Deux royaumes s'affrontent depuis de nombreuses années suite à une querelle entre deux frères. S'entretuant les uns les autres, l'un des deux camps est sur le point de triompher. Assiégé, le roi n'a pas d'autre choix que de s'en remettre à un sorcier. Ce dernier invoque un griffon pour terrasser l'armée ennemie et il en profite au passage pour s'enfuir en quête d'une immortalité qui lui assurerait de devenir le maître de la région…
A l'origine plutôt spécialisé dans les métrages d'action bourrins ou la science-fiction musclée, Nu Image a découvert à l'orée du XXIème siècle que les bestioles bouffeuses d'homme étaient tout aussi rentables que les pectoraux et triceps de vedettes à la carrière essoufflée. Requins, araignées, reptiles et autres animaux affamés vont ainsi se mettre à côtoyer les thrillers hormonés dans le catalogue de Nu Image. La démocratisation des effets spéciaux numérique aide ainsi grandement à produire ce type de métrages à des coûts bien plus réduits qu'auparavant. Après avoir passé en revue le petit dictionnaire zoologique illustré, les pontes de Nu Image ont l'idée de se tourner vers la mythologie. Il en est d'ailleurs déjà vaguement question dans KRAKEN : LE MONSTRE DES PROFONDEURS où un calmar géant est dépeint comme le gardien ancestral d'un trésor de l'antiquité. Il n'y avait donc qu'un pas à faire pour se lancer dans l'heroïc fantasy, genre qui est redevenu à la mode grâce à la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Ce qui nous mène donc naturellement à L'ATTAQUE DU GRIFFON qui sera produit pour le marché de la vidéo et des chaînes câblées, particulièrement le Sci-Fi Channel (devenu depuis SyFy).
Depuis le temps que Nu Image produit des métrages avec des bestioles numériques, il apparaît logique qu'ils aient acquis une expérience dans le domaine. L'ATTAQUE DU GRIFFON nous prouve le contraire dès les premières minutes. En effet, le film dévoile très vite l'abominable réalité en exposant dès le générique une bestiole qui donne l'impression d'être sortie un peu trop vite de l'ordinateur où elle est née. Le spectateur confiant se bercera de quelques illusions en se disant que ce préambule n'est qu'une mise en bouche virtuelle face à l'époustouflant spectacle à venir. Il ne faudra pas longtemps pour découvrir que notre griffon peut se montrer encore moins à son avantage durant tout le métrage. Par le passé, des cinéastes ont réussi à faire des films particulièrement réussis en camouflant leur créature non fonctionnelle, Andrew Prowse fait le contraire en adoptant une attitude limite suicidaire. Avec les images de synthèse, il est possible de mettre toutes les folies des cinéastes sur un écran. Mais faute d'un budget à la hauteur des ambitions, Nu Image continue d'afficher à l'écran de bien douteux effets spéciaux. Néanmoins, cela fait déjà plusieurs années qu'ils suivent cette recette du «Advienne que pourra» et il semble que cela fonctionne puisque leurs métrages se sont vendus et continuent toujours de se vendre avec manifestement toujours la même aisance. A croire que Nu Image choisit donc délibérément de ne pas désorienter les spectateurs qui pourraient se détourner de leurs mirifiques métrages dans le cas où les effets très spéciaux commenceraient à toucher du doigt la perfection (il y a tout de même une marge assez importante). Il faudra donc aborder L'ATTAQUE DU GRIFFON avec non pas un œil critique mais plutôt une vision floutée.
Si l'on met de côté la «qualité» technique des effets spéciaux, L'ATTAQUE DU GRIFFON pourrait presque faire illusion. Il n'est pas question ici de rivaliser avec LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et autres ERAGON, les moyens n'ont strictement rien à voir. Comme souvent chez Nu Image, la production s'est installée en Roumanie pour réaliser les prises de vues et profiter de la main d'œuvre locale. L'occasion aussi d'aller filmer quelques ruines européennes qui serviront de décor au métrage : vieux bouts de mur effondrés, pan de château abandonné, souterrain authentiquement de notre époque… Mais L'ATTAQUE DU GRIFFON se paie aussi une véritable figuration de manière à nous présenter deux grandes armées. Bon, à dire vrai, il s'agit plutôt de deux demi armées, certains figurants ont certainement déserté pour rejoindre le camp adverse au gré des champs / contre champs. Nu Image met les petits plats dans les grands et se paie même des «vedettes». Larry Drake incarne un sorcier maléfique qui semble hésiter ici à cabotiner. En effet, on a connu le comédien bien plus expansif par la passé. Il faut tout de même préciser que L'ATTAQUE DU GRIFFON l'affuble de deux nanas aux poitrines gonflées qui n'aident pas à prendre son boulot au sérieux. De son côté, Sarah Douglas nous fait une prestation de reine qui rechigne à utiliser ses pouvoirs magiques avant la fin du métrage (un peu comme le fulguro-poing ou l'astéro-hache de GOLDORAK). Mais les véritables têtes d'affiches, ce sont Jonathan LaPaglia et Amber Benson, les deux comédiens forment un couple de tourtereaux princiers que tout devrait opposer. Au cas où votre mémoire cinéphile vous ferait défaut, Jonathan LaPaglia ressemble pas mal à Anthony LaPaglia ce qui n'est pas si surprenant puisque c'est son jeune frère. Amber Benson, quant à elle, est un écrivain qui fait aussi l'actrice et a d'ailleurs gagné en notoriété grâce à un rôle récurrent dans la série télévisée BUFFY. Le reste du casting est complété de comédiens anglo-saxons et roumains. Tout ce petit monde fait ce qu'il peut pour donner de la vie à l'histoire narrée dans L'ATTAQUE DU GRIFFON.
