Header Critique : WELCOME TO THE JUNGLE

Critique du film et du DVD Zone 2
WELCOME TO THE JUNGLE 2007

 

Après avoir entendu qu'un ami d'un ami (du frère de mon épicier) a vu un homme blanc captif d'une tribu en survolant la Nouvelle Guinée, quatre jeunes gens décident de faire leurs sacs, en n'oubliant pas la crème anti-moustique, et de partir à la recherche de Michael Rockefeller. Disparu depuis les années 60, une forte récompense attend ceux qui réussiraient à le retrouver.

Les tribus anthropophages faisaient partie des éventuelles péripéties à surmonter dans le cinéma d'aventure. Il faudra attendre les années 70 pour que les Italiens prennent à bras le corps ce sujet et lui donner ses lettres de «noblesse». Il s'agit d'ailleurs de l'un des rares «genres» que l'industrie cinématographique italienne va réellement exploiter après avoir elle-même inventé ses spécificités. En effet, jusque là, le cinéma populaire italien suivait les modes en dupliquant avec plus ou moins d'imagination des œuvres généralement d'inspiration anglo-saxonne : film de cape et d'épée, épouvante, Western, espionnage, polar… Quand Umberto Lenzi tourne AU PAYS DE L'EXORCISME, il pose les grandes lignes de ce que vont devenir les films de cannibales qui émergeront peu après. Pour Joe D'Amato, les sauvages mangeurs d'hommes sont un prolongement comme un autre des aventures journalistique «trash» de sa Black Emanuelle dans EMANUELLE ET LES DERNIERS CANNIBALES. Mais ce sera surtout Ruggero Dedoato qui va réellement lancer ce sous-genre avec LE DERNIER MONDE CANNIBALE et l'emblématique CANNIBAL HOLOCAUST. Dans le sillage de ces deux œuvres, on trouvera alors toute une flopée de pelloches cannibalo-aventureuses produites par les Italiens, les Espagnols, les Indonésiens et même les Français. Il est donc assez amusant aujourd'hui de voir que le cinéma Bis inspire le cinéma américain avec WELCOME TO THE JUNGLE. Pourtant, le réalisateur et scénariste Jonathan Hensleigh affirme ne pas s'inspirer de CANNIBAL HOLOCAUST et autres métrages italiens du même type. Attitude carrément malhonnête de la part du cinéaste mais qui offre une version américanisée de certains artisans italiens qui se défendaient (ou se défendent encore) d'avoir confectionné des succédanés très opportunistes. L'opportunisme de Jonathan Hensleigh, quant à lui, est d'essayer de surfer sur la vague des films d'horreur extrêmes qui pullulent depuis quelques années. Et quoi de mieux qu'un film de cannibales pour éprouver des spectateurs toujours plus avides de sensations fortes ?

