénario qui ne lui laissait guère de place. De même et bien qu'il soit la source de tous les maux, le nouveau personnage de Sho Kawanishi peine à convaincre, la faute à un interprète (Shinnosuke Abe) plutôt fade et à des motivations peu claires.
Bien qu'ils soient la cause de deux ou trois légères chutes de rythme notables, ces deux personnages seront cependant bien vite oubliés au profit des étonnants lycéens de Hosen. CROWS ZERO premier du nom regroupait déjà une belle brochette de jeunes acteurs/chanteurs en vogue mais avec cette suite, Takashi Miike enfonce encore le clou et invite en vrac Nobuaki Kaneko (les séries BUZZER BEAT et SAMURAI HIGH SCHOOL), Gou Ayano (NANA, BE A MAN! SAMURAI SCHOOL etc.) et surtout Haruma Miura (de la série BLOODY MONDAY). Si ces jeunes acteurs sont encore peu connus en occident, nul doute qu'ils resteront dans les mémoires pour leurs rôles dans CROWS ZERO 2. Grimés et surtout coiffés à la manière des personnages de manga qu'ils interprètent, les chefs du lycée Hosen ont indiscutablement des «gueules» qui, à elles seules, brossent des caractères bien distincts. Leurs apparences définissent leurs rôles et ce n'est pas plus mal car rares seront les minutes consacrées à l'élaboration d'un passif ou de motivations tangibles...
CROWS ZERO 2 n'est en effet pas de ces films qui tournent autour du pot. Comme dans le premier opus et le manga avant lui, tout est question ici de pouvoir, d'honneur et surtout de baston ! Et de la bagarre, nous en avions déjà eu notre compte dans un premier volet se clôturant sur un bon quart d'heure de bourre-pifs non-stop. Difficile dès lors d'aller plus loin sans sombrer dans l'ennui... Pourtant, avec ce second opus, Takashi Miike révèle ce pari insensé et l'emporte haut la main en doublant la durée de la bataille finale ! Et croyez-le, le terme de bataille n'a rien d'usurpé lorsqu'on découvre la quantité impressionnante de lycéens qui se retrouvent alors au coeur d'un affrontement cinématographiquement hors normes. Nous ne prendrons du reste la réelle mesure de cet ultime carnage que lorsqu'il cessera, nous laissant enfin reprendre une respiration normale et contempler l'étendue des dégâts…
Le plus étonnant dans ce troisième tiers de métrage n'est cependant pas le nombre le figurants en présence ou la quantité de pèches distribuées mais plutôt la manière qu'a Takashi Miike d'éviter tous sentiments de redite d'un plan à l'autre, à l'opposé d'un CITY OF VIOLENCE par exemple. Malgré l'étroitesse des lieux (les couloirs de l'école), le réalisateur multiplie ainsi les angles de caméra, prend du recul, s'élève et au final, offre à sa monstrueuse rixe des airs d'assaut grandiose dans lequel chaque salle de classe ou escalier occupé est un pas de plus vers la conquête du lycée. De temps à autres, Miike nous gratifie d'un duel qui sort du lot, de quelques empoignades redynamisant la bataille, puis replonge dans la masse des étudiants pour mieux nous porter jusqu'à une conclusion entendue mais savoureuse. CROWS ZERO 2 se clôt ainsi sur un sentiment d'objectif pleinement atteint, celui des lycéens de Suzuran mais aussi celui d'un Miike décidément étonnant, variant les genres et les styles avec une qualité globalement croissante. CROWS ZERO 2 est un «must» du film de châtaignes, un bon bol de testostérone qui va vous donner la patate avant d'aller à l'école ou au boulot !
CROWS ZERO 2 s'est vu très rapidement édité en France et c'est à WildSide que nous le devons. L'éditeur qui miaule a donc d'abord sorti en août CROWS ZERO sur les supports DVD et Blu-Ray avant de commercialiser la suite début novembre de la même année (2009), toujours sur les deux formats. Pointons à ce sujet une manœuvre que nous qualifierons de «douteuse» puisque les amateurs de haute définition n'auront d'autre choix que d'acheter le coffret regroupant les deux films pour pouvoir profiter de CROWS ZERO 2 en Blu-Ray. Pour les fidèles ayant acheté le premier opus en HD dès sa parution, il y a de quoi montrer les dents… Fort heureusement, les acquéreurs du DVD n'auront pas le même souci puisque le disque chroniqué ici même est bel et bien commercialisé à l'unité.
L'édition DVD présente le film dans son format cinéma respecté (2.35) avec un transfert 16/9ème. L'image s'y fait très agréable et ne laisse pas vraiment entrevoir de grosses failles. En plus des images, les bandes sonores viendront donner plus de punch quitte à en rajouter sur les différents coups portés par les combattants. Efficace mais sans fioriture, on notera une préfère pour la version originale sous-titrage, disponible seulement en Dolby Digital 5.1. Le DTS est quant à lui réservé au doublage français décliné, aussi, en simple stéréo.
L'interactivité du disque est assez peu conséquente puisqu'à l'image du DVD dédié à CROWS ZERO, nous n'aurons ici qu'un making-of et quelques bandes-annonces. Pas de trace pour autant du film annonce de CROWS ZERO II ni même celui de l'oeuvre original mais seulement cinq bandes-annonces de métrages à sortir chez l'éditeur en vidéo et qui ne sont disponible qu'à l'insertion du DVD. Comme c'était déjà le cas pour le premier film, ce making-of n'est en réalité qu'une compilation de séquences filmées sur le lieu du tournage. Aucune interview, pas plus que d'explication ou d'information, ce documentaire d'un peu moins d'une trentaine de minutes ne présente à dire vrai que peu d'intérêt pour qui n'est pas «groupie» des jeunes acteurs du métrage.