Barbara se rend à l'enterrement de l'un de ses parents. En arrivant au cimetière, l'endroit semble déserté mais des morts-vivants ne tardent pas à se montrer. Notre héroïne prend la fuite et trouve refuge dans une petite ferme isolée…
En 1968, un oubli juridique va donner un statut assez particulier à LA NUIT DES MORTS-VIVANTS. En effet, le film va être considéré comme une œuvre libre de droits. N'importe qui peut dès lors l'éditer en vidéo, reprendre des éléments du film ou de son intrigue pour en faire ce que bon lui semble. Et, à vrai dire, beaucoup n'ont pas hésité à sortir LA NUIT DES MORTS-VIVANTS en DVD, colorisée ou pas, sans trop se forcer sur la qualité, histoire de ne pas trop grever le budget d'un métrage qui ne leur coûte rien à la base. En 1990, le maquilleur Tom Savini va refaire une NUIT DES MORTS-VIVANTS en réalisant pour la première fois un film à destination des salles obscures. Mais ce projet reste cadré officiellement puisque George Romero chapeaute le métrage. Depuis, nous avons vu passé pas mal de nouvelles versions d'œuvres cinématographiques et particulièrement L'ARMEE DES MORTS (remake du ZOMBIE de Romero) alors qu'une petite frénésie de morts-vivants a déboulé sur les écrans. Mais personne n'avait semble t'il eu l'idée de refaire LA NUIT DES MORTS-VIVANTS alors que les droits ne coûtent rien. Personne sauf Jeff Broadstreet. Le souci, c'est que le cinéaste ne voulait pas refaire le film de George Romero! En fait, il avait envie de réaliser une nouvelle version du très sympathique I BURY THE LIVING de Albert Band qui se trouve dans le même flou juridique. Mais il faut se rendre à l'évidence, personne ne connaît I BURY THE LIVING alors que tout le monde a déjà entendu parler, même sans forcément avoir vu le film, de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS. Prévu pour être tourné avec un petit budget, le film devient sans ajustement financier une production en 3D. Pas du relief super chiadé avec lunette polarisée genre VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE ou LES MOUCHONAUTES mais du bon vieil anaglyphe coloré.
Les images en relief par anaglyphe datent du XIXème siècle et le procédé fera son apparition au cinéma dès les années 20. Mais lorsque la 3D dans les films va connaître un premier engouement durant les années 50, une autre technique sera utilisée pour donner du relief aux écrans. En réalité, les anaglyphes seront utilisés de façons très irrégulières dans les salles et généralement soit dans des courts-métrages ou via des séquences de courtes durées. Par exemple, LES YEUX DE L'ENFER ou bien LA FIN DE FREDDY ne contiennent que de courtes séquences en 3D alors que le reste du métrage est présenté de manière plus conventionnelle. Cela n'est pas surprenant puisque l'utilisation de filtres de couleurs différentes pour chacun des yeux a un effet gênant. En premier lieu, cela dénature les couleurs originales de l'image. Mais, bien plus gênant, le défaut de la plupart des systèmes de relief au cinéma est accentué. Car si la vision de vos deux yeux n'est pas identique et constante, le rendu peut devenir très vite fatigant, désagréable et même vous filer un sacré mal de crâne. Sur le marché de la vidéo ou de la télévision, l'anaglyphe s'est par contre imposée avec, parfois, une variante proposant des filtres de couleurs grise. Pas mal de films tournés en relief pour être vu avec des lunettes polarisées ont été ainsi adaptés pour être proposés à la télévision sur le principe des anaglyphes en dégradant au passage les couleurs d'origines. LA NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D propose quant à lui de voir le film sur l'intégralité du métrage avec des lunettes dotées d'un filtre rouge et un autre cyan. Forcément, les défauts de cette technique se font rapidement sentir. Images aux effets 3D saisissants succèdent à des images douteuses où les couleurs se mélangent n'importe comment. La fatigue visuelle en fin de métrage sera variable selon les spectateurs ! De toutes façons, le film a été réalisé sans faire une surenchère d'effets 3D. LA NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D gagnerait peut être même plus à être vu en version plate.
