Pendant que le Docteur Viktor Vasilienko voit ses expérimentations scientifiques l'agresser violemment, cinq jeunes font la fête lors d'un concert en plein air. Au moment du retour, notre petite troupe repart dans son van et percute alors violemment un mutant fort mal en point. Leur véhicule en panne et poursuivis par des volatiles agressifs, les cinq amis vont être amenés à découvrir les abominables expériences du savant fou…
Passionné par le cinéma d'horreur, Robert Kurtzman dessine des créatures depuis qu'il est tout petit. Ce qui le mène tout naturellement à développer ses talents artistiques en suivant un cursus dans ce domaine. Au milieu des années 80, Robert Kurtzman décide alors de quitter l'Ohio pour tenter sa chance à Hollywood. Son but est de travailler dans le domaine des effets spéciaux et il intègre une école de maquillage où il n'apprendra pas grand chose. A partir de là, il va faire le tour des boîtes d'effets spéciaux sans grands succès. Heureusement, le maquilleur Howard Berger a besoin de quitter l'équipe de John Carl Buechler et pour assurer son remplacement il propose donc Robert Kurtzman. Ce dernier va alors apprendre réellement son métier en bossant sur divers métrages tels que RE-ANIMATOR ou encore TROLL. Il ne faudra pas bien longtemps pour que Robert Kurtzman se forge une petite réputation dans le milieu et il va fonder KNB EFX Group avec deux autres maquilleurs, Howard Berger et Greg Nicotero. L'association des trois maquilleurs connaîtra assez vite une grande renommée et ils travailleront, entre autres, sur L'ARMEE DES TENEBRES de Sam Raimi ou encore LE SOUS-SOL DE LA PEUR de Wes Craven. Plutôt que se contenter de concevoir et réaliser les effets spéciaux, Robert Kurtzman a l'envie de participer à d'autres niveaux sur la création de films. Il va ainsi réaliser DEMOLITIONIST ou bien poser les premières lignes de l'histoire de UNE NUIT EN ENFER qu'il coproduira tout en confectionnant les effets spéciaux. Son plus grand succès en tant que réalisateur, il le doit à Sam Raimi qui soufflera son nom aux producteurs de WISHMASTER alors qu'ils cherchent un cinéaste pour tenir la barre du projet.
Fait plutôt étrange, Robert Kurtzman quitte KNB EFX Group en 2002. Il laisse Hollywood et décide de retourner dans l'Ohio pour y fonder sa propre société. Fan de John Carpenter, avec lequel il a déjà travaillé, il nomme son entreprise Precinct 13 en hommage à ASSAUT (ASSAULT ON PRECINCT 13). Du concept à la réalisation d'effets spéciaux de maquillage ou numérique, Precinct 13 va déjà bosser sur les projets des autres tels que TOOLBOX MURDERS, THE DEVIL'S REJECTS ou HOSTEL. Puisqu'il a toute l'infrastructure pour tourner un film sur place, Robert Kurtzman va alors se lancer dans la production de THE RAGE dont il a l'idée avec un ami et collaborateur de longue date, John Bisson. Le cinéaste Gary Jones rejoint l'équipe, puisqu'il assure ici le rôle de producteur, et tout le monde travaillera en famille. Ainsi, derrière la caméra, on trouve des parents de Gary Jones ou bien de Robert Kurtzman. Les enfants de ce dernier ont même un petit rôle dans THE RAGE. Produit hors d'Hollywood, le cinéaste a l'intention de ne pas se réfréner pour mettre en image le film gore dont il a envie. Ceux qui s'attendent à un métrage dans la veine de WISHMASTER vont déchanter. En effet, THE RAGE est tourné avec un camescope HD assurant un coût moins élevé qu'un tournage sur pellicule tout en apportant une flexibilité plus importante pour la post-production (montage et effets spéciaux numériques). A l'écran, l'image n'a donc pas du tout un rendu cinéma mais expose très nettement sa source vidéo franchement brute. Ce «look» pourra donc rebuter. Il en va de même en ce qui concerne une partie des acteurs choisis pour incarner les personnages à l'écran. Si les comédiens Andrew Divoff et Reggie Bannister, avec qui Kurtzman a déjà travaillé auparavant, apportent un certain professionnalisme, le reste du casting ne fait pas spécialement d'étincelles. Erin Brown, plus connu sous le nom de Misty Mundae, interprète le premier rôle féminin accompagné d'une poignée d'acteurs moins chevronnés que les deux vétérans déjà nommés. Mais les acteurs ne sont pas nécessairement en cause puisque le scénario se fait des plus basiques avec ses personnages et ne révolutionne en rien les clichés du genre. Une bande de jeunes de retour d'une rave rencontre donc des créatures enragées et un savant fou après un accident de la route. La présentation des personnages se fait donc de manière très simpliste en essayant d'y placer un peu d'humour « trash» bien peu convaincant. Par la suite, le déroulement du scénario ne sera pas non plus très inventif.
