Critique du film et du Blu-ray Zone B
LA MOMIE : LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON 2008

Pendant que leur fils découvre un ancestral tombeau en Chine, Rick et Evy sont amenés à transporter un objet historique de grande valeur à Shangaï. La famille sera bien vite réunie alors que reprend vie l'Empereur Han qui a la ferme intention de conquérir le monde en réveillant son armée figée depuis des siècles…

Après le succès de LA MOMIE et du RETOUR DE LA MOMIE, Stephen Sommers monte sa propre structure de production avec laquelle il entend bien créer ses projets tournés vers le cinéma d'aventures. Evidemment, The Sommers Company se lie étroitement avec Universal et ils vont faire ensemble VAN HELSING qui n'aura pas le succès escompté. Entre-temps, une seconde suite à LA MOMIE est déjà vaguement dans l'air et Stephen Sommers ne semble pas vraiment chaud pour en assumer la réalisation. En effet, le cinéaste a bien d'autres projets comme des remakes de JASON ET LES ARGONAUTES ou LE CHOC DES MONDES ainsi que des films d'aventures plus originaux. Néanmoins, The Sommers Company va tout de même suivre de près la création de LA MOMIE : LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON. Même si, finalement, Stephen Sommers semble laisser le film se faire sans lui. Ainsi, contrairement aux deux premiers, le script est écrit par un duo de scénaristes surtout connu pour avoir rédigé les deux SHANGAI KID. Dès le départ, de toutes façons, il était prévu de changer radicalement la donne. La réalisation est confiée à Rob Cohen et nos héros abandonne donc l'Egypte pour se rendre en Chine. Cela ne va pas se faire sans laisser quelques personnages sur le carreau. Les personnages de Oded Fehr et surtout Arnold Vosloo disparaissent ainsi complètement. Assez surprenant puisque la momie Imhotep interprétée par Arnold Vosloo donne tout de même son nom au film. Peu importe, le scénario introduit un nouveau méchant qui serait très vaguement une momie. Le rôle sera offert à Jet Li, star internationale du cinéma d'action, alors que d'autres acteurs asiatiques viendront compléter la distribution avec Michelle Yeoh et l'excellent Anthony Wong. Si les seconds rôles ne posent pas souci, ce qui inclu John Hannah, il n'en sera pas de même en ce qui concerne les têtes d'affiches qui négocient leur participation au film. Brendan Fraser ne se fera pas trop prier mais Rachel Weisz exprime des critiques envers le scénario du film. Au final, officiellement, elle ne reprendra pas son rôle pour éviter de s'éloigner de son foyer. Elle sera finalement remplacée par Maria Bello qui va donner, avec l'aval de Rob Cohen, un caractère très différent à son personnage.

Changement de décors, changement de personnages… Rob Cohen entend bien donner un nouveau souffle à la franchise. Le cinéaste s'annonce d'ailleurs particulièrement content de réaliser un film sur la Chine et de pouvoir tourner sur place. Il annonce vouloir respecter l'Histoire et la culture du pays. Hélas, cela s'avère peu flagrant à l'arrivée. Car en dehors d'un dépaysement radical, en comparaison des deux premiers films, la culture chinoise s'avère un peu expédiée dans le mixer hollywoodien. Le respect de Rob Cohen et ses scénaristes se plient totalement au spectacle. La fameuse armée de terre cuite, une découverte archéologique réelle, voit sa genèse complètement modifiée à l'instar de la construction de la Grande Muraille de Chine. Après tout, LA MOMIE : LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON n'a pas la vocation d'être un film éducatif mais il faut bien appuyer sur le fait qu'il y a un fossé entre les déclarations des concepteurs du film et ce qu'il contient réellement. Cela n'aurait finalement que peu d'importance si les deux scénaristes n'avaient pas joué la fainéantise en pillant allégrement les trois premiers Indiana Jones ainsi que de petites idées de A LA POURSUITE DU DIAMANT VERT et sa suite. Ce qui est plutôt amusant puisque Stephen Sommers s'inspirait des mêmes sources que LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE pour faire sa version de LA MOMIE. A savoir qu'il ramenait à l'écran des aventures cinématographiques fleurant bon le serial et la série B. Plutôt que s'imprégner de ce type de cinéma, Alfred Gough et Miles Millar vont donc simplement calquer des séquences et rebondissements provenant des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE, INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT ainsi INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE. On pourrait même y voir une anticipation de la relation père / fils esquissé dans INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRANE DE CRISTAL. Carrément du réchauffé, cette MOMIE : LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON a bien du mal à convaincre. Subsiste, tout de même, quelques séquences réussies au milieu de passages inégaux et d'un divertissement peu enthousiasmant. On retrouve, en tout cas, avec un certain plaisir quelques uns des personnages et particulièrement son héros principal toujours interprété par le sympathique Brendan Fraser. Anticipant sur un éventuel succès, le film se clôt d'ailleurs avec un clin d'œil laissant entrevoir la prochaine zone géographique qui pourrait éventuellement servir de décor à un quatrième métrage. A priori, cela ne se fera pas dans l'immédiat mais si cela se produit, il est possible que les héros principaux ne reprennent pas du service. Car le choix de présenter le fils des deux héros plus âgés était à l'origine une façon d'introduire un autre personnage à même de suivre ses propres aventures. Ce n'est pas gagné… en tout cas au cinéma ! Notons, pour finir, que le générique de fin est réellement très joli en revisitant l'histoire du film sous forme d'estampes animées.

