Un étrange meurtre laisse perplexe la police et le docteur Chet Walker. Et pour cause, le coupable est officiellement décédé depuis pas mal de temps, il laisse derrière lui des empreintes digitales lumineuses et essuient des tirs de revolver à bout portant sans sourciller. Le docteur Chet Walker et l'inspecteur Dave Harris se lancent sur une affaire où les cadavres, coupables et victimes, vont continuer de défiler…
Producteur très prolifique, Sam Katzman chapeaute des flopées de métrages et autres serials confectionnés avec des budgets très restreints. Dès que l'occasion se présente, il arrête de travailler pour les autres et monte ses propres structures de production toujours gouvernées par un grand souci d'économie. Western, films policiers ou rock'n roll, peu importe tant que le métrage est vendeur ! Au milieu des années 50, il va se lancer dans une série de films «Fantastiques» maniant autant la science-fiction que l'épouvante. Son poulain habituel, Fred F. Sears a déjà un planning chargé et Sam Katzman va donc démarcher un autre réalisateur de confiance. De ceux capables de tourner rapidement toutes sortes de métrages tout en camouflant la maigreur des moyens mis en œuvre. Edward L. Cahn fait partie de cette race de cinéaste et il est donc engagé pour tourner CREATURE WITH THE ATOM BRAIN. A vrai dire, le réalisateur n'a jamais touché ni à la science-fiction pas plus qu'à l'horreur puisqu'il filmait jusque là surtout des métrages policiers ainsi que des courts-métrages destinés à entourer le grand film de la séance de cinéma. Cela ne posera pas de véritable problème car CREATURE WITH THE ATOM BRAIN oscille entre l'enquête criminelle et des éléments bien plus incongrus.
L'idée ainsi que le scénario de CREATURE WITH THE ATOM BRAIN, nous les devons à Curt Siodmak. Scénariste allemand ayant fui son pays durant les années 30, il va rapidement faire son trou à Hollywood particulièrement en participant à l'écriture de plusieurs films d'horreur produits au moment de l'âge d'or d'Universal dans ce domaine. Le plus connu étant LE LOUP-GAROU mais il est aussi intéressant de noter VENDREDI 13. Cette production de la Universal n'a, bien évidemment, rien à voir avec le slasher des années 80. Mettant en tête d'affiche Boris Karloff et Bela Lugosi, le film mêlait déjà histoire de gangsters avec une transplantation d'un bout de cerveau. L'idée du contrôle d'une personne par un autre esprit, Curt Siodmak la réutilisera dans son livre, Donovan's Brain, qui sera adapté à plusieurs reprises à l'écran. CREATURE WITH THE ATOM BRAIN développe d'une autre façon un thème qui n'est finalement pas si éloigné que cela. Pas de transplantation de cerveau ou bien d'esprit venant à posséder une autre personne dans le film mais la résurrection de cadavres auxquels on implante dans le crâne un dispositif électronique afin de les télécommander à distance. Le sujet du film s'inscrit aussi dans la filmographie des morts-vivants au cinéma. Curt Siodmak avait déjà touché un peu au scénario d'un classique du genre, VAUDOU de Jacques Tourneur. Citer ce film n'a rien d'anecdotique puisque si le postulat de départ de CREATURE WITH THE ATOM BRAIN le place dans le domaine de la science-fiction, il est impossible de ne pas non plus y voir une adaptation moderne du traditionnel zombie des caraïbes. Les morts-vivants du film ne sont pas ramenés à la vie par le pouvoir occulte d'un maléfique personnage à l'instar de Bela Lugosi dans WHITE ZOMBIE mais par la science et la puissance atomique ! De bonnes idées, CREATURE WITH THE ATOM BRAIN n'en manque donc pas et le scénariste y fait à l'évidence converger des ingrédients qu'il a déjà traité de manières différentes par le passé.
