Après la disparition de son frère, une jeune femme invite des amis à essayer de le retrouver dans un parc d'attractions abandonné. Le lieu en ruine dissimule un terrible secret et une palanquée de spectres…
Andrew Lau va œuvrer sur les films des autres avant de se lancer dans la réalisation. C'est ainsi qu'il va bosser sur les métrages de Ringo Lam, Wong Kar Wai ou Ronny Yu. Son passage à la réalisation, il le fera en tournant des pelloches très commerciales qui vont le mener à oeuvrer pour Wong Jing, producteur réputé pour son sens de l'exploitation. Mais Andrew Lau va connaître la consécration à Hong Kong grâce à la franchise des YOUNG AND DANGEROUS avec toujours dans les coulisses Wong Jing. Quelques épisodes cinématographiques plus tard, il va de nouveau rencontrer un certain succès avec un très décrié THE STORM RIDERS. Une grosse production en costumes et bardée d'effets spéciaux où le cinéaste donnait la vedette à Ekin Cheng, star des YOUNG AND DANGEROUS. Mais la plus grande réussite d'Andrew Lau, c'est la production et la réalisation de la trilogie des INFERNAL AFFAIRS. Après le succès du premier film, il va donc en réaliser deux suites. Mais, curieusement, il va aussi s'atteler à un projet qui n'a pas grand chose à voir avec le polar. Et pour cause, THE PARK est un film d'horreur qui a, de plus, la particularité d'être en 3D.
Drôle de choix que de s'accorder un intermède pour aller tourner THE PARK. Le projet n'a rien de particulièrement attrayant et son scénario est d'une banalité confondante. Le cinéaste a peut être voulu, lui aussi, essayer de capitaliser sur le succès des spectres asiatiques. D'ailleurs, l'une des scènes de THE PARK pompe de manière très flagrante l'imagerie de Takashi Shimizu et de son JU-ON ou de son THE GRUDGE. Sans raison très apparente, un môme sort d'un placard et une nana à la tignasse sombre se penche au-dessus d'un lit où une jeune femme est terrorisée. Le plagiat est manifeste mais le talent est, par contre, totalement absent. Filmé en pleine lumière, sans travail particulier sur la photographie et surtout avec une effarante désinvolture, ce moment de frissons tombe lamentablement à plat. Pire, il n'a pas vraiment de cohérence avec le reste du métrage. Mais, de la cohérence, le spectateur va surtout devoir l'apporter avec lui. Car THE PARK est un vrai non-sens dans le domaine du cinéma d'horreur. En effet, le film alterne passages normaux, assez rares, avec une accumulation de séquences tour à tour ennuyeuses, stupides voire ridicules. A ce niveau, quelques lignes de dialogues valent le détour telles que «Je ne pensais pas qu'être possédé était aussi fatigant». Par instant, on en vient même à se demander s'il ne s'agit pas d'une parodie. Une impression renforcée par une douteuse séquence dans laquelle nos «héros» sont assaillis par un «gyonshi». Ce cadavre putride et sautillant a connu une grande renommée à la grande époque des MR VAMPIRE et autre EXORCISTE CHINOIS. A ce propos, l'un des personnages le nomme justement «Exorciste chinois» dans la traduction française du film. Seulement, les «gyonshi» sont devenus une figure de la comédie horrifique au même titre que Ching-Ying Lam, ce qui rend carrément risible l'apparition de ce bondissant cadavre dans THE PARK. Au crédit du film de Andrew Lau, on notera des éclairages fluos qui donnent un certain cachet à quelques décors du film. Malheureusement, le parc d'attraction ressemble plus souvent à un terrain vague où l'on a posé trois vieux manèges. Pour le spectaculaire, ce n'est donc pas gagné. Le film pourrait gagner en crédibilité avec des acteurs concernés. Hélas, la distribution, en grande partie jeune, livre des prestations dignes d'une sitcom. Difficile néanmoins pour eux de défendre des personnages tellement peu définis qu'on ne peut même pas utiliser le terme de «caricature». L'intrigue proprement dite est, au passage, une sorte de plagiat du jeu vidéo Fatal Frame. Les scénaristes ont vaguement déguisé l'histoire d'une jeune femme qui part sur les traces de son frère disparu au contact avec un lieu hanté. THE PARK reprend au passage l'idée de l'appareil photo capable de capturer les esprits. Au niveau des influences «fortuites», on pense à quelques endroits à POLTERGEIST ou encore L'EXORCISTE.
