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Critique du film
BLOOD ON THE HIGHWAY 2008

 

Dès les premières images, plusieurs mots viennent à l'esprit : «Film de potes» «Tournage en DV» «Redneck en folie» «Rock texan lourd» «Gore qui tache». BLOOD ON THE HIGHWAY, c'est un peu tout ça, emballé à la hache, joué comme des pieds mais… un peu plus quand même. D'ailleurs, il s'agit bien de la première fois où il vous sera possible d'entendre une ligne de dialogue comme «Que fais-je ici à 5 heures du matin au lieu de me faire chatouiller l'anus par deux popstars du Cachemire ?» dans un film de vampire. Ou même la toute toute première fois au monde dans n'importe quel type de métrage. Vraiment.

Carrie (Robin Gierhart), Sam (Nate Rubin) et Bone (Deva George – également cascadeur, responsable des effets spéciaux et designer du générique) profitent d'une virée en bagnole jusqu'au festival de Mr Fire (une sorte de Burning Man Festival à la texanne) et arrivent dans la ville de Fate (Destin en français) qui est en fait un repaire de vampires. Sam mordu, notre petite troupe se réfugie dans une maison en compagnie de Byron (Tony Medlin) ,chasseur de vampires, et d'un couple joyeusement en train de s'envoyer en l'air : l'heure est grave !

Grave semble un joli mot pour décrire ce sympathique BLOOD ON THE HIGHWAY. On sent bien la production locale texane avec des accents à couper au couteau et une gentille satire de la Texan Way of Life. Partant d'une histoire passe-partout, le scénario réussit toutefois à injecter dans ses veines un sang certes pas très neuf mais en tout cas rafraîchissant bien que profondément débile. Le film s'adresse clairement à un public acquis d'avance : le fan de film d'horreur tendance nerd/geek, connaissant ses classiques sur le bout des doigts (2000 MANIACS, au hasard), buveur de bières et amateur de nichons, rots, pets agrémentés d'un gore foireux-furieux. Tout est dit, reste au casting à donner vie à une histoire peu folichonne mais riche en rebondissements et autres clins d'œil. Les plus attentifs verront un festival cinéma passer MULBERRY STREET et LAKE DEAD !

Le casting ? A hurler d'amateurisme. Ca fleure bon le studio Sodebo du jeu d'acteur parfumé au jus de viande. Dialogues débités au hachoir – si possible en hurlant -, jeu d'acteur passé à la moulinette – où il y a un os -, tranche d'humour épaisse comme trois côtes de bœuf : tout est «très « kolossale finesse», surjoué mais les réalisateurs, déjà coupables d'un PRISON A GO-GO avec Mary Woronov, ont souhaité donner dans ce registre. Donc force est de reconnaître que chacun y met considérablement du sien à ce jeu-là.

L'humour ? A glisser sur des plaquettes sanguines. Un exemple : derrière la porte de ma maison où se trouvent les rescapés, une voix masculine se fait entendre. Elle indique être une blonde aux seins énormes, nue et pourchassée par des vampires. Le nerd de service n'y croit bien sûr pas. Contre-champ sur, en effet : une blonde aux seins énormes, nue et… qui se fait bouffer par des vampires. Les 91 minutes du métrage sont au diapason de ce gag, dont certains tellement gros qu'ils finissent par faire passer la pilule. L'ambiance est tellement comment-vas-tu-yaudpoele-et-toile-àmatelas entre potes qu'au bout d'une demi-heure, plus rien ne gêne. Entre le chasseur de vampires amateur de théories du complot aux multiples fiancées, un Sam pleutre qui se fait vampiriser par erreur, une Carrie obnubilée par l'argent et la braguette de Bone, l'ex du chasseur qui saute sur tout ce qui bouge, un Roy (Chris Gardner) libidineux à souhait et un Bone ordurier, primate et alcoolique, la séance d'entraînement du groupe avec le chasseur qui finit par lécher son fusil… pas de quoi s'ennuyer. Même si la moitié des gags tombent à plat.

Le social ? Rhésus-moi, vampire ! BLOOD ON THE HIGHWAY se permet le luxe d'un scénario qui fait s'affronter deux communautés (toutes aussi connes l'une que l'autre), mais avec des caractères plutôt bien dessinés. Le village de Fate est en fait une communauté vampire sous la coupe d'une multinationale nommée Consumart qui compte bien exploiter les humains petit à petit. Soit un vampire travaille pour Consumart, soit il y achète ses produits… serait-ce une légère parabole de notre société de consommation ? Diantre ! D'ailleurs un supermarché y ouvre au début du film, mais comme par hasard au coucher du soleil ! Les vampires, une nouvelle communauté consumériste qui cherche à vivre : Voir la manifestation du dernier quart avec pancartes, protestations en tous genres contre le groupuscule humain récalcitrant. Cette communauté possède d'ailleurs son prédicateur illuminé, son organisation sociale et semble furieusement conservatrice. Texas, anyone ? Barak Epstein et Blair Rowan se targuent d'une petite ambition que beaucoup de produits sans aucun budget n'osent pas et qui font passer le tout avec un humour pour une fois réussi et à la grossièreté assumée. Non pas que le message soit léger – il possède la grâce éléphantesque d'un bulldozer en érection – mais cela va avec le reste. Donc ça passe. Et ça casse.

Le Gore ? Généreux, à foison et rigolo. On ne compte plus les membres découpés, corps écrasés, baquets d'hémoglobine, viscères, gorges arrachées, vampires crucifiés… un vrai festival. D'autant que les figurants y sont venus en masse ! Des effets spéciaux à l'ancienne, légèrement/malheureusement mâtinés de sang numérique sur quelques plans. On a même l'une des héroïnes qui projette des pieux en bois avec son vagin. Véridique.

La musique ? Hormis du cheapos de rigueur et des ballades country détournées, on a droit à un festival non-stop de rock texan assourdissant sur fond d'hystérie collective. Avec notamment un démarquage du «Eye of the Tiger» de Survivor : «Who's gonna kill all these fucking vampires ?» par les Thunder Thighs. Pour qui aime, ça peut le faire, mais au bout de quelques chansons, ça lasse quand même tant ce collage a déjà été utilisé ailleurs. Il faut là aussi savoir être tolérant sur ce qu'on fait subir à nos oreilles.

La caméra ? Agitée dans les scènes d'action, elle s'avère purement fonctionnelles dans celles d'exposition. Il ne faut pas s'attendre à des miracles, mais les metteurs en scène ont de l'énergie à revendre, le sens du rythme et du gag. Cela compense l'amateurisme généralisé du métrage qui donne en fait beaucoup plus de plaisir coupable que n'importe quel inédit vidéo plus ou moins bien fagoté par des compagnies ayant pignon sur rue (ou presque). Reconnaissons en tous cas une photographie soignée la majeure partie du temps, des scènes nocturnes plutôt bien éclairées pour un tel produit qui a toutefois bénéficié de deux équipes de tournage.

En conclusion, ça sent l'amour du genre, le bricolage in situ, les chaussettes pas propres et le sang séché. Ils font de ce BLOOD ON THE HIGHWAY une entrée assez remarquée dans le giron du film bis rigolo-gore, à défaut d'être remarquable dans un registre plus général. Impossible à sortir au cinéma, ce film mériterait indiscutablement d'être découvert par les nombreux amateurs bisseux (et les autres). Salement fun !

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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