WELCOME TO THE JUNGLE part d'un fait divers s'étant déroulé durant les années 60. Le fils du vice président des Etats-Unis disparaît au cours d'une expédition en Nouvelle Guinée. Michael Rockefeller ne sera jamais retrouvé et selon les théories, il aurait terminé au fond des estomacs d'une tribu cannibale. Encore aujourd'hui, le mystère reste entier après diverses recherches et enquêtes. Cette histoire fait d'ailleurs partie des influences de films tel que AU PAYS DE L'EXORCISME ou LE DERNIER MONDE CANNIBALE. Les deux films se déroulent justement du côté de l'Océanie et de l'Asie alors que la plupart des autres métrages de cannibales ont plutôt tendance à se reporter vers l'Amazonie. C'est la même histoire qui se trouve au centre de WELCOME TO THE JUNGLE puisque Jonathan Hensleigh envoie ses personnages sur les traces de Michael Rockefeller en espérant bien toucher une coquette prime en récompense. Deux couples partent donc sur un coup de tête dans la jungle de Nouvelle Guinée après avoir préparé quatre petits sacs à dos et deux toiles de tente. L'idée est complètement ridicule d'un point de vue réaliste mais nos quatre jeunes gens sont particulièrement niais et décérébrés. La majeure partie du métrage va donc suivre leurs péripéties les moins spectaculaires à coup de prises de bec, de beuveries et surtout de parlote largement improvisées. Les acteurs montrent d'ailleurs rapidement leurs limites via des dialogues parfois redondants et sans véritable intérêt. Heureusement, il leur arrive quelques mésaventures plus notables mais grâce à la magie du concept cinématographique, le spectateur ne pourra pas vraiment les apprécier. Et pour cause, Jonathan Hensleigh a choisi de donner une caméra à ses protagonistes qui se la refilent pour se filmer eux même. Le procédé ingénieux, déjà utilisé dans CANNIBAL HOLOCAUST, peut donner des résultats très immersifs ou, au contraire, profondément amateur s'il est mal utilisé. C'est aussi un bon moyen de tourner à l'économie et cette pratique a été beaucoup employée ces dernières années par de micro-productions indépendantes depuis le gros succès marketing du PROJET BLAIR WITCH. Pour Jonathan Hensleigh, le choix du tournage en vidéo est plus que probablement un choix artistique. Mais faut il encore être un artiste et le cinéaste a encore tout à prouver dans ce domaine si l'on en juge par son précédent film peu convaincant face aux attentes (l'adaptation du Punisher). Il n'y a donc pas de surprise et WELCOME TO THE JUNGLE se pare des mêmes travers que la plupart des métrages produits avec deux kopecks et une caméra DV. L'ennui s'installe et la vision du cinéaste s'efface complètement pour nous livrer des images sans éclat. Car la plupart des films réussis dans ce genre particulier ne sont pas le fruit du hasard et de l'improvisation du moment. Jonathan Hensleigh ne l'a pas intégré et se plante donc gentiment en proposant plus d'une heure de parlotte entre quatre personnages antipathiques. La seule bonne idée dans ce fatras est d'imposer une scission entre les deux couples. Mais le cinéaste échoue à instaurer une véritable tension et, au contraire, accentue le rejet de ces quatre jeunes qui ont donc improvisé leur expédition de la même façon que Jonathan Hensleigh semble avoir préparé son tournage. WELCOME TO THE JUNGLE est touché par un syndrome de plus en plus fréquent : une idée de départ, aucun développement et donc rien d'intéressant à l'écran ! Cette impression de gentil bâclage transparaît via des rebondissements affligeants et une mise en scène indigente. L'exemple frappant est une longue séquence dialoguée dans laquelle le cinéaste nous fait des champs / contre-champs sur des personnages qui discutent entre eux sans oublier de monter le tout avec une autre discussion en parallèle. Le cinéaste ne semble donc même pas vouloir proposer un produit cohérent dans le domaine du film tourné à la première personne. Il ose même donner une caméra à des personnages qui semblent ne pas vouloir la lâcher comme drogués par l'envie de filmer leur indigente aventure. Et lorsque cette caméra n'est plus disponible, ce n'est pas grave, l'un des protagonistes sort une deuxième caméra de son sac comme par enchantement. Le procédé est gros comme une maison mais le cinéaste va le rééditer quelques secondes plus tard avec la confection express d'un deuxième radeau. Ce dernier s'avère être étrangement identique à une autre embarcation de fortune utilisée par d'autres personnages dans le film peu auparavant.

Avec son tournage en vidéo, les paysages de la Nouvelle Guinée n'en sortent pas grandis. Toutefois, il faut préciser que, de toutes façons, le film a été tourné en réalité aux Iles Fidji ce qui ne change rien au problème. De nombreux passages de WELCOME TO THE JUNGLE auraient tout aussi pu être tournés dans n'importe quel parc naturel américain que cela n'aurait pas de véritable impact sur le produit terminé. A l'évidence, ce tournage a permis a plusieurs personnes d'aller prendre des vacances au soleil à l'image de Gale Ann Hurd, productrice de plusieurs films de James Cameron (TERMINATOR, ALIENS ou ABYSS). Cela semble être la seule explication pour le résultat qui s'affiche à l'arrivée sur nos écrans. Le film pourrait trouver un semblant d'intérêt en confrontant ses quatre protagonistes aux sauvages locaux mais la plupart des affrontements tournent courts. L'altercation contre des pillards et le passage d'une frontière très armée sont ainsi d'une platitude confondante. Jonathan Hensleigh n'en oublie pas pour autant ses cannibales qui aurait pu au moins sauver un métrage en roue libre. Mais le cinéaste s'ingénie contre toute logique à nous proposer un spectacle cinématographique. Les indigènes anthropophages ressemblent à une demi douzaine de types vaguement maquillés qui renvoient au pire essai francophone dans le domaine du film de cannibales. Pour bien rendre insipide un métrage qui semblait se réveiller après plus d'une heure de projection, le réalisateur n'offre qu'une poignée de membres ensanglantés jonchant le sol. Même lors de son épilogue, Jonathan Hensleigh semble se foutre de la gueule du spectateur.

