2013. Une guerre a ravagé les Etats-Unis qui ont subi trois ans d'hiver nucléaire avant que les saisons ne reprennent leur cours normal. Plus d'institutions, ni de technologie, les communications n'existent plus, il faut tenter de survivre. Des groupes se constituent, des villages deviennent des fortins, car il existe une menace : les Holnistes, une bande armée se revendiquant de Nathan Holn, le leader de la révolte contre le gouvernement américain. À leur tête, Bethlehem (Will Patton), un ancien vendeur de photocopieuses devenu mégalo, qui entend diriger le pays d'une main de fer selon les huit lois dictatoriales de Holn. Un homme solitaire (Kevin Costner) se fait enrôler de force dans son armée puis parvient à s'évader. Après avoir trouvé le squelette d'un facteur, il revêt son uniforme et se présente ainsi à Pineview, une communauté de survivants retranchés. Il leur fait croire qu'il travaille officiellement pour les postes des «Etats-Unis restaurés» et leur amène des lettres vieilles de quinze ans. Ce mensonge n'est destiné qu'à lui permettre d'obtenir de la nourriture mais les gens voient en lui l'espoir d'un renouveau. Son destin est en marche…
Four public et critique à sa sortie, POSTMAN a souffert de venir deux ans après WATERWORLD, film post-apocalyptique à la production agitée qui semblait sonner le glas de la carrière de Kevin Costner. Avec une histoire proche de survivants dans un monde dévasté, en bute à un chef autoritaire et sauvé par un inconnu solitaire, il était normal de penser que le film marchait sur ses traces, ce qui, au vu du flop retentissant du film de Kevin Reynolds, ne présageait rien de bon. Or, POSTMAN n'a pas grand-chose en commun avec WATERWORLD… pour la bonne raison que Costner est derrière la caméra. Sept ans après DANSE AVEC LES LOUPS, l'ex-Eliott Ness nous refait un western en épurant le livre de David Brin de ses passages de science-fiction ! C'est ce qui frappe le plus à la vision du film, qui semblait nous promettre une histoire sombre et futuriste.
Mais attention, pas un western post-apocalypse à la MAD MAX 2 où des véhicules hybrides remplaceraient les chevaux et où une bande d'agités ferait office de tribu indienne avide de scalps… Non, non, un vrai western. Avec de grands espaces tournés dans les plaines de l'Oregon, des cavalcades, des attaques à main armée, des shérifs… C'est de toute façon, l'histoire même du film : l'Ouest est à reconquérir, il faut réinventer le Pony Express, c'est-à-dire relier les gens entre eux, première étape avant la construction d'une nouvelle civilisation.
Pineview est un village datant des années 1880 où subsistent encore des reliques du vieil Ouest, notamment le bureau de poste. Un jeune garçon décide de faire lui aussi partie de l'aventure et demande au «Postman», désormais son nom officiel, de lui faire prêter le serment des facteurs. À partir de là, un énorme réseau de distribution du courrier se met en place, des dizaines de facteurs parcourent le pays à cheval et les habitants revivent. Costner dépassé par sa propre imposture, assiste à ce paradoxe : le pays va se reconstruire sur un malentendu, sur une mythologie absurde, mais va se reconstruire quand même ! Cet aspect est très émouvant et est une des forces du film.
Le méchant (joué par Will Patton) est très intéressant. Homme cultivé capable de citer Shakespeare, il est un leader charismatique qui entend exercer son pouvoir sur qui de droit. Comme les moines albinos du SURVIVANT, il renie en bloc la civilisation et met tout en œuvre pour qu'elle ne renaisse pas, ce qui affaiblirait son autorité.
Bien sûr, certaines scènes sont grandiloquentes (l'inauguration de la statue à la gloire du héros), des plans au ralenti comme celui du gamin tendant sa lettre au «Postman» lancé au galop sont légers comme des loukoums et il est évident que l'obsession pour le drapeau américain (que l'on brûle et qui renaît de ses cendres) énerve un peu. Mais on ne peut nier qu'un vrai souffle épique parcourt le film. Costner fait son travail à l'ancienne et semble répondre aux cascades pyrotechniques de WATERWORLD par des péripéties réalistes et impressionnantes (la chute du pont suspendu, par exemple).
Certains films sont sortis et ressortis en DVD avec de nouveaux suppléments ou bien de nouveaux transferts vidéo. POSTMAN, lui, n'a pas évolué depuis sa première sortie sur le support vidéo numérique depuis les débuts du DVD. Que ce soit le disque français datant de 1999 ou bien le disque américain, identique, sorti un an plus tôt, le contenu s'avère quasiment identique. Seulement, dix ans plus tard, il faut reconnaître que l'image présentée sur le DVD accuse un peu son âge. Aujourd'hui, les quelques minuscules défauts de pellicule qui apparaissent ici ou là seraient certainement corrigés. De même, l'image paraît par endroit un peu douce et manque un peu de vivacité. Enfin, à de nombreuses reprises, les arrières plans fourmillent légèrement. Au moment de sa sortie, le DVD de POSTMAN était sûrement une réussite mais, avec le recul, on en vient à espérer une nouvelle sortie plus soignée. Par contre, les pistes audio en Dolby Digital 5.1 restent aujourd'hui très solides et spectaculaires.
En ce qui concerne les suppléments, ce n'est pas non plus l'extase. Ah, ces pages de textes que l'on fait défiler pour tout connaître des coulisses du film ! Procédé daté, sans compter que le fond est plutôt insignifiant avec des textes parfois survolant de façon très aléatoire le sujet concerné comme l'histoire du cinéma post-apocalyptique. Une Featurette sur l'incrustation des effets numériques (principalement des paysages) peine de son côté à capter l'attention. Il serait donc peut être temps que Warner revisite POSTMAN pour une nouvelle sortie en vidéo.