Flint Lockwood, grand dadais vivant toujours chez son père, est convaincu d'être un grand inventeur, de la trempe des Einstein et autres Pasteur. Mais son approche farfelue des mystères de la science, ainsi que l'absence totale de portée pratique de ses découvertes, convainquent surtout son entourage qu'il n'est qu'un raté, un original sans avenir. Il parvient pourtant à mettre au point une machine transformant l'eau en nourriture. Cette machine, il l'expédie par inadvertance dans la stratosphère : ce satellite accidentel fait alors pleuvoir de la nourriture à volonté sur la petite île où vit Flint ! Un grand pas pour l'humanité... Ou une grosse catastrophe incontrôlable ?
Le studio Sony Animation arrive tardivement sur le marché du cinéma numérique, à un moment auquel les Pixar et autres Dreamworks Animation s'imposent déjà largement à grand coup de TOY STORY et autres SHREK. Sony se lance prudemment sur le marché avec LES REBELLES DE LA FORET de 2006, gentil film animalier anti-chasse, passant un brin inaperçu au milieu d'une production animée alors pléthorique. Le métrage suivant, LES ROIS DE LA GLISSE, ne marque pas les esprits par ses qualités artistiques. Mais cette histoire de pingouins surfeurs, destinée aux vraiment tout petits, trouve son public et apporte à Sony Animation une légitimité commerciale.
Avec TEMPETE DE BOULETTES GEANTES, réalisé par Phil Lord et Chris Miller, le studio s'attaque à un pari plus audacieux. Il s'agit de l'adaptation d'un livre pour enfants, populaire aux États Unis, écrit et illustré par Judi et Ron Barrett. C'est aussi le premier film destiné à être montré en relief pour Sony Animation...
Affublé d'un titre pour le moins insolite, TEMPETE DE BOULETTES GEANTES (ou IL PLEUT DES HAMBURGERS au Canada francophone !) s'éloigne des habituels animaux parlants pour mettre en scène des personnages humains, confrontés à des situations pour le moins étranges et inédites. L'ambiance est celle d'une science-fiction bizarroïde, peuplée de découvertes curieuses, telles cette machine à lire les pensées d'un singe ou ces chaussures à vaporiser sur les pieds... et qu'on ne peut plus retirer ensuite ! Le ton est alors un peu plus adulte que la moyenne, l'humour tend plus vers les Monty Python et «LE LABORATOIRE DE DEXTER» que vers les traditionnels pets, rots et gerbes de vomi devenus indissociables du cinéma familial à Hollywood.
Les références à la culture populaire sont présentes, mais néanmoins beaucoup plus discrètes que dans un SHREK. Parmi les doubleurs, nous retrouvons des personnalités comme Bruce Campbell ou Mr. T. Ce qui nous éloigne sensiblement des habituels fantaisistes à succès du style Ben Stiller, Eddie Murphy ou Jack Black, venant arrondir leurs fins de mois en doublant des dessins animés. Le spectateur averti reconnaîtra que le maire de l'île ressemble fort à Murray Hamilton, premier magistrat d'Amity dans LES DENTS DE LA MER. La machine devenue folle exhibe – forcément – un œil rouge clignotant à la manière de Hal dans 2001, ODYSSEE DE L'ESPACE. Mais jamais le renvoi n'est exhibé complaisamment ou facilement. Ici l'humour et la fantaisie viennent avant tout et directement de l'histoire racontée ainsi que de ses péripéties farfelues.
La petite ville insulaire où se déroule l'action est au départ condamnée à un régime alimentaire tristounet et exclusif à base de sardines. Puis ses habitants voient tomber du ciel toute sorte de mets délicieux. Les rues se couvrent de crème glacée multicolore, un palais est sculpté à même une masse énorme de gelée alimentaire ! La fable contre la sur-consommation donne alors lieu à toute sorte d'images étonnantes, telles une pluie d'énormes hot-dog s'abattant sur une rue déserte, ou encore une gigantesque tornade de spaghettis bolognaise ravageant tous sur son passage !
L'apparence a priori simple du graphisme se voit alors contredite par de multiples trouvailles amusantes et inattendues, le summum s'avérant l'attaque finale du satellite alimentaire en plein ciel, défendu par d'agressives parts de pizza ou de redoutables carcasses de poulets tueurs ! Cet univers surréaliste bénéficie, notons le, d'une musique symphonico-électronique de Mark Mothersbaugh, le fondateur du groupe «dada punk» Devo se trouvant fort à son aise au milieu de ces excentricités !
Bien sûr, TEMPETE DE BOULETTES GEANTES n'échappe pas à toutes les conventions, il n'oublie pas de verser un peu de sirop familial sur son dénouement. Et si son propos est un peu trop basique pour réellement marquer les mémoires, ce film se démarque nettement du tout venant de l'animation numérique, non seulement pas sa réussite technique, mais aussi, par son ton farfelu et résolument original.