Avec WELCOME TO THE JUNGLE, le cinéma Bis italien tient sa revanche. De celle qui apporte l'évidence que l'industrie cinématographique italienne avait un véritable talent pour reproduire, modifier et adapter les grands succès hollywoodiens. Dans le sens contraire, un cinéaste américain ne réussit absolument pas à se hisser ne serait-ce qu'à la cheville, même lorsqu'elles sont sectionnées comme dans son film, des métrages italiens, même les moins bons. A vrai dire, nous sommes d'accord avec Jonathan Hensleigh, WELCOME TO THE JUNGLE n'a rien à voir avec CANNIBAL HOLOCAUST. Il n'a pas le même discours sur la violence et les médias puisqu'il ne développe rien. Il n'a rien de choquant puisqu'il ne montre rien. WELCOME TO THE JUNGLE donne surtout l'impression d'être un vilain produit commercialisé sur une idée vendeuse mais n'offrant que du vide ! Quitte à voir ne serait-ce qu'un film de cannibales, il apparaît donc fort judicieux de se tourner vers CANNIBAL HOLOCAUST ! Au pire, plantez-vous et regardez l'amusant BIENVENUE DANS LA JUNGLE avec The Rock.

Emylia sort une édition DVD qui place sur sa jaquette «Par les producteurs de TERMINATOR et ALIEN». Pourquoi pas puisque Gale Ann Hurd fait donc partie de cet étrange voyage. Néanmoins, peut on mettre au pluriel une productrice ? De même, l'utilisation du titre ALIEN avec la typo de ALIEN 3 alors qu'elle n'a produit que ALIENS prête un peu à sourire. Quoi qu'il en soit, soyez sûr que le film est présenté en « version non censurée » puisque c'est indiqué sur la jaquette. C'était préférable (tant qu'à faire) mais, en même temps, il convient peut être de préciser qu'a priori, le film n'a pas été censuré (que vous voulez vous retirer ?). Le dos de la jaquette nous indique qu'il s'agit de «La suite officieuse de CANNIBAL HOLOCAUST». S'il est évident que Jonathan Hensleigh a été inspiré par le film de Ruggero Dedoato, il apparaît peu logique de voir dans son métrage une suite puisque les personnages ne sont pas les mêmes et que l'action se déroule à l'autre bout de la planète. Pour en terminer avec la jaquette, qui réussi son coup dans le domaine de l'exploitation (et c'est un compliment), elle ajoute un «Sans doute le film le plus terrifiant de cette décennie !» signé par «The Horror Review». Il est clair que chez «The Horror Review», ils ont perdu tout sens critique à moins que leur équipe ne soit composé de mères de famille de la Société Religieuse des Amis (les Quakers, donc).

Difficile de trouver à redire en ce qui concerne le transfert vidéo. C'est du tournage en vidéo et on y retrouve donc une image assez typique. D'ailleurs un défaut survient au milieu du film, juste après l'essai du passage de la frontière, et il apparaît impossible de savoir si cela provient d'un effet du film, d'un changement de couche visible ou d'autres choses. S'il y a des problèmes de compression, ils sont en tout cas bien camouflé par l'image originale. Que vous soyez au milieu d'une jungle d'enceintes (au moins 5 et un petit) ou seulement équipé d'un basique téléviseur, le DVD français de WELCOME TO THE JUNGLE devrait vous convenir. En effet que ce soit pour la version originale anglaise ou le doublage français, vous pourrez choisir entre stéréo ou Dolby Digital 5.1. Les mixages sont à l'image du film plutôt anti-spectaculaires mais rappelons qu'il s'agit d'un film vous mettant dans la peau d'une petite caméra mal équipée pour les prises de son.

Il existait un making-of, un commentaire audio et même des scènes coupées. Celui qui a bouffé tout cela avant que cela ne puisse être placé sur cette édition n'est pas franchement sympa. L'écoute du commentaire audio auraît sûrement été instructive ne serait-ce que pour entendre comment le cinéaste peut défendre son oeuvre. Il ne reste donc plus qu'à contenter sa faim avec trois bandes-annonces. Celle du film de Jonathan Hensleigh qui réussi l'exploit de raconter l'intégralité du film du début jusqu'à sa fin en un peu moins de deux minutes (ce n'était pas difficile cependant) ainsi que celle de KING MAKER qui a l'air bien rigolo ou encore de BTK dans lequel Kane Hodder se prend pour le fameux tueur en série.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
WELCOME TO THE JUNGLE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Emylia
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
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