Evacuons donc le relief pour nous intéresser au film en lui-même. Ce remake écrit par Robert Valding prend pas mal de libertés avec le métrage original. Le réalisateur du film va d'ailleurs amener une idée qui provient d'un fait divers réel assez étrange qui était absente de l'œuvre originale. L'histoire va ainsi placer un nouveau personnage et un nouveau lieu dans l'intrigue. Si le film s'inspire évidemment du film de George Romero, il va aussi intégrer des éléments qui proviennent de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Le résultat pourra paraître assez surprenant mais l'intrigue se déroule plutôt bien ce qui n'était pas gagné d'avance. Evidemment, les puristes risquent d'être un peu choqués par cette nouvelle version du métrage original. Le film réalisé par Jeff Broadstreet se permet de revoir LA NUIT DES MORTS-VIVANTS sous un jour quelque peu humoristique. La maison où se retranche nos héros est ainsi la demeure d'une famille de sympathiques fumeurs de joints. Le second degré n'est donc jamais très loin. L'auteur se permet au passage de donner une raison à l'émergence des morts-vivants que l'on peut voir comme un clin d'œil au RETOUR DES MORTS-VIVANTS. Mais si la vision du film est, contre toute attente, plutôt sympathique, le métrage risque de décevoir ceux qui s'attendent à découvrir de nombreuses séquences gores. Mais il apparaît important de préciser que le film original, en noir et blanc, n'était pas, lui non plus, un métrage débordant d'effets sanglants ou d'arrachages de membres. Si le gore paraît donc peu généreux, en regard de ce qui peut se faire aujourd'hui, il est en tout cas plus présent que dans le film de George Romero. En prime, l'une des actrices se baladera à poil durant quasiment toutes ses scènes !
LA NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D va donc suivre les grandes lignes du film original, du cimetière où débarque le personnage principal jusqu'au retranchement dans une bicoque isolée. Mais le métrage de George Romero va aussi apparaître réellement à l'intérieur du film. Il va même faire partie de quelques-uns uns des dialogues puisque LA NUIT DES MORTS-VIVANTS est diffusé au moment où se déroule l'histoire. Enfin, le dernier tiers du film va prendre carrément la tangente puisque l'intrigue va nous mener dans un lieu totalement inédit tout en apportant des rebondissements qui le sont tout autant. Remake, suite et film clin d'œil, LA NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D ne se prend pas tellement au sérieux et c'est très certainement là une de ses qualités. L'ambiance plutôt amusante du métrage désamorce au final l'a priori très négatif que l'on pouvait avoir face à ce très opportuniste NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D qui est au final sans grande prétention. Parmi les éléments inédits, par rapport à l'œuvre originale, on trouve un personnage qui est interprété par Sid Haig. L'acteur ne livre certainement pas ici sa meilleure prestation mais donne, en tout cas, un certain cachet à l'ensemble. Les plus physionomistes reconnaîtront Greg Travis qui incarnait un journaliste finissant mal dans STARSTHIP TROOPERS.
Avant d'accèder au boîtier du DVD, il faut passer par le fourreau cartonné qui dispose cette fois d'un visuel un peu différent puisqu'il est en lenticulaire 3D. Le boîtier de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS 3D contient deux DVD. Le premier propose le film en 3D et le second en version plate. Vous aurez ainsi le choix d'enfiler les lunettes ou bien de ne pas le faire. Free Dolphin est plutôt généreux puisque l'éditeur propose quatre paires de lunettes dans une pochette plastifiée. Elles sont de plus estampillée au titre du film et non pas simplement anonyme. Dans les deux cas, le film est présenté en 16/9 avec une image plutôt de bonne qualité. La version originale anglaise et le doublage français sont proposés avec des pistes en Dolby Digital 5.1 qui ne cassent pas des briques. Honnête sans en faire des tonnes !
Les suppléments sont, pour une fois, agréable et renforcent le coté plaisant de cette production. Le making-of expose la création du film et son tournage. On retrouve le réalisateur, le scénariste, le maquilleur et Sid Haig lors d'une projection aux Etats-Unis où ils répondent aux questions du public. Forcément, les réponses seront parfois redondantes avec les informations déjà données dans le making-of mais, une nouvelle fois, la sympathie des cinéastes apparaît évidente. Le réalisateur, le scénariste et l'acteur ont enregistré aussi un commentaire audio mais il n'est pas hélas sur cette édition DVD. La 3D est traitée dans un petit documentaire qui s'avère au final être le supplément informatif le moins attrayant. Un bêtisier pas vraiment drôle, le making-of contient des passages bien plus amusants, un spot TV, un spot radio et la bande-annonce mettent un terme à une interactivité somme toute appréciable.
