Header Critique : DON'T GO IN THE HOUSE (PYROMANIAC)

Critique du film et du DVD Zone 1
DON'T GO IN THE HOUSE 1980

PYROMANIAC 

S'il ne fait pas partie des psychopathes les plus connus, Donny Kohler jouit pourtant d'une réputation toute particulière auprès des amateurs qui purent jadis découvrir ses brûlantes exactions par le biais de la vidéo française si joliment titrée PYROMANIAC. La très belle jaquette signée Melki dut en faire rêver plus d'un lorsque s'étalait la cassette sur les étagères des vidéo-clubs même si certains furent déçus en découvrant que DON'T GO IN THE HOUSE n'était pas aussi graphiquement violent que cette illustration le laissait présager.

Donald Kohler est ouvrier d'usine. Le jour où un de ses collègues est transformé en torche vivante après l'explosion d'un four, Donald, tétanisé par la scène, est incapable de lui venir en aide. De retour chez lui, accablé par un passé qui le hante, il se revoit enfant lorsque, après la mort de son père, sa mère pour le punir lui brûlait les bras en le maintenant au dessus de la flamme d'une gazinière. Il continua pourtant de vivre avec elle, la respectant tout en la haïssant. Le jour où elle meurt, il va conserver son cadavre et va pouvoir laisser toute sa haine s'exprimer. Libéré de son bourreau et de tant d'années de soumission passive, il commence à inviter des femmes chez lui, les attache dans une pièce recouverte de plaques métalliques et les brûle vivantes au lance-flammes. Hanté par les fantômes de ses victimes, il perd définitivement la raison qui s'était déjà pas mal égarée...

Réalisé en 1979 par Joseph Ellison, jeune réalisateur américain alors âgé de 31 ans, DON'T GO IN THE HOUSE connu également sous le titre THE BURNING (à ne pas confondre, donc, avec le film homonyme de Tony Maylam) fait partie de ces petites productions qui, au fil du temps, ont su gagner un statut de film culte auprès des amateurs d'un certain cinéma horrifique américain. Si malgré un passage fort remarqué au neuvième Festival du Film Fantastique de Paris, le film est resté inédit en salles en France, il n'eut guère plus de chance dans son pays d'origine où il passa quasiment inaperçu, condamné aux projections en Drive-In, vite oublié de la critique et du public. Faute en incombe surtout aux studios FVI, minuscule boite de production éphémère déjà responsable de la sortie d'œuvres mineures telles que SURVIVAL RUN et THE DARK qui n'avait pas les moyens de soutenir une campagne promotionnelle. L'époque où DON'T GO IN THE HOUSE fut distribué ne joua guère plus en sa faveur. Sorti en 1980 en plein démarrage de la grande vague de slashers, le film d'Ellison ne correspondait plus aux attentes d'un public sollicitant alors des tueurs trucidant à tout va des adolescents dans une débauche d'effets sanglants. Le problème de DON'T GO IN THE HOUSE est d'avoir été tourné juste avant cette vague de néo-tueurs et d'être sorti en pleine deferlante de teen-movies, pris en sandwich dans une époque qui ne comblait plus les souhaits du public. Disons le de suite, DON'T GO IN THE HOUSE est loin d'être un film violent ou même sanglant, Ellison ayant décidé de jouer beaucoup plus sur le coté psychologique de son personnage, sorte d'étude basique d'un homme traumatisé par une enfance-martyr.

Tourné à New York et dans le New Jersey, le film est d'une simplicité scénaristique étonnante. Ellison ne s'embarrasse guère de détails. D'entrée, il nous plonge dans l'univers traumatique de Donny. L'ouverture du film donne de suite le ton. Donny est témoin de l'accident d'un de ses collègues de travail, transformé en torche vivante. Tétanisé, il le laisse à sa terrible agonie, passant ainsi pour un lâche aux yeux de ses autres collègues. On comprendra très vite par un simple et redoutable flash-back les raisons de cette peur paralysante. Enfant martyr, sa mère aimait lui brûler les avant-bras en le tenant fermement au dessus de la flamme de la gazinière, marâtre intraitable qu'il craignait plus que tout. Ellison se complait alors à montrer dans ses plus abominables détails la torture endurée, instaurant de suite un climat de malaise indéniable, malsain.