L'intrigue du film est certainement le seul élément auquel il faudra essayer de se raccrocher pour suivre le métrage sans trop d'encombres. Le récit se fait des plus classiques avec deux personnages que tout oppose et qui se lancent dans une quête contre le joug d'un personnage maléfique. Déjà dans les années 80, on pouvait suivre une histoire similaire dans L'ARCHER ET LA SORCIERE, un produit télévisé distribué dans les salles en France. On pourrait même remonter beaucoup plus loin en se souvenant des Sinbad et autres aventures médiévales fantastiques. L'ATTAQUE DU GRIFFON suit ainsi une recette qui a déjà fait ses preuves et les scénaristes, Tim Cox et Sean Keller, n'ont clairement pas l'intention de faire des vagues. Plutôt dommage car un peu de folie aurait pu relever l'intérêt d'un récit cousu de fil blanc. Notre petite troupe de héros va donc se lancer dans un périple (une randonnée ? une promenade ?) à la recherche des deux morceaux de la seule arme qui pourrait être utilisée pour abattre le sorcier maléfique. Et il faut faire vite car une éclipse survenant bientôt pourrait entériner l'immortalité du vilain personnage. Curieusement le sorcier ne va pas prendre quelques jours de vacances et se mettre au vert en attendant son immortalité. A la place, il attend bien sagement à l'étage d'une bâtisse où se trouve, dans les sous-sols, l'un des deux morceaux à même d'entraîner sa chute. Nous n'allons pas vous dévoiler la fin de L'ATTAQUE DU GRIFFON même si vous pouvez l'imaginer.
Le film de Andrew Prowse est un film de consommation courante. Pas de grande surprise, pas d'ambiance délirante, pas de coup de folie… En soit, le métrage se laisse regarder même si certaines séquences sont un peu affolantes en raison des situations jouées par les comédiens et surtout les effets spéciaux. La chose n'est pas vraiment détestable mais de là à l'apprécier, il y a un gouffre que l'on aura du mal à franchir.
Les 85 minutes, à quelques poils près, de L'ATTAQUE DU GRIFFON sont stockées sur un DVD simple couche même si la jaquette indique «DVD9». Cela n'empêche pas le métrage de prendre ses aises et de s'étaler à loisir en s'assurant de décompresser tranquille. Surtout que l'interactivité ne va pas l'en empêcher, bien au contraire. En effet, il n'y a aucun supplément, pas même une bande-annonce qui viendrait bouffer l'espace vital du film. Aux Etats-Unis, Sony ne proposait rien non plus mais faisait tout de même sa promo en passant quelques bandes-annonces. A noter que le disque français est d'ailleurs aussi distribué par Sony dans nos contrées même s'il n'en est pas l'éditeur. Le disque est tout de même pourvu d'un menu donnant la possibilité de choisir la langue ou bien de lancer directement le métrage. Il n'y a pas de menu pour le chapitrage mais celui-ci existe puisque l'appui sur la touche « Chapitre suivant » de votre télécommande permet tout de même de faire des bonds de géants à l'intérieur du film. A déconseiller, tout de même, si vous voulez comprendre l'intrigue.
L'ATTAQUE DU GRIFFON se paie un transfert 16/9 plutôt de qualité. Il permet ainsi d'apprécier l'écart qui existe entre un acteur réel essayant vainement d'interagir avec un griffon numérique à l'œil torve. Pas grand chose à redire en ce qui concerne l'image qui est sonorisée par deux pistes en Dolby Digital 5.1. Le doublage français est assez plat et certains dialogues sonnent étrangement. Impossible de changer la langue à la volée mais un petit tour rapide par le menu des langues permet de comparer avec une piste audio anglaise bien peu impressionnante. Les dialogues sont bien plus naturels mais la dynamique des cinq canaux n'est pas probante. A un tel point qu'on en vient à se demander s'il ne s'agit pas d'une piste en simple stéréo. Le spectateur audiophile se laissera d'ailleurs tenter par la paranoïa et se risquera à poser une oreille sur les enceintes arrières pour s'assurer qu'elles n'ont pas été grillées par le passage d'un blockbuster trop agressif. Non, la musique passe ainsi qu'une poignée d'ambiance évasive qui ne rende pas vraiment tangible l'espace sonore.