Timothy est un jeune garçon de douze ans, mi-humain mi-loup-garou. Il n'est pas au courant de son état car les siens le protègent jalousement depuis sa naissance. Le jour de son treizième anniversaire se lèvera la malédiction qui pèse sur ces "Skinwalkers" mais une bande de loups-garous ayant pris goût à leur état sauvage cherchent par tous les moyens à mettre leurs pattes sur l'enfant avant la date fatidique….
Les loups-garous occupent depuis des décennies une place bien solide au sein du cinéma fantastique, depuis les années 1920 à aujourd'hui. Certains films ont plus marqué les esprits que d'autres, à l'instar du LOUP-GAROU (1941) ou, temporairement plus proche de notre époque, LE LOUP-GAROU DE LONDRES et HURLEMENTS (tous deux sortis en 1981). Le monstre poilu apparaît également dans le pauvre VAN HELSING (2004) avant de s'échouer lamentablement dans UNDERWORLD et sa suite. En apportant sa modeste pierre à l'édifice, James Isaac a choisi de se baser sur la légende amérindienne des "Skinwalkers" et construire une histoire plus axée sur l'action que l'aspect purement fantastique. Le réalisateur n'a que deux autres longs métrages à son actif bien connus des fans du genre, HOUSE 3 et JASON X, et a également officié en tant que créateur d'effets spéciaux sur des titres aussi divers que ENEMY MINE, ALLO MAMAN C'EST ENCORE MOI et EXISTENZ. Ces quelques expériences lui ont donné le courage de s'atteler à son propre projet dont la gestation dura trois ans, soutenu entre autre par Stan Winston dont ce fut malheureusement l'un des derniers projets. Le créateur de certaines des créatures du cinéma les plus inoubliables (ALIENS, PREDATOR, TERMINATOR…) prête son nom au générique et a également donné un coup de main pour les maquillages directement appliqués sur les acteurs au lieu de recourir à des effets spéciaux numériques.
Selon la légende Navajo, les "Skinwalkers" étaient des personnes capables de prendre n'importe quelle forme animale, de reproduire n'importe quel son et de lire dans les pensées. Et afin d'acquérir les pouvoirs diaboliques associés avec cet état, il faut tuer l'un de ses proches. Leur nom provient de la croyance que ces personnes, également appelées sorcières, cachent leur véritable identité sous une peau humaine et aussi qu'elles sont capables de voler l'identité de quelqu'un rien qu'en les regardant dans les yeux. En soi, c'était une bonne idée de se référer à une légende existante au lieu de reprendre le cliché usé de la malédiction causée par une morsure de loup. Malheureusement, James Isaac n'a pas retenu grand-chose de ces croyances et se contente de s'en servir comme excuse pour mettre en scène une sorte de Western contemporain où les chevaux des bandits ont été remplacés par des Harley Davidson. L'action prend de fait rapidement le dessus sur la partie fantastique qui ne fait que de brèves apparitions jusqu'au combat final obligatoire. A ce propos, il est intéressant de noter que le film ne propose aucune scène de transformation – celles-ci sont suggérées à travers le comportement des «méchants» loups-garous qui ont fait le choix de s'abandonner à leur nature bestiale.
James Isaac propose une lecture somme toute classique et inhérente à tout métrage mettant en scène des loups-garous : le combat perpétuel entre le bien et le mal résidant chez une personne. La société nous impose une façon de vivre selon des codes moraux propres à chaque civilisation. Faut-il sacrifier ses désirs afin d'y obéir ou faut-l laisser libre cours à ses envies au risque de choquer ou infliger une souffrance morale, voire physique, à nos concitoyens ? Chacun de nous possède un côté sombre que nous nous efforçons de garder secret mais qui peut se prétendre au-delà des tentations ? La seule vraie bonne idée du film repose justement sur le choix de retenir la bête qui sommeille en nous de façon littérale. Les protecteurs de Timothy s'attachent dans des harnais pour ne pas céder à l'impulsion de tuer une fois transformés car cela les condamnerait à continuer. Et nous assistons alors à une réelle expression de souffrance moins causée par la transformation physique que par le fait de ne pas pouvoir se laisser aller à l'instinct de tuer où rien d'autre ne compte, ni peur de la légende ni relations familiales.
A l'opposé se trouve Varek et sa bande de motards lycanthropes qui vivent leur inhumanité à fond. Entre ébats sexuels en pleine nature et massacres gratuits de pauvres innocents (comme cette jeune femme qu'ils sauvent d'un viol avant de se repaître de sa chair !), ils ne se refusent rien. Ils sont à la recherche de Timothy depuis des années mais leur cible est enfin en vue et ils comptent bien ne plus la perdre car il en va de leur propre vie. Les poursuites se soldent inévitablement par des fusillades interminables, rendant le tout prévisible et le suspense bien fade. Un sympathique et hautement symbolique retournement de situation au milieu du film promet pourtant un développement plus énervé mais James Isaac n'exploite pas la situation à fond et l'ennui se réinstalle rapidement.
