Le Docteur Deniz a décroché un poste dans un hôpital psychiatrique isolé. A son arrivée, elle découvre que la police est sur les lieux pour enquêter sur un suicide. Une coulée de boue sur la seule route va d'ailleurs forcer les deux inspecteurs à rester sur les lieux. Mais, rapidement, l'un des pensionnaires est assassiné de manière brutale. Un premier meurtre qui annonce plusieurs autres morts violentes que les deux policiers et l'équipe médicale ont bien du mal à comprendre…
On ne peut pas dire qu'ils soient nombreux les métrages turcs qui arrivent à se frayer un chemin jusqu'à nous. Parmi les derniers titres en date, on se souviendra des deux comédies de science-fiction distribués très vaguement en salles : le fort sympathique G.O.R.A. et l'affligeant L'HOMME QUI SAUVA LE MONDE : LE RETOUR. Côté horreur, le cinéma turque n'a jamais vraiment été très prolifique et lorsque des cinéastes se sont adonnés au genre, c'était essentiellement pour marcher sur les traces des gros succès hollywoodiens à l'instar de SEYTAN qui essayait de refaire, à sa façon, L'EXORCISTE. De nos jours, les jeunes cinéastes turques semblent plus enclins à tourner des horreurs mais, comme leurs aînés, ce ne sera pas en se raccrochant à leurs racines culturelles. Mais, après tout, en ce début du 21ème siècle, dans le domaine du cinéma dit de «genre», les cinéastes du monde entier ne cherchent pas nécessairement à mettre en avant leurs appartenances nationales. Bien au contraire, ils ont plutôt tendance à revendiquer une culture cinématographique qui s'affranchit largement des frontières. A l'évidence, Togan Gökbakar suit ce principe en nous proposant une sorte de slasher au sein d'un hôpital psychiatrique qui pourrait très bien être localisé dans un pays anglo-saxon ou européen. En effet, hormis les noms des personnages et quelques détails, il sera assez difficile de déceler les origines turques de ce GEN : TERREUR PSYCHIATRIQUE.
Pour son premier long métrage, Togan Gökbakar fignole esthétiquement son film. Peut être même un peu trop. Par exemple, le cinéaste abuse de séquences utilisant des effets styles qui n'ont aucune autre raison d'être que celle de donner un côté clinquant au métrage. Parfois agaçant, cela donne tout de même un coup de fouet à un récit qui se montre, par endroit, un peu statique. Le rythme pourra paraître de fait assez étrange en alternant fulgurance visuelle avec des moments beaucoup plus posés. A cet effet, le réalisateur réussit à instaurer une atmosphère assez souvent bizarre, par exemple lorsque la nuit venue les résidents de l'asile se mettent à déambuler de manière inquiétante dans les couloirs. Mais il faut être tout à fait honnête, le métrage n'est pas construit comme une mécanique parfaitement huilée et avance de manière plutôt dégingandée. En soit, c'est d'ailleurs autant une qualité qu'un défaut pour GEN qui devient finalement étrange en raison de son zèle maladroit. Surtout que s'il n'est pas parfait, le film aligne pas mal de passages qui finissent de donner un côté un peu glauque ou, en tout cas, une ambiance lourde à l'ensemble. Le ton est d'ailleurs donné par la très curieuse entrée en matière qui ouvre le film avec un traitement psychiatrique faisant office d'éprouvante torture. Une séquence choc qui ne sera pas la seule de GEN dans lequel un tueur en série trucide violemment ses victimes en leur arrachant les yeux et le sexe. L'occasion de faire gicler quelques litres d'hémoglobines à travers l'écran. Assez sombre, le film se terminera de manière relativement osée en jetant en pâture l'un de ses personnages à un détraqué sexuel. Pas vraiment léger, GEN intègre tout de même quelques passages amusants grâce à ses deux flics forcément antinomiques.
Jouant beaucoup la carte du mystère, GEN fait des choix étranges, en tout cas pour un public occidental. Dès son arrivée à l'hôpital, le directeur de l'établissement présente son homme à tout à faire à l'héroïne. L'homme à la mine patibulaire se nomme Sadik. Un parfait coupable en puissance surtout que le type apparaît parfois de manière très surnaturelle, qu'il tire une tronche sinistre et n'ouvre que rarement la bouche pour s'exprimer. Les policiers, très tolérants, ne le soupçonneront à aucun moment. Bien sûr, le spectateur voit dans ce Sadik un coupable trop évident. De la même façon, le dangereux timbré qui vit reclus dans sa cellule est une sorte de Michael Myers d'HALLOWEEN qui aurait emprunté un masque à Hannibal Lecter. D'un point de vue cinématographique, c'est un meurtrier qui se désigne de lui-même et ce jusqu'à montrer sa tronche de cuir bien évidence sur la jaquette. Beaucoup trop simple se diront les spectateurs. Et c'est peut être là que le film de Togan Gökbakar s'avère quelque peu malin. Hélas, ceux qui auront vu auparavant LA MAISON DE LA LOCURA, ou qui auraient lu la nouvelle d'Edgar Allan Poe, vont flairer le truc assez vite. Mais GEN ménage tout de même un rebondissement qui nous donne une version beaucoup plus torturée de l'histoire originale. Le film illustre assez bien, à l'arrivée, la citation «Ne croyez rien de ce que vous entendez dire et ne croyez que la moitié de ce que vous voyez» qui vient de l'œuvre originale de Poe.
La sortie en France de ce DVD de GEN : TERREUR PSYCHIATRIQUE est autant une bonne qu'une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est donc qu'il nous est possible de découvrir le film avec sous-titrage en français et doublage dans notre langue. La mauvaise, c'est que l'éditeur nous fait le service minimum et fait une très grosse erreur, à notre avis, concernant les pistes sonores. Pourtant, cela partait bien avec un digipack cartonné plutôt sympa et au visuel accrocheur. A l'insertion du disque, on constate qu'en dehors du film et d'une bande-annonce, il n'y a rien du tout. Le DVD turc contenait, lui, une section éditoriale assez fournie. Tant pis pour les suppléments et on va se consoler avec le film. Direction le menu des langues et, là, c'est le drame. Seule deux pistes audio sont proposées et ce sera donc le choix entre le doublage français ou la version anglaise sous-titrée. La version originale turque n'est donc pas proposée. Cette dernière était mixée à l'origine en Dolby Digital 5.1. Vu la générosité du film en matière d'effets énormes, on imagine que la piste sonore originale devait en faire des caisses. Du coup, il faudra donc se contenter de deux pistes sonores en… stéréo ! Certes, elles sont dynamiques mais loin de rivaliser avec de véritables pistes multi-canaux. Sérieusement, le choix du doublage est vite fait. Surtout que les pauvres hères qui s'aventureraient sur la version anglaise vont déchanter en découvrant que depuis les années 60, les doublages faits par des acteurs américains sont d'une médiocrité à toute épreuve ! A défaut d'autre chose, la version française s'impose donc naturellement même si le terme «naturel» ne s'applique pas vraiment.
Curieusement, le dos de la jaquette indique un transfert 16/9 au format 1.66. Mais, à vrai dire, le cadrage tend plus vers du 1.85 se calant donc grosso modo sur le ratio du 16/9. Peu importe, l'image s'avère plutôt jolie avec une photographie très travaillée tirant essentiellement vers le bleu et le vert. On déplorera toutefois quelques soucis numériques et des noirs un peu bouchés. Cela n'empêche pas de découvrir le film mais cela aurait été tellement mieux avec la version originale voire même un making-of pour en savoir plus sur cette production turque !