Voyageant en bus au Brésil, plusieurs touristes se retrouvent bloqués sur le bord de la route après que leur moyen de transport ne soit mis hors service pour cause de sortie de route. Plutôt que d'attendre le prochain bus pendant quelques dizaines d'heures, ils décident d'aller s'égarer dans le paysage local. Tout prend des allures sympathiques lorsqu'ils tombent sur une plage paradisiaque et un bar accueillant…
Monteur de métier, Michael Arlen Ross se lance dans l'écriture avec TURISTAS. Sans y accorder de grands espoirs, l'apprenti scénariste met en circulation le projet qui va trouver acquéreur auprès de deux maisons de production, Stone Village et 2929, qui vont s'associer pour mettre en chantier le film. Il est d'ailleurs souvent évoqué par erreur que le film est un projet de Fox Atomic. En effet, la branche «extrême» de la Fox n'arrivera qu'un peu plus tard et se servira du film comme première œuvre pour se lancer. Le film se classe sans équivoque dans la catégorie de ceux qui vont essayer de suivre le succès de HOSTEL. Ainsi, on retrouve donc de jeunes touristes en goguette qui cherche à faire la fête pendant leur voyage. Dans les deux cas, ils vont se heurter à une faune locale très inattendue.
Si le film est titré à l'origine TURISTAS, il va changer de nom dans plusieurs pays dont la France pour lui éviter quelques blagues gênantes. En effet, le film n'a rien à voir avec la diarrhée du voyageur communément appelé «Turista». Néanmoins, le sujet est évoqué très brièvement au sein du métrage puisque le héros insiste pour qu'on lui serve un soda sans glaçon pour éviter justement quelques soucis de transit typique des voyages exotiques. Le film va donc devenir PARADISE LOST qui, du coup, n'a pas non plus grand chose à voir avec l'œuvre de John Milton mais, au moins, ne prête pas à la rigolade ! L'histoire du film peut se voir en deux actes. Le premier nous présente les personnages et leurs errances insouciantes de vacanciers. Puis l'intrigue prend le dessus en plongeant nos personnages au milieu de gros problèmes : dévalisé, perdu au milieu de nulle part, pourchassé… A cet effet, le film va provoquer une controverse au Brésil et il sera souvent attaqué pour cause de racisme. En réalité, il suffit d'avoir vu le film pour réfuter toute idée de xénophobie de la part des auteurs. Le fond même du film aurait même tendance à renvoyer une très vilaine image du monde occidental fortuné qui vient piller les pays les plus démunis. Cette idée est d'ailleurs au centre même du film et donne des motivations assez particulière à son vilain. Il se lance d'ailleurs dans une longue diatribe à ce sujet en s'entretenant avec une jeune qu'il est en train d'éventrer méthodiquement. Le contraste s'avère assez curieux entre l'horreur de la situation et le discours aussi désabusé que vengeur d'un maléfique chirurgien. Ce dernier, investi d'une mission sociale, a manifestement pété un câble et agit de façon brutale auprès de ses sbires contraints et forcés de collaborer dans une entreprise qui est paradoxalement à but non lucratif.
L'horreur dans PARADISE LOST sera essentiellement reléguée à une moitié du métrage et sera placée au sein de scène clé. Un vacancier perd ses doigts à coup de machettes ou un homme de main se fait percer un œil avec une brochette mais les passages les plus «durs» sont relégués à des actes chirurgicaux contre nature. Ainsi, l'opération à ventre ouvert, déjà évoqué, se déroule alors que la patiente est consciente et que le futur candidat à un désassemblage chirurgical est le témoin de la scène. Carrément sadique dans son concept, cette opération n'a rien de foncièrement comique à contrario d'une scène plus amusante de suture d'une plaie crânienne. PARADISE LOST distille ainsi ses horreurs parcimonieusement et élude parfois visuellement la violence pour un rendu plus efficace. C'est le cas, par exemple, des affrontements violents avec les gardiens dont les coups portés et répétés se font dans la pénombre. A cet effet, PARADISE LOST n'est pas un film d'horreur extrême cherchant à choquer son auditoire. Il aurait fallu, pour cela, insister plus lourdement sur les passages scabreux du film ce que ne fait pas vraiment le film en dehors d'une scène incontournable au récit.
