A Blackwater Valley, on retrouve des animaux mutilés. Le shérif n'en fait pas grand cas surtout que l'affaire arrive au moment où il prépare sa réélection. Mais ces incidents vont mener bien vite à découvrir le corps d'une jeune femme découpée en plusieurs morceaux. La jeune adjointe du shérif prend alors l'affaire en main pour traquer ce qui s'avère être un tueur en série. Bien évidemment, l'individu ne va pas tarder à augmenter son tableau de chasse…
A ce jour, le plus haut fait de gloire du cinéaste Ethan Wiley est d'avoir co-écrit le scénario de HOUSE mais aussi scénarisé en solo et réalisé sa suite (HOUSE II). Pour le reste, l'homme va surtout travailler en coulisse sans faire de bruit sur divers projets. Ainsi, avant HOUSE, il bosse dans au sein des grosses équipes d'effets spéciaux du RETOUR DU JEDI ou de GREMLINS. Plutôt discret après les deux premiers HOUSE, il va travailler pour différents studios sur des projets qui n'aboutiront pas. Il fera son retour à la réalisation avec CHILDREN OF THE CORN V : FIELDS OF TERROR avant de continuer à œuvrer très anonymement jusqu'en 2005. Cette année là, il va créer une maison de production nommée Wiseacre Films qui produira un premier métrage horrifique titré BLACKWATER VALLEY EXORCISM et dont Ethan Wiley assumera la réalisation. Ce premier métrage va en quelque sorte être le point de départ de BRUTAL. En effet, le second long métrage produit par Wiseacre Films va réutiliser le décor de la ville de Blackwater Valley et reprendre le personnage du shérif interprété par Jeffrey Combs. D'après Ethan Wiley, il aurait écrit le scénario de BRUTAL pour en faire, en quelque sorte, une prequel de BLACKWATER VALLEY EXORCISM.
Lorsque Ethan Wiley fait BLACKWATER VALLEY EXORCISM, c'est évidemment en réponse à la petite vague démoniaque qui touche Hollywood avec le quatrième opus de la saga L'EXORCISTE. Plus question de surfer sur ce créneau pour une suite et il s'oriente donc vers le nouveau genre qui cartonne... à savoir les sulfureux HOSTEL et autres SAW. Avec BRUTAL, il va donc ponctuer son scénario de meurtres sanglants et vaguement choquants. Même pour la mise en image, il s'inspire par endroits des SAW avec des flashs de séquences de meurtres lorsque les cadavres sont découverts. Toutefois, l'intrigue s'éloigne complètement des SAW tout autant que des HOSTEL. La comparaison avec les films d'Eli Roth s'arrêtera d'ailleurs à la simple présence de victimes portant des minijupes ras les fesses et se faisant salement trucider. Pour relier toutes ses séquences chocs, le cinéaste tisse une histoire policière qui donne, à l'arrivée, un étrange mélange. BRUTAL se trouve ainsi au croisement des films de psycho-killer, du slasher et, bien évidemment, du film de torture. Toutefois, le film ne va faire qu'effleurer ces sous-genres du cinéma horrifique, comme s'il n'osait pas vraiment exploiter ces différents créneaux. Ethan Wiley va au passage essayer de donner vie à l'univers où se déroule l'histoire en créant plusieurs personnages bigarrés. Il reprend donc le shérif de BLACKWATER VALLEY EXORCISM campé par un Jeffrey Combs forçant le trait rural du personnage. Le scénariste lui donne une assistante interprétée par la jeune Sarah Thompson qui paraît peu crédible dans un tel rôle. En tout cas, cela donne à l'histoire l'occasion de développer un triangle amoureux et une histoire d'adultère qui comble la grande simplicité du récit. Il en sera de même en ce qui concerne le personnage joué par Michael Berryman. Un rôle un peu à contre-emploi pour l'acteur même s'il n'échappe pas au fait d'interpréter un autiste. Quoi qu'il en soit, ces trois personnages donnent un peu d'intérêt à une histoire franchement mollassonne entre deux meurtres. Enfin, Ethan Wiley injecte une dose de second degré à son métrage, un peu comme s'il ne prenait pas vraiment au sérieux son histoire de tueur en série. C'est sur ce point que BRUTAL reste le plus intéressant puisque le film ménage quelques rebondissements très inattendus et bien souvent ironiques.
BRUTAL suit donc en parallèle l'enquête policière et les exactions du tueur dont le mobile sera clairement explicité de manière étonnante et mathématique en fin de métrage. Plutôt que d'en faire un croquemitaine flamboyant, BRUTAL adopte une vision contraire mais aussi bien plus proche de la réalité des tueurs en série. Personnage anodin et apprécié de la communauté, notre tueur pète un câble et arrachent des cœurs après s'être défoulé sur ses victimes avec des ustensiles de jardinages. Filmés de manière frénétique, les mises à mort ne permettent pas souvent de voir grand chose en dehors de belles gerbes sanglantes. Toutefois, quelques plans gores viennent épicer le métrage. Le film pourrait donc être une bonne surprise s'il n'y avait pas une sorte de flottement dans la narration et surtout un tournage en vidéo. Le contact avec les premières minutes du film donnent tout de suite le ton. L'image ne semble que très peu travaillée et affiche un côté "brut" peu esthétique et très vidéo. Plus gênant encore, le directeur de la photographie semble souvent ne pas avoir le temps de faire son travail correctement. Ainsi, le nombre de plans sous ou sur exposés est innombrable. Dommage car les bonnes idées de BRUTAL ainsi que son ton plutôt particulier n'en sortent pas grandi. En l'état, BRUTAL donne l'impression d'assister à un premier montage qui n'a pas été affiné et à des images qui n'ont pas encore été traitées en post-production. Avec plus de soin en ce qui concerne la finition, BRUTAL aurait pu être un bon petit film.
L'édition française de BRUTAL reprend le visuel américain qui s'avère un peu éloigné de la réalité du film. Ainsi, le fourreau à la finition brillante donne l'impression que nous allons découvrir un film soigné. On déchantera une fois le disque inséré dans le lecteur. En effet, seules deux options sont disponibles. La première permet de lancer le film et la seconde vous permet de choisir la langue. Vous avez le choix entre deux pistes audio en stéréo qui n'ont rien d'exceptionnelles. Elles sonorisent le film de façon classique et il ne faudra pas en demander plus. Le mixage original n'a semble t'il pas été plus soigné que l'image du film. Evidemment, le transfert 16/9 du DVD reproduit donc le visuel assez particulier de BRUTAL. Très honnête, le boulot a été bien fait par l'éditeur pour restituer les images très vidéo. En supplément, par contre, il n'y a donc rien du tout ! L'édition américaine proposait un commentaire audio ainsi qu'un making-of. Ici, il n'y a même pas une bande-annonce.