En pleine effervescence, le gouvernement américain convoque les meilleurs spécialistes de la communauté scientifique afin que ces derniers puissent assister à l'arrivée d'un objet spatial qui se dirige dangereusement vers la Terre. Plutôt que de s'enfuir à toutes jambes, les savants prennent donc des hélicoptères pour observer l'impact de beaucoup plus près. Heureusement et contre toute attente scientifique, la chose ne s'écrase pas littéralement sur New York mais se stabilise gentiment dans Central Park…
Réaliser une nouvelle version du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA constitue une idée plutôt incongrue. Difficile en effet d'imaginer que l'on puisse adapter une histoire déjà à l'origine d'un des plus grands classiques de la science-fiction des années 50. La genèse du film est encore plus curieuse. Car la volonté de réactualiser l'oeuvre de Robert Wise vient à un producteur suite à une association de pensées. Alors que SPEED remporte un joli succès dans les salles, le producteur Erwin Stoff tombe sur une affiche du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA dans les bureaux de la Fox. Ayant déjà travaillé avec Keanu Reeves, Erwin Stoff voit immédiatement l'acteur en tête d'affiche idéale pour incarner le messager extraterrestre. Le projet ne va pas se concrétiser tout de suite. Le producteur et le comédien auront toutefois l'occasion de se croiser à de nombreuses reprises puisqu'ils vont faire ensemble un CHAIN REACTION plutôt anecdotique pour la Fox et se retrouvent ensuite très régulièrement sur des tournages pendant une petite quinzaine d'années jusqu'à ce que la version 2008 du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA voit le jour. Bien que le métrage original soit basé sur une nouvelle de Harry Bates (Farewell to the Master), le scénario de David Scarpa ne retourne pas vraiment aux sources. Le scénariste s'applique surtout à extirper les éléments qui lui paraissent les plus marquants du film original en vue de les injecter dans une trame a priori équivalente mais admettant pas mal de différences. Dans une optique promotionnelle, le réalisateur Scott Derickson indique qu'il n'aurait jamais osé effectuer un remake du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA mais que le scénario l'a séduit… Pourtant, le résultat final n'a rien de très enthousiasmant.
Au XXIème siècle, les préoccupations politique et sociales américaines ne sont plus celles qui présidèrent au film de 1951. Ce métrage mettait en scène un être venu d'ailleurs qui demandait aux humains de faire preuve de tolérance et de vertus pacifiques en raison de l' inquiétant arsenal militaire s'amassant à l'Est comme à l'Ouest. En 2008, l'épée de Damoclès qui menace l'humanité a changé d'orientation. Que les hommes s'entre-tuent, pourquoi pas ? Mais encore faudrait-il qu'ils respectent notre environnement et son berceau, la planète bleue. Sorte de messie dans le film original de Robert Wise, le messager extraterrestre prend maintenant les traits de Keanu Reeves. Ce dernier ne vient plus prêcher mais davantage exécuter. Inspirés de l'intrigue originale, les jalons de cette nouvelle version s'imposent au détriment du sujet initial. La centaine de minutes du film expédie ainsi des personnages-clef tel que le scientifique interprété par John Cleese, pour s'intéresser à des développements certes plus impressionnants mais sans réel fondement. Car LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA souffre du développement simultané de deux aspects par trop différents. D'un côté, le parcours initiatique et intimiste du messager extraterrestre. Celui-ci découvre au fil de sa cavale les paradoxes d'une humanité capable du meilleur comme du pire. De l'autre, le film désire en mettre plein la vue à coups de destructions massives et d'effets spéciaux spectaculaires. Avec plus de finesse, la cohabitation aurait pu fonctionner mais c'est malheureusement l'opportunisme qui l'emporte. De fait, le film gaspille un temps d'exposition qui aurait davantage profiter aux personnages. D'où l'impression que certaines séquences ne vont pas au bout de leurs idées ou n'exploitent pas réellement le potentiel de l'histoire. Par exemple, alors qu'elle était finalement assez simpliste dans le film de 1951, la relation avec l'enfant ne fait pas du tout illusion tant le môme s'avère détestable jusqu'à être représenté comme un délateur. En voulant compliquer les choses, ce nouveau JOUR OU LA TERRE S'ARRETA ne possède pas le charme de l'oeuvre sobre et limpide dont il essaie de renouveler le succès. D'ailleurs, on pourra même s'interroger sur le bien fondé du titre, évident pour le film de 1951 mais n'ayant plus vraiment de pertinence dans ce remake. On pourrait encore évoquer des choix douteux sur le design mais la balance penche déjà dangereusement du mauvais côté. LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA apparaît alors comme un film bancal et très inégal. Pour prendre un minimum de plaisir, il faudra faire abstraction de cette intrigue flottante afin de se laisser bercer par les seuls effets spéciaux.
