Le docteur Tom Jackman engage une jeune assistante de façon à l'aider à gérer un petit souci. En effet, depuis quelques mois, il se transforme régulièrement en une autre personne. Ce qui l'amène à gérer son emploi du temps selon les deux personnalités qui l'habitent et en mettant en point une façon de dialogue avec son alter ego.
L'Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde a été adapté à de maintes reprises au théâtre, au cinéma et à la télévision. Mais, plus d'un siècle après la publication en 1886 du livre de Robert Louis Stevenson, la télévision britannique s'empare de nouveau de la fameuse histoire pour lui donner d'inattendus éclairages. Hartswood Films ne va pas produire une nouvelle adaptation du livre original mais bel et bien une sorte de suite dévoilant au passage la réalité concernant l'histoire des vrais Jekyll et Hyde. La résolution des événements s'étant produit au XIXème siècle va ainsi trouver une conclusion des plus surprenante au XXIème siècle où un autre docteur se voit contraint de cohabiter avec une seconde personnalité encombrante ! Contrairement à l'œuvre originale, le nouveau docteur, dénommé Jackman, va au préalable trouver un statu quo avec son double maléfique. Une idée astucieuse minutieusement développée qui démontre l'intelligence du scénariste Steven Moffat ayant déjà travaillé auparavant pour Hartswood Films sur COUPLING. En réalité, l'idée vient du producteur Jeffrey Taylor qui avait le projet de monter une version moderne de l'histoire originale. En entrant en contact avec Hartswood Films et la productrice Elaine Cameron, l'écriture en sera confiée à Steven Moffat. Admirateur du livre de Robert Louis Stevenson, le scénariste va réinventer la mythique histoire avec une subtilité toute britannique ! Tissant de véritables liens avec l'œuvre littéraire originale, à l'instar du nom de Utterson qui n'a rien d'un hasard, JEKYLL foisonne d'idées nouvelles qui vont émailler les six épisodes de cette mini-série. Le plus souvent imprévisible, l'intrigue ne prend jamais vraiment le chemin attendu. Et ce jusque dans les deux dernières minutes où l'on nous offre un dénouement qui remet en question ce que l'on pensait avoir compris durant les cinq premières heures du métrage !
Passionnant à plus d'un titre, les six épisodes de JEKYLL offrent un spectacle versatile. Drame fantastique sur la dualité de l'homme, thriller d'espionnage avec complot à la clef ou romance tragique, le récit s'avère bien souvent retors pour le plaisir du spectateur. Tout comme le style, l'ambiance se fait aussi très changeante nous offrant des passages pour le moins grave avec des moments plus humoristiques. En cela, la galerie de personnages est pour le moins très réussie donnant souvent à JEKYLL un ton décalé fort bien venu. Atout de poids, les acteurs qui les incarnent ont aussi été choisis à la perfection. Issu de COUPLING, on retrouve Gina Bellman qui interprète la femme du pauvre docteur. S'ajoute encore Denis Lawson, ami du docteur, Michelle Ryan en jolie psychologue ou encore Paterson Joseph qui joue ici le chef d'une mystérieuse organisation. Sans oublier, bien évidemment, l'acteur principal de JEKYLL qui a la responsabilité d'endosser le double rôle. Plutôt que l'habituelle transformation en grotesque bonhomme, il est choisi ici de ne faire que peu de changement au physique de l'acteur James Nesbitt. Hormis des lentilles pour les yeux, quelques retouches sur les cheveux, les oreilles ou le menton, le personnage ne se transforme pas en tueur patibulaire. Bien au contraire, il prend les traits d'un être extraverti vus souvent comme une version plus charmeuse du docteur. Ce concept avait d'ailleurs déjà été abordé par le passé ne serait ce que dans le DOCTEUR JERRY ET MISTER LOVE. Et, d'ailleurs, le scénario de JEKYLL va, de lui-même, se rapprocher de la comédie de Jerry Lewis sur un autre point qu'il est préférable de ne pas dévoiler ici.
En France, Studio Canal distribue JEKYLL en DVD peu après la diffusion de l'intégralité des six épisodes sur la chaîne Canal +. Chacun des trois DVD contient donc deux épisodes ainsi que le choix de la langue et une option pour le chapitrage. L'éditeur ne propose aucun supplément d'aucune sorte mais annonce un «boîtier inédit en métal et poche de sang» que nous n'avons pas vu. Pourtant, les Britanniques avaient produit des commentaires audio pour les premiers et derniers épisodes ainsi que deux petits Making Of. Il faudra donc se contenter des six épisodes proposés, il est vrai, avec sous-titrage et doublage en français en oubliant l'existence des suppléments qui auraient pu prolonger l'expérience en nous offrant plus d'informations sur JEKYLL. Dommage, ces suppléments étaient un «plus» par rapport à la diffusion télévisée sur la chaîne cryptée qui a eu lieu en février 2008, seulement deux mois avant la sa sortie de ces DVD.
L'image a au moins l'avantage d'être de bonne qualité avec un transfert 16/9 au format d'origine. Bien que produit pour la télévision, JEKYLL se pare tout de même d'une image au look plus «cinéma» que les séries habituelles de la BBC n'ont pas vraiment. Un peu de grain est apparent mais il ne s'agit en rien d'un défaut. La compression se fait sentir en de rares endroits et l'ensemble est finalement de bonne tenue tout en offrant souvent un bon piqué. Les deux pistes audio sont en stéréo d'origine. Délivrant une belle dynamique, elles sont toutes les deux plutôt spectaculaires pour de la stéréo.