Autant dire que d'un point de vue cinématographique, THE RAGE a bien du mal à faire illusion et donne l'impression de voir l'un des nombreux métrages indépendants tournés avec quelques kopecks et distribués advienne que pourra en vidéo chaque année. Et pourtant, avec ses énormes défauts, THE RAGE s'avère, au final, un métrage bougrement sympathique. Car contrairement à pas mal de ses bandes tournées en vidéo, THE RAGE affiche à l'écran une tonne d'effets spéciaux qui sont, pour la plupart, convaincants. De plus, le film renoue avec le cinéma gore décomplexé produit aux Etats-Unis durant les années 80. On pense même par instant aux égarements très «Bis» de la production italienne. Andrew Divoff cabotine à l'extrême dans son rôle de savant soviétique bien dégoûté de l'humanité. Si son personnage fait par instant penser au Herbert West de RE-ANIMATOR, il est curieusement bien plus proche du délirant scientifique de LA TERREUR DES ZOMBIES. Flagrant lorsque le médecin dément opère un patient sans anesthésie en lui expliquant qu'il va faire le plus vite possible car, après tout, il n'a rien d'un sadique. Des pointes d'ironie ponctuent les apparitions de ce personnage qui assure une très grande partie du spectacle de THE RAGE. Car lorsque Andrew Divoff est absent, le métrage est un peu moins jouissif bien qu'il nous propose un essaim de vautours enragés n'ayant rien de commun. Plus fort, une séquence très casse gueule, un flash-back, tombe de manière fort appropriée et finit de forger le portrait mémorable du scientifique dément. Les amoureux du sang qui gicle, des yeux arrachés ou des membres sectionnés seront donc aux anges avec ce film qui ne manquera pas de consterner les cinéphiles classiques. Comprenons-nous bien, nous sommes lucides, THE RAGE n'est pas un chef d'œuvre, ce n'est même pas un bon film si on essaie de le juger de manière objective. Il n'en reste pas moins que ce métrage gore est plutôt rigolo dans ses excès sanguinolents et son approche dénuée d'ambition autre que celles de faire plaisir aux fans de gore !
Seven 7 distribue en France THE RAGE dans une édition DVD où le film arbore un transfert 16/9. Comme évoqué dans la chronique du métrage, il faut bien prendre en compte que le tournage a été fait en utilisant une caméra vidéo. A l'image, cela se ressent immédiatement et les créateurs du film n'ont pas essayé de le cacher en jouant avec une myriade de filtres. Le DVD respecte donc cette image à laquelle il faudra adhérer ou au moins s'habituer. On notera de petits soucis numériques sur les contours mais il se peut que cela provienne de la source originale. En l'état, le spectacle ne fait pas cinéma mais accentue en tout cas grandement l'aspect grand-guignol de l'entreprise. Les pistes 5.1, version originale sous-titrée et doublage français, remplissent leur office de manière sympathique. Standard, donc, mais sans être plus impressionnants que cela.
L'interactivité du DVD français de THE RAGE débute avec un long making-of de plus d'une heure et quart ! Si ce documentaire contient pas mal d'informations, sa structure est un peu chaotique. Hésitant entre la Featurette où tout le monde ne tarit pas d'éloges pour ses camarades et des moments plus intéressants, ce making-of a surtout le défaut de ne pas suivre une ligne directrice clairement définie. On a ainsi l'impression, assez souvent, de sauter du coq à l'âne ou de retrouver, après plusieurs minutes, des passages franchement très redondants. Monté de manière moins anarchique, cela aurait pu être un supplément très honorable alors que l'impression finale est surtout décevante. Le disque propose aussi un vidéo-clip du groupe Mushroomhead issu de la scène local, donc de l'Ohio. Le second clip du même groupe qui était sur le DVD américain n'a pas été repris, il a pourtant été primé par MTV, et sur le menu du DVD, le nom du groupe est mal orthographié puisqu'il n'indique que «Mushroom». Le commentaire audio de l'édition américain n'est pas non plus sur le DVD français. Enfin, l'interactivité se termine avec la bande-annonce de THE RAGE qui annonce clairement la couleur !