Hélas, si l'intrigue de CREATURE WITH THE ATOM BRAIN s'avère plutôt astucieuse, le film ne va pas se tailler une place au panthéon des grandes œuvres du genre. Le budget extrêmement serré du film force bien évidemment à travailler rapidement et à l'économie. A partir de là, il ne faudra pas s'étonner si la réalisation se fait plus pratique que réellement artistique. La mise en image est des plus neutres, et même parfois minimaliste, là où il aurait peut être fallu dynamiser le tout avec un peu plus d'inventivité. Cela donne au final un métrage qui avance sans véritable temps morts, sa durée n'étant que de 69 minutes, mais dont la facture globale paraît très banale. Autre souci, les idées de base de l'histoire vont se plier, elles aussi, au budget réduit ce qui donnera un traitement un peu dépouillé dont certains rebondissements semblent céder à la facilité ou bien défie la logique. L'interprétation est, en tout cas pour son personnage principal, relativement honnête. Ainsi, on retrouve Richard Denning, vu dans L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR ou, par la suite, DAY THE WORLD ENDED et LE SCORPION NOIR. A ses côtés, Gregory Gaye s'avère assez amusant en scientifique allemand obligé de faire le mal alors que son projet de départ était plutôt d'aider l'humanité. Notons aussi la présence de Angela Stevens, actrice mignonne qui hérite ici d'un rôle très ingrat. En effet, elle symbolise le cliché de la mère au foyer, aussi potiche que servile, donnant une idée de la place de la femme dans la société américaine des années 50. Quelques scènes sont de nos jours devenues en ce sens involontairement comiques.
Curiosité intéressante dans son genre, CREATURE WITH THE ATOM BRAIN brasse donc comme il peut un concept à la base fort alléchant. Après cette première mise en jambe dans la science-fiction et l'épouvante, Edward L. Cahn persistera en allant s'acoquiner avec le producteur Samuel Z. Arkoff pour THE SHE CREATURE ou VOODOO WOMAN. Il ne tardera pas non plus à retrouver Sam Katzman qui lui proposera de mettre en image un autre film de morts-vivants, ZOMBIES OF MORA TAU, cette fois bien plus classique.
CREATURE WITH THE ATOM BRAIN était disponible jusqu'ici dans un double DVD reprenant quatre films produits par Sam Katzman dont les deux réalisés par Edward L. Cahn. Cette édition américaine distribuée par Sony / Columbia ne disposait pas de sous-titrages français et s'adressait donc essentiellement à des spectateurs anglophones et équipés de lecteurs multi-zones. Avec la sortie d'un DVD édité par l'Atelier 13, les deux soucis sont balayés. En effet, bien qu'espagnol, l'éditeur traduit intégralement ses DVD que ce soit les menus, les suppléments mais aussi en apposant des sous-titrages français sur le film. Présenté dans son format original en plein cadre (4/3), CREATURE WITH THE ATOM BRAIN affiche une image de très bonne facture. La définition est de bonne tenue et le contraste des images noir et blanc est très satisfaisant. En ce qui concerne le son, il n'y a qu'une piste audio en version originale anglaise, sous-titrée au choix en français ou en espagnol. La bande-son est dans un mono d'origine clair et sans défaut.
Après le film, il sera possible de consulter quelques filmographies et voir la bande-annonce de CREATURE WITH THE ATOM BRAIN. Le dernier supplément présent sur le DVD n'a pas grand rapport avec le film si ce n'est qu'il y est question d'un criminel. Comme à son habitude, l'éditeur nous propose donc un épisode d'une série télévisée des années 50. Ici, c'est donc un épisode de la deuxième saison de TALES OF TOMORROW. Très réussi, bien que n'utilisant que deux décors et trois acteurs, «Another Chance» propose un développement rusé. La chute se devine largement avant la fin mais l'histoire se suit jusqu'au bout avec plaisir. Cette petite curiosité se pare d'autres attraits puisque le personnage principal est incarné par Leslie Nielsen avant qu'il ne soit le héros de PLANETE INTERDITE ou bien ne devienne un acteur comique très connu en fin de carrière. La réalisation est signée par Don Medford, un routier de la télévision américaine, et le scénario est écrit par Frank De Felitta, soit le scénariste des futurs POPULATION ZERO, AUDREY ROSE et L'EMPRISE ! Du bon boulot présenté avec une image regardable mais accusant son âge et son origine télévisuelle de l'époque. Un sous-titrage français est bien évidemment disponible sur cet épisode qui inclut aussi des petites publicités pour les autres programmes de la chaîne de télévision. Enfin, l'Atelier 13 commercialise CREATURE WITH THE ATOM BRAIN dans un joli digipack coloré et agrémenté d'un livret. Mais comme il faut bien un défaut, le livret est entièrement en espagnol !