Grande idée de THE PARK, emballer sa profonde connerie tout en lui donnant du relief ! Car ce film signé par Andrew Lau a donc été réalisé en 3D. Mais c'est un grand mot car, en réalité, seule quatre passages du film bénéficient de ce procédé, le reste du métrage étant tout à fait conventionnel. Ainsi, lorsque le spectateur doit chausser ses lunettes, une petite icône apparaît. Une autre icône vient lui indiquer de les retirer lorsque le film repasse en 2D. Ce procédé était d'ailleurs utilisé, à la même époque, dans des métrages 3D thaïlandais produits à destination de la vidéo et dont le niveau de production était d'une grande faiblesse. Si THE PARK fait un peu plus friqué, il n'en reste pas moins qu'il partage les mêmes faiblesses ce qui n'est peut être pas si surprenant puisqu'il s'agit d'une coproduction entre la Thaïlande et Hong Kong. Le procédé utilisé n'a rien de bien neuf et utilise l'anaglyphe avec filtre coloré. Un procédé qui ne donne pas vraiment entière satisfaction pour le rendu des couleurs. En tout cas avec THE PARK, cela fonctionne de manière très aléatoire. Et pour cause, certains passages des intermèdes en relief ne sont en fait pas en 3D ! Il aurait pourtant été logique d'avoir des scènes montées intégralement en 3D mais ce n'est pas le cas. On alterne donc quelques plans saisissants, avec par exemple un couloir dont les murs sont ornés de bras vivants, et des images sans effet de profondeur de champs. Même parmi les images réellement en relief, le résultat est des plus inégal surtout que le film semble ne pas véritablement vouloir tirer parti de son truc. Du coup, la 3D devient un gadget anecdotique et même dommageable mais nous y reviendrons…
Des défauts, THE PARK s'en traîne plus que de raison à un tel point qu'on en vient à se demander si Andrew Lau n'a pas laissé sa place en cours de tournage pour aller s'occuper plus sérieusement de ses INFERNAL AFFAIRS. En effet, le déroulement du film s'avère des plus chaotiques. On pourrait être tenter de se rattraper sur l'aspect purement horrifique du film. Grave erreur puisque de ce côté, c'est probablement encore pire que le reste. Le film refuse la surenchère visuelle et les effets chocs. Quelques filets de sang et une décapitation assurent les moments les plus horribles du métrage. Assez souvent, THE PARK préfère s'attacher à des mises à mort si anti-spectaculaires que l'on en reste pantois. Autre souci, l'alternance des passages 2D et 3D cassent littéralement l'ambiance. Les séquences en 3D ont même tendance à nous déconnecter totalement d'images qui devraient pourtant être immersives. Mais comment avoir peur face à des effets de trains fantômes mal foutus ? Du bon gros foutage de lunettes !
Le DVD français de THE PARK est placé dans un boîtier traditionnel recouvert d'une reliure cartonnée lui donnant un côté livre plutôt sympathique. A l'intérieur, on trouve deux paires de lunettes ce qui donne l'occasion d'halluciner en compagnie d'une autre personne qui n'en croira pas non plus ses yeux devant l'indigence du spectacle. Le disque présente le film avec un transfert 16/9 respectant le format d'origine. La compression se fait sentir par des problèmes de fixités et autres soucis numériques. Difficile d'ailleurs de savoir si cela influe sur le ressenti parfois hasardeux des passages en 3D. Pour le son, il y en a pour tous les goûts en terme de technique mais le choix peut paraître curieux. En effet, la version originale en cantonais est proposée en stéréo ou bien avec un mixage en Dolby Digital 5.1. Le doublage français est, quant à lui, en stéréo ou en DTS. Il est à supposer que l'éditeur a reçu seulement du Dolby Digital 5.1 pour la version originale et que, lors du doublage, le DTS a été choisi. Qu'importe, ça fait du bruit dans toutes les enceintes mais pour la subtilité ou le naturel, il faudra oublier et ce quelle que soit la version choisie. Les doubleurs de la version française se sont adaptés à la médiocrité des acteurs originaux. Le résultat est donc réussi… mais pathétique !
La partie interactive surprend via un making-of qui prolonge la connerie du film. En fait de making-of, il s'agit d'une accumulation de phrases lâchées principalement par les acteurs. Ils auraient pu nous raconter quelque chose d'intéressant mais non. En gros, les acteurs parlent à la première personne de leurs personnages. Au début, on pense inévitablement qu'il s'agit de leur propre ressenti. Pas du tout, ils lâchent des phrases du type «Au début, je n'y croyais pas. Mais après l'avoir vu, j'y ai cru» en faisant comme s'ils étaient le personnage qu'ils jouent dans le film. Plusieurs minutes totalement ineptes qui donnent surtout l'impression que l'on continue de se moquer du spectateur. Les autres suppléments seront moins stupides puisque c'est l'éditeur lui-même qui les a réalisé. Ainsi, la biographie et la filmographie de Andrew Lau permettent de donner un aperçu du cinéaste. Toutefois, on se demande un peu pourquoi THE STORM RIDERS est occulté dans la biographie puisqu'il s'agit assurément de l'un des titres phares du réalisateur. Enfin, on trouve un grand nombre de bandes-annonces d'autres films asiatiques commercialisés en DVD par l'éditeur.