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Critique du film
PARANORMAL ACTIVITY 2007

 

Katie et Micah, jeune couple, s'installent ensemble dans une maison californienne flambant neuve. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, la nuit, des bruits étranges ne venaient perturber leur repos. Micah décide d'acheter une caméra vidéo pour filmer ce qui se passe dans leur chambre durant leur sommeil...

PARANORMAL ACTIVITY est l'œuvre d'Oren Peli, jeune réalisateur israélien installé aux États Unis. Armé d'un caméscope Sony, il produit, écrit et met en scène ce film d'épouvante à micro-budget, reprenant le principe du faux documentaire horrifique, du témoignage techniquement approximatif retranscrivant un événement surnaturel. En salle, ce film est présenté sans générique, comme un authentique document trouvé sur quelque scène de crime. Un procédé usé jusqu'à la corde dans les années 2000, après le triomphe surprise de LE PROJET BLAIR WITCH. Citons par exemple les récents et notoires REC ou DIARY OF THE DEAD.

PARANORMAL ACTIVITY est acquis par le studio Dreamworks avec, dans l'idée, de retenter le coup de poker de LE PROJET BLAIR WITCH. Le film fait sa petite carrière en festival, puis se voit légèrement modifié sous les auspices de rien de moins que Steven Spielberg, avec en particulier l'ajout d'un ultime plan horrifique truqué numériquement. S'en suit une campagne marketing habile de la part de la major Paramount (laquelle a racheté Dreamworks entretemps). Les sites internet américains à destinations des jeunes spectateurs sont arrosées de brèves et de dépêches plus ou moins sensationnalistes, en vue de créer un engouement publicitaire. Mission accomplie : PARANORMAL ACTIVITY connaît un triomphe dans les salles américaines pour Halloween 2009, faisant mordre la poussière à SAW VI !

Une fois passé un l'éventuel émerveillement quant à cet investissement au taux de rentabilité exceptionnel, que reste-t-il de PARANORMAL ACTIVITY ? Il faut bien le dire : pas grand chose... Nous restons dans la tradition très classique de pseudo-documentaire tel que LE PROJET BLAIR WITCH et autres OPEN WATER dans lesquels, plus que le film lui-même, c'est l'imagination du spectateur, sa propension à la superstition qui travaillent. C'est son conditionnement antérieur à la projection («attention, vous allez avoir très peur !») qui sera le vrai déclencheur de ses éventuels frissons.

Cinématographiquement, nous nageons dans l'indigence, la laideur et la pauvreté complètes. Le principe du faux documentaire s'avère un alibi commode pour excuser l'incompétence technique mise en œuvre dans PARANORMAL ACTIVITY. On use et abuse d'un procédé de type «vidéo surveillance» (une caméra est fixée dans un coin de la pièce et filme durant une nuit entière). Ce dispositif répétitif et limité ne se compare en aucun cas au vrai travail de réalisation d'un REC ou d'un CANNIBAL HOLOCAUST.

Il faut dire que l'essence maléfique hantant les lieux se montre d'une grande timidité. Durant une grande partie du métrage, cet esprit se contente de faire tomber un trousseau de clés une nuit, de faire bouger une porte un autre soir.. Cette maison moderne dans laquelle évolue un sinistre esprit frappeur persécutant une jeune fille peut nous rappeler POLTERGEIST ou L'EMPRISE. Mais, ici, c'est avant tout l'ennui qui domine, en alternance avec un certain amusement. En effet, PARANORMAL ACTIVITY n'échappe pas au ridicule. Ses héros traînes-savates passent leurs journées dans des ensembles t-shirts et caleçons disgracieux. Ils multiplient les réactions absurdes et les discussions lamentables. Leurs éventuels alliés ne valent guère mieux, tel ce démonologiste qui choisit mal son moment pour poser ses RTT, ou encore ce médium courageux mais pas téméraire !

Certes, comme toujours dans ce style de production, certains détails fonctionnent à un certain niveau inconscient : un abat jour se balançant de façon lugubre, un bruit fort arrivant sans prévenir peuvent faire leur petit effet... Mais ils ne rattrapent en rien la vacuité d'un tel «cinéma gadget», lequel ne génère qu'un ennui mortel. Gageons que sans son parrainage prestigieux et un investissement publicitaire habile, PARANORMAL ACTIVITY aurait terminé sa carrière sans gloire, chez un éditeur de DVD spécialisé dans les sorties de titres indépendants et «Direct To Video»...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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