Alors que le film venait à peine de sortir, le réalisateur Rob Cohen annonçait au Home Media Magazine que son film allait être bien plus beau en Blu-ray que dans les salles de cinéma. Une déclaration qui paraît un peu étrange. Néanmoins, il faut bien reconnaître que le transfert en haute définition du Blu-ray offre une image très détaillée et qui ne laisse pas entrevoir de faille. Définition, stabilité et contraste sont d'un niveau excellent ce qui permet de profiter du spectacle. Pour le son, cela s'avère aussi spectaculaire particulièrement dans la version anglaise qui se pare d'une piste en DTS HD Master Audio parfaitement réussie. Le doublage français, tout aussi percutant, est présenté, quant à lui en DTS.

Contrairement à ce qui est annoncé sur la jaquette les suppléments ne sont pas tous en 480p. Les trois premières Featurettes sont en 1080i et donc en haute définition mais avec une image interlacée. Dans les trois cas, il ne faut pas s'attendre à des révélations croustillantes et on reste au niveau du documentaire promotionnel qui se déroule sans faire de mal à quiconque. «De la ville au désert» s'avère le plus intéressant puisqu'il suit l'équipe de tournage du Canada à la Chine en présentant l'envers du décor. Les deux autres sont bien moins passionnants. On essaie de nous faire avaler un alibi culturel mais les discours à ce niveau se contredisent assez vite d'eux même. D'ailleurs, dans son commentaire audio, Rob Cohen évoque l'apparition de la Grande Muraille de Chine dans le film tout en citant une fameuse tirade de John Ford qui s'avère claire à ce niveau. On peut alors se demander pourquoi les discours des autres suppléments tendent vers des directions parfois étranges. Ce qui est certain, c'est que ce commentaire audio de Rob Cohen se suit sans déplaisir. On notera un curieux lapsus du cinéaste où il confond «Monteur» avec «Empereur» . Difficile de savoir s'il s'agit d'une pique lancée intentionnellement ou pas. Petit plus du Blu-ray, il est possible d'afficher en vignette le cinéaste qui commente donc son film. Et justement, en vignettes incrustées dans l'image, il est aussi possible de voir bien d'autres suppléments sur toute la durée du film. Ainsi, à plusieurs endroits, on peut suivre des images de tournages à différentes étapes de production synchronisées avec le film. Il est possible de voir les quatre visualisations en plein écran ou bien simplement en bas à droite de l'écran en superposition sur le déroulement du film. D'autres petits bonus viennent s'inviter de cette façon avec le procédé «U-Control» d'Universal. Plus anecdotique, un petit jeu vous pose des questions à plusieurs endroit du film. Le seul gain est d'obtenir des informations historiques que ce soit sur les pyramides chinoises ou encore les diamants.

Quatre autres Featurettes sont disponibles mais sont, cette fois, bien dans une résolution DVD standard. Entre les entraînements des acteurs et autres réalisation des effets spéciaux, une nouvelle fois, le contenu se suit sans déplaisir sans qu'il ne soit très informatif. Toujours en simple définition, les quelques morceaux de séquences coupées n'apportent pas grand chose et il s'agit, le plus souvent, de quelques plans supprimés au sein de séquences déjà existantes. Le Blu-ray a aussi la possibilité de se connecter au net via le BD-Live. Le seul contenu exclusif est une Featurette consacré au tournage des séquences d'effets spéciaux se déroulant dans l'Himalaya. Evidemment, ce bonus additionnel n'est pas en haute définition et il faut noter qu'il n'était pas non plus sous-titré. Le reste du contenu BD-Live fait surtout penser à de la promotion pour d'autres titres de l'éditeur que ce soit en vidéo ou bien pour les sorties salles. L'écran étant d'ailleurs placardé de bannières publicitaires pour les films Universal. Cela permet tout de même de découvrir des bandes-annonces en rapport avec l'actualité. Mais, quelque part, cela n'a rien d'une révolution ! Quoi qu'il en soit, l'interactivité supplémentaire de ce Blu-ray de LA MOMIE : LA TOMBE DE L'EMPEREUR DRAGON ne déçoit pas dans son foisonnement même si la langue de bois est d'usage dans les propos de tous les intervenants.