Donny au fil du temps a nourri une véritable phobie du feu, phobie toute empreinte d'une sorte de fascination morbide pour les flammes. DON'T GO IN THE HOUSE n'est donc qu'une illustration d'un cas pathologique précis, une illustration d'une folie homicide comme le cinéma d'horreur nous en a souvent donné. Contrairement à d'autres, Ellison a préféré la psychologie au spectaculaire car si on excepte le premier meurtre aussi cruel que graphiquement insupportable, les suivants au demeurant très peu nombreux - on en dénombre trois en tout et pour tout- sont suggérés, Ellison se contentant d'ellipses, montrant subrepticement les restes calcinés d'une victime ou tout simplement un nuage de fumée s'échappant de la pièce.

Le reste du film s'attache avant tout à plonger le spectateur dans l'univers de démence de Donny qui de jour en jour sombre toujours plus inéluctablement. Il illustre ainsi les rapports qu'il entretient avec sa défunte mère au travers de longs monologues figuré par une voix murmurant le plus souvent des paroles incompréhensibles et lui martèlant l'esprit. Cette petite voix n'est que la représentation de la folie qui l'assaille. Ellison a pris le parti de la rendre le plus souvent incompréhensible, simple chuchotement d'où s'échappent quelques paroles distinctes. On ne pourra que se référer à PSYCHOSE à la vision de DON'T GO IN THE HOUSE. D'une part au vu de cette grande maison sinistre et délabrée et son grand escalier où vivent Donny et sa mère. Et, d'autre part avec la relation familiale de notre psychopathe qui est sur beaucoup de points semblable à celle que vivait Norman Bates avec sa génitrice. Comme Norman, Donny a toujours vécu seul avec cette femme, mégère dont il était le souffre douleur. Il en est venu, tout au long de ces années de mauvais traitement, à associer le feu et sa marâtre, les deux se confondant dans son esprit torturé. Adulte, il a continué à vivre sous son joug, la craignant tout en la respectant jusqu'au jour où en rentrant du travail il la découvre morte dans on fauteuil, face à la fenêtre. Cette découverte va être le catalyseur de sa folie homicide, désormais partagé entre cette liberté qui lui ouvre les bras et ce désespoir qui l'envahit face à la mort de cette femme qu'il respectait et craignait, cette mère haïe mais qu'il aimait pourtant. A sa mort, Donny est comme un enfant sautant partout dans la maison, de fauteuils en canapés, la stereo à fond jusqu'à ce que la voix imaginaire de la marâtre ne le rappelle à l'ordre. Il est, en même temps, un homme ravagé et brisé par cette mort, conservant ce cadavre dont il prend soin et à qui il continue de parler, prolongeant ainsi son existence dans son monde fantasmatique. C'est de toutes ces années de souffrance qu'il va se venger. Cette haine, il va la reporter sur d'innocentes victimes, des jeunes filles qui se substituent à sa mère, incarnation vivante de ses souffrances physiques et morales qui l'ont conduit à une misogynie extrême, assimilant la femme à l'image du bourreau. Le feu devient alors un élément à la fois destructeur et purificateur. Il détruit cette incarnation du mal qu'est la femme et il purifie en même temps ceux qui ont fauté comme ne cessait de lui répéter sa mégère de mère. Traumatisé par les flammes, c'est par elles qu'il tente vainement d'exorciser ses démons en se vouant à la suprême purification après avoir carbonisé un prêtre trop intrépide et si peu conciliant. Même si peu présent et mal utilisé, le personnage du prêtre est un facteur important du film. S'il représente Dieu, s'il est la personnification du Sauveur, Donny ne trouvera pourtant aucun réconfort auprès de lui comme si rien pas même la religion ne pouvait le sauver de son calvaire. C'est en rentrant de l'église pourtant qu'il trouvera la force de pardonner à sa mère en bénissant son cadavre. S'il n'a pas trouvé l'oreille et l'épaule qu'il attendait auprès de ce prêtre, cette visite lui aura apporté une certaine paix intérieure, puisant en lui la force d'absoudre sa cruelle génitrice. Donny est seul au monde, seul dans sa folie et lui seul peut se sauver. Aucun Dieu ne peut plus rien pour lui.

