Le tout premier RETOUR
DES MORTS-VIVANTS était une variation presque parodique du film
de morts-vivants. Ce qu'on doit en grande partie à Dan
O'Bannon qui a transcendé l'histoire originale de John
Russo, co-auteur de LA
NUIT DES MORTS-VIVANTS. Un mélange humour-horreur si payant
que des producteurs mirent en chantier une suite plusieurs années plus
tard. En élargissant l'audience par un humour gras et ridicule, LE
RETOUR DES MORTS-VIVANTS 2 est certainement l'une des pires
suites jamais faites. Dans un tel contexte, il était invraisemblable
de voir apparaître un nouveau prolongement de la série. Ils l'ont fait
quand même et heureusement...
Si vous vous souvenez, à la fin de RE-ANIMATOR, Dan réanime sa dulcinée. Au début du film suivant, on laisse tomber ce qui aurait pu (du ?) être la ligne directrice. Pas étonnant que, Brian Yuzna, déjà à la réalisation à ce moment-là, décide de mettre en boîte une histoire d'amour qui aurait très bien pu être BRIDE OF THE RE-ANIMATOR. Mais le film ne lui tombe pas dessus de façon délibérée. Un producteur lui amène simplement la franchise pour laquelle il faut mettre rapidement un film en boite sans quoi les droits risquent de changer de main. Yuzna élabore rapidement le concept de départ et le confie au scénariste John Penney. Ca fonctionne aussi comme ça le cinéma !
Oui, LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 est bel et bien une histoire d'amour. De ces histoires d'amour totalement impossibles qui nous amènent directement à Roméo et Juliette. Au détail près que la pauvre Julie(tte) est ici une morte-vivante qui se bat toute seule contre une faim inextinguible de cerveaux humains. Son Roméo est pour le moins bien embêté lorsque son amie se met à manger des morceaux de cervelle. Connaissant le film précédent, on pourrait s'attendre à une joyeuse gaudriole proche du vaudeville. Désolé mais vous pouvez dès maintenant envoyer les enfants se coucher ! Au contraire, le traitement est relativement sérieux et le film retourne aux sources du premier. Et ce, même dans la fin qui rappelle l'une des séquences du RETOUR DES MORTS-VIVANTS avec le plus âgé des ambulanciers.
Au départ, Julie (Mindy Clarke) est une ado franchement tête à claques comme on en rencontre dans les SOUVIENS TOI... et autres URBAN... Pas de quoi s'y attacher. A partir du moment où celle-ci meurt, on assiste pourtant à un changement. On prend partie pour la morte-vivante en partageant sa souffrance. Etonnant ! Tout comme le Bub du JOUR DES MORTS-VIVANTS pour lequel on avait déjà eu pitié, mais en mieux. Le long calvaire de Julie contre la faim passe par l'auto-mutilation. Un moyen de focaliser son esprit. Au cas où vous vous demandiez pourquoi le personnage de Michael Biehn se fait des entailles au couteau dans ABYSS, c'est ici le même cas de figure. Pour ne pas sombrer aux envies et aux pulsions, le personnage s'inflige d'atroces traitements. Jusqu'à un point où elle se transforme en véritable déesse "maso". A priori dégoûtant et pourtant étrangement séduisant et tragique.
Petit détail amusant, le réalisateur Anthony Hickox apparaît dans le film. Celui qui est le réalisateur de WAXWORK ou HELLRAISER III se glisse dans la combinaison d'un docteur le temps d'une expérience militaire qui tourne mal. Avant d'être neutralisé, cet autre cinéaste spécialisé dans le fantastique aura le temps de croquer à pleines dents le reste du casting.
Incroyable, le DVD du RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 coûte moins de cent francs. Oui mais ce prix a une contrepartie. Pour commencer, si vous vous attendiez à ce que le disque vous montre de quelle manière a été tourné le film, ce que pense le réalisateur ou quoi que ce soit d'autre, c'est raté ! La bande-annonce est le seul et unique bonus. Si l'on ne peut pas se plaindre en ce qui concerne les deux bandes sonores d'origine, l'une en français et l'autre en anglais, nous ne sommes pas totalement satisfaits en ce qui concerne l'image. Le transfert est en plein cadre. Le film n'ayant jamais été exploité dans son format cinéma en vidéo, il n'y avait pas vraiment de raison que cela commence ici. D'ailleurs la seule version existante en DVD jusqu'à maintenant, en Angleterre, proposait aussi un transfert plein cadre. Et puis les bricoleurs pourront toujours se fabriquer des caches pour obtenir le format originel (bonne chance avec les projecteurs !) en masquant le haut et le bas de l'image. Faites une comparaison avec la bande-annonce présentée, elle, en format cinéma et vous vous en apercevrez. Décevant de ne pas nous proposer enfin le film dans son cadrage cinéma, on pensait que le DVD était fait pour nous présenter de bons transferts 16/9. L'image pêche par un manque de définition rendant les contours peu clairs. C'est loin d'être une catastrophe mais puisqu'il n'y a pas vraiment de bonus, l'éditeur aurait pu soigner un peu plus l'aspect vidéo de cette édition et nous présenter une image de très bonne tenue. Il faut croire qu'à ce prix-là, en France, il ne faut pas demander mieux qu'un transfert daté !