Heureusement, la qualité de jeu des acteurs relève un peu le niveau. La très belle Rhona Mitra, à mille lieues de son rôle très physique de DOOMSDAY, incarne Rachel, la mère de Timothy (Matthew Knight, qui jouait le rôle de Jake dans THE GRUDGE 2). Perdue devant les choquantes révélations sur l'héritage monstrueux de son fils, son seul instinct est de le protéger mais elle ne peut le faire seule et se voit ainsi obligée de continuer à faire confiance à leurs protecteurs. A ses côtés se trouve son beau-frère Jonas, campé par Elias Koteas (ZODIAC), devenu le substitut paternel de Timothy. Il élève aussi sa propre fille et se verra face à un choix impossible concernant les deux enfants dont le destin toujours cruel se chargera à sa place. Le choix d'acteur pour le rôle de Varek est tombé sur Jason Behr qui s'est illustré dans des séries télé comme DAWSON ou ROSWELL mais qui est également apparu dans THE GRUDGE. Jeune homme charismatique et très physique, il incarne le leader des loups-garous avec conviction mais ne semble pas autant à l'aise dans les moments plus sentimentaux.
Les quelques rares attaques du film se déroulent toujours dans le noir et bien qu'on les devine brutales, aucun débordement gore ne vient éclabousser l'écran. Les loups-garous bénéficient judicieusement d'un maquillage "old school", limitant les effets numériques au strict minimum ce qui est toujours un bon point dans toute production récente. Il n'y a donc pas beaucoup d'horreur à chercher dans ce petit film somme toute honnête qui a malheureusement souffert de certaines mauvaises décisions de la part des gens qui tiennent les ficelles des bourses aux dollars…
Pour sa sortie en DVD, Studio Canal a choisi de présenter le film avec un packaging assez particulier. Déjà utilisé sur JEKYLL mais repris ici sur l'intégralité du boîtier, une poche de faux sang donne un relief "gore" au visuel de la jaquette. Sur le DVD, le film est présenté dans un transfert de qualité respectant le format 2.35 d'origine. Les couleurs naturelles du début virent doucement au rouge vers la fin, aidé par un filtre illustrant la lueur de lune rousse de la date fatidique qui s'approche. Le contraste est franchement curieux car d'un aspect purement organique, le métrage prend des allures très superficielles qui n'aident pas à la crédibilité du final. Mais les contrastes sont précis et la palette de couleurs très élargie ce qui rendent de nombreuses scènes franchement agréables à regarder.
Pour le son, vous avez le choix entre une piste anglaise sous-titrée français et un doublage français très correct. Toutes deux sont mixées en 5.1 avec, en plus, un mixage en stéréo pour la piste française et le résultat est très efficace, en particulier lors des scènes d'attaque où vous aurez l'impression qu'un loup-garou s'apprête à vous sauter dans le dos ! Le son est dynamique et bien réparti dans les enceintes sans toutefois laisser d'impressions impérissables.
Le commentaire audio sous-titré français de James Isaac s'avère un supplément aussi sympathique qu'indispensable à la compréhension de certaines faiblesses du film. Le résultat avoue sans honte qu'il aurait aimé pouvoir prendre l'entière responsabilité de certains ratages mais que certaines décisions ne relevaient pas de son domaine. Et qu'il soit d'accord ou pas ne changeait rien à la situation alors il s'est vu obligé d'accepter des compromis qui ne lui plaisaient pas du tout. Le monsieur ne paraît pas du tout amer ni vindicatif, il ne s'épanche pas non plus en adjectifs dithyrambiques sur son film – il constate, tout simplement. De toute évidence bien préparé à cet exercice que l'on imagine difficile, il livre informations et anecdotes tout en énumérant les changements par rapport au scénario original.
Quant au reste des suppléments, sans être mauvais, ils ne peuvent être qualifiés d'indispensables. Le Making of de huit minutes s'avère être une featurette promotionnelle avec images du tournage et brèves interventions de quelques participants et surtout, une voix off enjouée qui ne nous apprend pas grand-chose. La prévisualisation 3D présente une seule scène selon ce procédé qui aide le réalisateur et l'équipe à mettre en place divers angles de prises de vue et l'intégration des effets spéciaux. Le segment d'un peu plus de trois minutes est commenté par une personne qui ne se présente pas mais qui, au son de sa voix qui commente également le module suivant, semble être le producteur Dennis Berardi. Les effets spéciaux aussi court qu'inutile puisque certains effets visuels sont évoqués sur même pas deux minutes et nous passons ensuite aux scènes coupées. Elles sont au nombre de huit et sous-titrées, à regarder en continu ou individuellement. Le segment le plus long s'intitule "Les Chroniques de loup-garou" et présente le journaliste Christophe Lemaire qui évoque James Isaac et le film avant d'enchaîner sur le mythe du loup-garou au cinéma sur un peu plus d'une demi-heure. Nous nous permettons d'émettre quelques réserves sur certaines tournures de phrases qui laissent à penser que le sujet aurait pu être mieux préparé. Les bandes annonces de SKINWALKERS, SMILEY FACE et UNTIL DEATH viennent compléter l'ensemble.