Amies depuis leur jeune enfance, Jennifer et Needy sont inséparables. Un soir, elles se rendent dans un bar pour assister à un concert de «rock», Jennifer ayant l'envie de séduire le chanteur du groupe. La soirée tourne au drame lorsqu'un incendie se déclare mettant un terme de manière tragique aux festivités. C'est là que Jennifer décide, contre l'avis de son amie, de suivre le chanteur pour une virée qui va changer à jamais sa vie…
Diablo Cody, de son vrai nom Brook Busey, connaît une belle notoriété grâce au scénario de JUNO. Le métrage va d'ailleurs rencontrer un accueil très favorable dès ses premières projections dans les festivals. Flairant le bon coup, la Fox achète donc assez vite un autre scénario de la scénariste et ce bien avant de savoir que Diablo Cody va recevoir un Oscar pour JUNO. Le sujet de JENNIFER'S BODY oriente assez naturellement le film vers la branche Fox Atomic, productrice, entre autres, de LA COLLINE A DES YEUX, le remake, et sa suite. En effet, si JUNO était une comédie dramatique où l'on parlait un peu de cinéma d'horreur, JENNIFER'S BODY est un métrage horrifique vaguement humoristique. Les deux œuvres cinématographiques partagent tout de même des thèmes assez similaires avec la représentation d'un univers adolescent.
Les premières minutes de JENNIFER'S BODY exposent assez nettement l'univers de sa scénariste mais ce préambule, un poil auteurisant, va s'étioler assez vite une fois que les bases de l'intrigue seront exposées. Passée la mise en bouche, fort sympathique, JENNIFER'S BODY va rentrer dans un déroulement plutôt classique et sans grande surprise. Pire, le film devient plutôt fade, un comble pour un métrage qui axe sa campagne promotionnelle sur l'aspect sexy de la comédienne Megan Fox. Très prude, JENNIFER'S BODY risque de décevoir ceux qui viendraient se rincer l'œil sur les courbes de la comédienne. Les dialogues ainsi que certaines situations tentent tout de même de donner au film un aspect «rebelle» qui paraît au final pour le moins artificiel. C'est aussi le cas de la mise en scène ponctuée de séquences qui tombent à plat ou d'effets visuels purement gratuits. Dans le genre, on pourra prendre en exemple deux scènes. La présentation d'un sportif, personnage très secondaire, s'accompagne d'un mouvement de caméra porté par une musique néo-métal qui ne débouche sur rien ! Autre illustration du problème, une analogie est faite entre l'aspect inquiétant d'un chanteur et le souvenir d'un arbre. D'un point de vue littéraire, l'idée fonctionne mais sa mise en image est plutôt embarrassante car elle ne retranscrit en rien l'émoi de l'héroïne. C'est ce qui mine de manière globale ce JENNIFER'S BODY qui s'avère, au final, plus ou moins insipide. Le film fait, au passage, un gros clin d'œil au EVIL DEAD, de Sam Raimi. Une référence qui accentue encore plus le contraste qu'il peut y avoir entre un film d'horreur distillant une véritable tension et une pelloche emballée mollement. Cependant, on peut se demander à qui revient la faute. Car Megan Fox a révélé que le tournage de JENNIFER'S BODY ne laissait aucune place à l'improvisation pour conserver intact l'écriture de Diablo Cody. La réalisatrice, Karyn Kusama, s'est peut être aussi bornée à filmer tels quels les pages du scénario sans y apporter une touche personnelle, un soupçon d'efficacité… Si c'est le cas, ce serait une nouvelle preuve que le cinéma est un travail d'équipe !
Autant le dire clairement, JENNIFER'S BODY est une vilaine déception. Raté en tant que film d'horreur ou en tout cas très moyen, le film ne risque pas non plus de convaincre avec son background socioculturel. Cherchant vainement à injecter un peu «d'intelligence» dans son propos à coup de références (Hannah Montana, Wikipedia, Phil Collins…), JENNIFER'S BODY se montre assez souvent d'une belle crétinerie et ce jusqu'à son épilogue exposant clairement l'immaturité de l'entreprise. Le traitement des personnages est d'ailleurs symptomatique. La relation entre Jennifer et Needy, qui devrait être au cœur du film, n'est pas traitée correctement et s'égare même assez furtivement sur le terrain de l'homosexualité refoulée. Il en va de même de la nature «surnaturelle» de Jennifer qui, au final, fait surtout penser à un simple cas de vampirisme alors que le film nous décrit quelque chose de bien différent. Expédié n'importe comment, les thématiques du film sont au mieux survolées. Dans le genre film d'horreur avec de la cervelle et nous évoquant les problèmes de l'adolescence, on ne saurait trop vous conseiller de voir TEETH ou encore GINGER SNAPS, deux métrages qui partagent quelques points communs avec celui écrit par Diablo Cody.
Il faut prendre JENNIFER'S BODY pour ce qu'il est… Une sorte de AMERICAN PIE horrifique pas franchement drôle et plutôt mou. Se voulant «trash», aussi, mais sans aucune audace et devenant bougrement vulgaire (l'évocation de la sodomie, un pur moment de grande «classe»). Evidemment, il y a pire, bien pire, sur le marché de la vidéo mais c'est justement le registre dans lequel aurait du s'inscrire ce JENNIFER'S BODY avec ses stupides pointes de prétention. Terminons tout de même sur une note positive. Le film réalisé par Karyn Kusama n'a pas que des défauts. Le métrage tient la route, d'un point de vue purement technique, et l'interprétation est très honnête. On notera ainsi J.K. Simmons dont la première apparition contient un amusant gag. Mais plutôt que Megan Fox, JENNIFER'S BODY met surtout en avant les talents de Amanda Seyfried, véritable révélation du film.