Présenté dans son format cinéma d'origine avec un transfert 16/9, LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA affiche une belle image qui présente cependant quelques petits défauts. Pas de quoi atténuer l'impact des scènes les plus impressionnantes, bien au contraire. En adéquation avec les grosses séquences d'effets spéciaux, les pistes Dolby Digital 5.1 prennent leurs aises sur tous les canaux. Comme à notre habitude, on sera amené à préférer la version originale plutôt que le doublage français.
Contrairement aux Etats-Unis, il a été décidé en Europe de commercialiser LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA sur un unique DVD. Dommage puisque l'édition américaine proposait en bonus le film original de Robert Wise ce qui permettait de confronter directement l'œuvre de 1951 avec son actualisation de 2008. Pour le reste, le contenu éditorial s'avère être similaire en dehors de la bande-annonce qui n'apparaît pas du tout sur cette édition. Le commentaire audio répond quant à lui présent mais, à notre grande surprise offre exclusivement la parole au scénariste. D'autant plus étonnant que si David Scarpa assume en effet l'écriture du scénario, il a été écarté en fin de pré-production en raison de la grève des scénaristes. En tant qu'intervenant, il se montre en tout cas fort intéressant en justifiant ses propres choix ainsi que ceux des autres respondable de la création du film. Néanmoins, le scénariste se montre très pragmatique dans son approche du commentaire audio. Il est ainsi à même de livrer pas mal d'informations mais se montre également bien silencieux à d'autres moments. Il faudra donc rapidement s'habituer au mutisme du cinéaste entre deux brèves explications. Son intervention ne remplacera certainement pas celles des producteurs ou du réalisateur mais, à défaut, cette piste de commentaires audio est certainement ce qu'il y a plus informatif, en ce qui concerne le film sur cette édition DVD.
Probablement l'un des suppléments les plus intéressants avec le commentaire audio, le segment vidéo «Libérer Gort» expose la longue étape ayant conduit au design final du fameux robot. Car contrairement aux autres suppléments vidéo dédiés à la création du métrage, ce document explore son sujet sans langue de bois. L'occasion de découvrir les errements créatifs préfigurant la naissance du nouveau Gort. Toute une phase de développement qui aboutira à un constat ; la simplicité est souvent la meilleure des options. Le making-of, «Repenser le jour où la Terre s'arrêta», est bien moins palpitant puisqu'il adopte l'approche promotionnelle des Featurettes. C'est aussi un peu le cas de «Le jour où la Terre était verte» qui revient sur une partie des mesures mises en place pour que la création du film satisfasse des normes écologiques en recyclant ou limitant le gaspillage. Evidemment, l'argument largement mis en avant reste quelque peu démagogique mais, d'un autre côté, on ne peut que louer l'entreprise. En décalage, «Scruter le ciel à la recherche de vie extraterrestre» n'évoque que très peu LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA. Ce petit documentaire nous présente surtout des scientifiques qui expliquent toutes les méthodes utilisées aujourd'hui pour à prouver l'existence d'une vie extraterrestre. En tout cas, la chose s'avère assez sympathique. Les suppléments se terminent avec trois courtes scènes inédites qui ne viennent toutefois pas chambouler la perception du film et trois galeries d'images présentant photos de production, story-boards et dessins.