Si au vu de DON'T GO IN THE HOUSE on ne peut donc que se référer à PSYCHOSE, il est un autre film auquel on pourra songer avec le MANIAC de William Lustig. Donny Kolher pourrait très bien être le petit frère de Frank Zito qu'incarnait un inquiétant et pathétique Joe Spinell. On y retrouve quasiment la même trame, cette même atmosphère poisseuse et malsaine. L'évidence est flagrante lorsque Donny se perd en longs monologues avec le "spectre" de sa mère, ses ordres incessants résonnant dans sa tête comme d'assomantes litanies, mais surtout quand, sombrant dans le délire de ses fantasmes, il conserve sur des fauteuils les cadavres calcinés de ses victimes, revêtus de beaux vêtements, et leur tient de longues conversations, leur parlant comme à des enfants, leur parlant comme sa mère lui parlait, comme s'ils étaient devenus ses enfants qu'il punit au moindre écart. Fantasme, réalité tout se confond dans l'esprit de Donny, les ombres envahissent la maison comme si les fantômes de ses victimes le guettaient quand ce n'est pas le spectre de sa mère qui apparait, ombre terrifiante et échevelée, dans l'embrasure d'une porte. On retrouve le schéma de MANIAC, la chambre sordide de Frank Zito où il entreposait ses mannequins qu'il habillait et coiffait des scalps de ses victimes avant qu'ils ne prennent vie et ne l'entrainent avec eux dans les flammes de l'Enfer comme le feront les spectres de Ellison dans une atroce sarabande de corps carbonisés revenus à la vie pour entrainer avec eux le malheureux Donny. La scène du cauchemar ne peut elle aussi que rappeler celle de MANIAC. Si Frank Zito se voyait entrainer dans la tombe de sa mère, Donny rêve que de terrifiants zombies sortis d'une crevasse creusée sur une plage lui agrippent les chevilles pour mieux l'entrainer avec eux sous le sable. Si aujourd'hui, l'ombre du film de William Lustig plane bel et bien sur DON'T GO IN THE HOUSE, il faut tout de même préciser que Ellison a été réalisé une année auparavant. A partir de là, il apparaît impossible d'évoquer un plagiat. En ce qui concerne Lustig, même si le réalisateur américain consommait beaucoup de film, on peut difficilement affirmé qu'il se soit inspiré de ce film.

Joliment mis en scène, cette série B dont on devine l'étroitesse du budget étonnera surtout par la réussite des effets spéciaux. Peu nombreux, ils enchanteront les amateurs de gore et on se souviendra longuement du premier meurtre aux limites du soutenable et ramenant le souvenir du funeste destin de Romy Schneider dans LE VIEUX FUSIL. Préalablement assommée, la pauvre fleuriste se réveille nue, suspendue à une corde au milieu d'une pièce dont les murs sont recouverts de parois métalliques. Arrosée d'essence, elle voit son bourreau revêtu d'une combinaison ignifuge s'avancer vers elle, pointant un lance flamme. Malgré ses hurlements, il l'embrase, la transformant en torche vivante. La séquence d'un réalisme sidérant est tournée avec un luxe de détails visuels insoutenables rarement atteint au cinéma. Ellison se complait à montrer longuement la malheureuse se tordre et se carboniser jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un semblant de corps. Si on ne retrouvera plus cette folie dans le reste du film, si ce n'est lors du dernier quart d'heure, Ellison se contentant de savantes ellipses pour suggérer ses meurtres, cela ne signifie pas que les maquillages et autres effets spéciaux ne soient pas à la hauteur de cette hallucinante séquence. Un soin tout particulier est ainsi apporté aux quatre cadavres carbonisés que conserve Donny, abominables silhouettes noircies habillées de dentelles. Pour le reste, Ellison joue plus sur l'ambiance, tentant avec brio de créer une atmosphère lourde et inquiétante avec ses voix qui résonnent au loin, murmures indicibles qui nous assaillent comme ils assaillent Donny, ses bruits inquiétants, ses ombres menaçantes errant dans les couloirs, ce corps pourrissant et raidi de la mégère immobile dans son fauteuil mais qui semble terriblement vivant comme si elle surveillait encore son fils par delà la mort.

