Après avoir mis hors de combat une bande de brigands, un général recueille une jeune femme qui était leur prisonnière. Une fois rentré à sa forteresse, son épouse voit d'un mauvais œil la présence de cette rivale. Dans le même temps, des meurtres inexpliqués surviennent aux alentours…
Dans le courant du XVIIème siècle, l'écrivain chinois, Pu Songling, va rédiger plusieurs centaines d'histoires à base de romances où se croisent spectres et autres démons. Le cinéma tente quelques adaptations dès les années 50 avec, par exemple, THE ENCHANTING SHADOW de Li Han Hsiang. Aujourd'hui, la transposition la plus connue des écrits de Pu Songling est certainement le HISTOIRES DE FANTOMES CHINOIS de Ching Siu Tun. Néanmoins bien d'autres cinéastes se sont frottés aux histoires fantastico-romantiques de l'écrivain chinois dont le réputé King Hu qui terminera sa carrière avec PAINTED SKIN. Mais ce métrage de 1993 n'adopte pas la même intrigue que celle du PAINTED SKIN sorti dans les salles chinoises en 2008. Du même écrivain, on retrouve donc quelques similitudes dans les thèmes ou bien en ce qui concerne les créatures fantastiques mais le récit s'avère plutôt différent.
PAINTED SKIN est un métrage qui ne semble pas avoir réussi à trouver son équilibre. Mélodrame, épouvante, comédie ou film de sabre, difficile de trancher. Le cinéma asiatique, et particulièrement celui de Hong Kong, nous avait habitué à ce type de mélange sucré-salé où les genres se mélangent pour le meilleure ou pour le pire. Dans le cas de PAINTED SKIN, le réalisateur Gordon Chan ne fait pas preuve d'un grand dynamisme. Le cinéaste s'est, en effet, montré bien plus inspiré par le passé dans le domaine de la comédie ou de l'action. Une grande partie de PAINTED SKIN s'étire hélas assez mollement. Une impression renforcée par l'insupportable partition musicale de Ikuro Fujiwara. De sirupeuses musiques d'ascenseur qui viennent souligner des plans larmoyants. Nous sommes bien loin de la virtuosité d'un Tsui Hark à même de vous arracher des larmes de tristesse après vous avoir fait rire dans un bien plus modeste THE LOVERS. C'est d'autant plus dommage que PAINTED SKIN contient, en son sein, des thèmes vraiment intéressant. Le métrage expose ainsi la difficulté d'aimer passionnément une personne qui ne partage pas du tout les mêmes sentiments. Que ce soit les démons ou bien le personnage interprété par Donnie Yen, les protagonistes sont ainsi confrontés à cet aspect tragique des relations passionnelles. Au final, l'amour inconditionnel, qu'il soit partagé ou non, débouche ici sur des sacrifices qui appuient la véracité des sentiments. Emouvant mais traité avec tellement de lourdeur que cela en devient un peu horripilant !
Si l'aspect tragique de l'intrigue s'avère raté, la partie surnaturelle n'est pas non plus traitée de manière très satisfaisante. On aura d'ailleurs un peu de mal à comprendre pourquoi il est si important que la créature se nourrisse de cœurs humains pour conserver sa jeunesse puisqu'elle utilise une peau de substitution, la fameuse «peau peinte» du titre. Peu importe, cela permet de nous dévoiler quelques séquences «chocs» ici ou là. Pas de quoi frissonner plus que ça devant deux ou trois effets gores rudimentaires ou bien un passage qui pourrait très bien sortir d'un inoffensif métrage d'aventures du genre LA MOMIE. Par dessus tout cela, PAINTED SKIN s'essaie aussi au film de sabre avec quelques affrontements câblés qui ne sont, à vrai dire, pas plus bien filmés que spectaculaires. De même, un humour bon enfant survole le métrage essentiellement à coups de réparties amusantes. De quoi rester un tant soit peu en éveil ! Heureusement, PAINTED SKIN a tout de même quelques qualités relatives. Le film se fait plutôt amples avec ses décors, costumes et des passages lui donnant un cachet de fresque historique, particulièrement dans la première partie. Pas de quoi convaincre pour autant ! Peu importe puisque cette coproduction entre la Chine, Hong-kong et Singapour va rencontrer un phénoménal succès lors de sa distribution dans les cinémas chinois mais aussi dans les salles de plusieurs autres pays asiatiques. Plébiscité par le public, le film obtient assez naturellement une douzaine de nomination lors des 28ème Hong Kong Film Awards. Cependant, le métrage ne sera reparti qu'avec les trophées récompensant la «Meilleure photographie» ainsi que la «Meilleure chanson originale». Pourtant Hong-kong a choisi d'envoyer PAINTED SKIN aux Etats-Unis dans l'espoir d'être nominé dans la catégorie du «Meilleur film étranger» pour la cérémonie des Oscars 2009. Au final, le film ne sera pas retenu et ce n'est peut être pas très surprenant.