Ancien acteur, John Stockwell a abandonné cette activité après avoir joué des rôles prépondérants dans CHRISTINE, LES AVENTURIERS DE LA QUATRIEME DIMENSION ou encore TOP GUN. Depuis, il s'est donc reconverti dans la réalisation. Si ses premières œuvres ne sont pas forcément marquantes, il va trouver sa voie dans sa passion des voyages. C'est ainsi qu'il va donc tourner ce que l'on pourrait appeler sa trilogie «Sea, Sex & Sun». Abandonnant le drame romantique sur fond de surfeuses sexy dans BLUE CRUSH, il propose une actualisation déguisée des GRANDS FONDS de Peter Yates avec BLEU D'ENFER. La mer, les vues sous-marines et les bikinis, le cinéaste les retrouve une troisième fois avec ce PARADISE LOST orienté thriller tout comme pouvait l'être BLEU D'ENFER. Le soupçon d'horreur ne change rien, le cinéaste prend manifestement un grand plaisir à filmer ses acteurs en tenues estivales ou évoluant dans des environnements aquatiques. Ainsi, dans PARADISE LOST, on pourra suivre une longue séquence à suspense réussie à l'intérieur de cavernes sous-marines.
PARADISE LOST a été tourné en décor naturel au Brésil et utilise d'ailleurs des acteurs locaux. C'est le cas de Miguel Lunardi incarnant un chirurgien brutal et surtout Agles Steib qui prête sa bonhomie au personnage de Kiko. Ce dernier s'avère bougrement sympathique au fur et à mesure que le film avance. Pour les autres rôles principaux, ce sont donc des acteurs anglo-saxons importés sur le sol brésilien avec en tête Josh Duhamel, Melissa George, Desmond Askew ou Olivia Wilde. John Stockwell apparaît lui-même à la fin du film dans une petite scène assez courte.
Plutôt efficace dans son déroulement, PARADISE LOST n'est jamais ennuyeux. On s'attache assez vite à certains des personnages comme le héros, un peu stressé, ou encore un savoureux duo d'Anglais parti à l'autre bout du monde pour se taper des nanas. Le groupe de victimes potentielles fonctionne assez bien avec, en plus, l'ajout d'un brésilien local fort sympathique nommé Kiko. Pour peu que l'on trouve les personnages plaisants, la partie «thriller» ne peut dès lors que fonctionner agréablement. Et c'est peut être là le mot adéquat, PARADISE LOST est un petit thriller horrifique résolument agréable !
Aux Etats-Unis, le film proposait lors de sa sortie vidéo un montage «Unrated» ajoutant plusieurs séquences et offrant des plans alternatifs plus insistants sur le «gore». Les véritables ajouts se focalisent sur des dialogues et l'aspect sexuel du film. Ainsi, on pouvait y voir le début des ébats entre Desmond Askew et une jeune brésilienne. En épiçant un peu plus le cocktail, ces ajouts supplémentaires n'augmentaient pas pour autant la qualité globale du film. Il n'en reste pas moins que ce montage titré «Unrated» est probablement le premier jet assemblé par le cinéaste avant l'affinage de façon à satisfaire le MPAA et obtenir un «R» en vue de la sortie dans les salles américaines. Cela paraît assez évident à la vision des deux versions qui proposent des choix de montages parfois très différents qui ne s'apparentent en rien à de simples coupes. Pour l'édition française, TF1 Vidéo opte pour la version cinéma ce qui ne risque pas de faire plaisir aux aficionados de l'horreur !
Le transfert 16/9 au format cinéma respecté du DVD français est, de son côté, d'excellente facture. L'image retranscrit joliment la beauté des paysages naturels. Les passages à l'intérieur des cavernes sous-marines y gagnent particulièrement en proposant une image glacée fort réussie. Deux pistes sonores sont proposées pour la version originale sous-titrée en français. Il sera donc possible de choisir entre un mixage en Dolby Digital 5.1 ou une version stéréo. L'option 5.1 offre un joli travail d'ambiance et le résultat s'avère franchement solide. Le doublage français répond présent mais avec une seule et unique piste en stéréo. Choix curieux qui ne fera pas plaisir aux anglophobes. Forcément moins riche, cette piste ne comporte pas pour autant de défaut. A noter que la traduction française ne réussie pas toujours à retranscrire les subtilités des dialogues comme lors de soucis de compréhension avec l'anglais hésitant du personnage de Kiko.
Commentaire audio, scènes coupées et Featurettes existaient aux Etats-Unis. Mais, encore une fois, l'éditeur français fait un choix assez surprenant. En effet, on assiste à une ablation totale de la partie supplémentaire qui se caractérise ici par une totale absence. Au final, les seuls véritables suppléments sont deux bandes-annonces se lançant à l'insertion du disque et qu'il sera impossible de retrouver par la suite sur les menus du DVD. Il est donc possible de voir les bandes-annonces de THE MIST et TERREUR DANS LA SAVANE. Pour le reste, il faudra passer son chemin !