Le film doit aussi beaucoup à l'interprétation tout en justesse de Dan Grimaldi, jeune acteur qui venait alors du théâtre et avouait détester les films d'horreur depuis qu'enfant, la vision d'un Dracula l'avait terrifié. Grimaldi, à la fois fragile et sans défense mais redoutable et implacable meurtrier, incarne parfaitement cette folie homicide et parvient à rendre par moments son personnage tragique et presque émouvant, à la manière d'un Joe Spinell. On pourra reprocher à DON'T GO IN THE HOUSE ses quelques légèretés scénaristiques. Il est en effet assez dur de croire que Donny ait pu dissimuler sa vie et ses horribles cicatrices sur les avants bras depuis tant d'années ni que personne n'ait trouvé étrange cette vie de soumission qu'il menait ou même jamais soupçonné son martyr, remarqué sa peur des femmes et du sexe notamment dans le milieu ouvrier d'une usine, lieu macho propice aux libertés viriles. On pourra sourciller face à ses jeunes femmes bien imprudentes acceptant de monter souvent en pleine nuit à bord de la camionnette de Donny ou devant ce prêtre bien peu conciliant et sympathique auquel se confesse le jeune homme. On pourra regretter un final un peu rapide également où soudainement le meilleur ami de Donny comprend ce qui se passe ce qui nous conduira à cette brûlante et infernale conclusion. On saluera par contre l'image finale où Ellison tente de nous faire prendre conscience que si Donny est mort il en existe des tas d'autres sur Terre. Mais il serait totalement absurde de faire la fine bouche devant les menus défauts de cette petite série B horrifique tant le plaisir sera grand à la découvrir. Démonstration simpliste mais illustrée de manière fort convaincante d'une folie homicide due à un traumatisme d'enfant, DON'T GO IN THE HOUSE est un film plus qu'estimable qui n'a rien perdu de son efficacité une trentaine d'années plus tard.

Cette édition sortie en 1999 nous offre un DVD des plus simples qui soit. Alors que le film fut tourné à l'origine au format 1.85, on a ici un transfert en plein cadre. Le film est présenté dans sa version intégrale de 82 minutes en mono d'origine dans sa version anglaise sans sous titrage. Des plus décevantes, l'image cumule les défauts : couleurs délavées, tramage visile, définition approximative, contraste défaillant.. L'éditeur n'a manifestement fait aucun effort et cette édition brille même par l'absence de tout bonus mais aussi d'un chapitrage. Pas même de menu, on ne peut donc guère faire plus simple ce qui parait être aujourd'hui, en 2008, une hérésie ! Heureusement, le label Shriek Show propose depuis 2005 une édition DVD au format cinéma, avec un transfert 16/9 et de véritables suppléments. Si le film vous intéresse, on ne saurait trop vous conseiller cette dernière édition qui ne peut être qu'un pas de géant vers la qualité, à défaut d'un DVD français, plutôt que ce ridicule disque qui nous vient d'un autre âge... Celui des balbutiements du format !

Rédacteur : Francis Perrin
5 critiques Film & Vidéo
On aime
L'ambiance malsaine et poisseuse
Le premier meurtre particulièrement insoutenable
La beauté onirique de certaines séquences
La justesse de l'interprétation
On n'aime pas
L'absence totale de bonus, menu et chapitrage
Le format cinéma non respecté et l'image douteuse
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L'édition vidéo
DON'T GO IN THE HOUSE DVD Zone 1 (USA)
Editeur
DVD Ltd.
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
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