10.000 ans avant notre ère, après le massacre de sa famille, une petite fille aux yeux bleus est recueillie par une tribu de chasseurs de mammouths. En grandissant Evolet tombe amoureuse de D'Leh et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes sans une attaque impromptue de féroces guerriers venus d'ailleurs. Ils enlèvent une partie des membres de la tribu pour les réduire en esclavage. D'Leh se lance alors à la poursuite des ravisseurs pour libérer Evolet et, accessoirement, les autres prisonniers…
Plus de nouvelle de Roland Emmerich, en tant que réalisateur, depuis LE JOUR D'APRES, son dernier blockbuster en date. Le cinéaste avait il abandonné l'envie de fouler les écrans de cinéma avec sa subtilité d'éléphant ? Que nenni puisqu'il nous revient après quatre années d'absence avec un projet à base de mammouths ! De quoi satisfaire le cinéphile béat dès qu'on lui met de grosses bestioles devant les yeux sur fond de décors pharaoniques ! C'est sans compter sur le talent très particulier de Roland Emmerich qui avait déjà viandé dans les grandes largeurs trois quarts de sa filmographie outrageusement chère. L'homme réalise donc l'improbable avec 10 000 puisqu'il réussi à rendre insipide une somme probablement dix mille fois supérieure à son titre (soit 100 millions de dollars et donc 10.000 fois 10.000). Pour réussir cet exploit, l'homme ne va rien inventer, il va surtout utiliser de nouveau toutes les ficelles et ressorts de ses bricolages cinématographiques. A cet effet, 10 000 établi clairement que Dean Devlin n'était pas la tête pensante du binôme qui avait commis par le passé INDEPENDENCE DAY ou la version américaine de GODZILLA. Non, l'auteur, le vrai, comment appeler cela autrement, c'est donc bel et bien Roland Emmerich ! Ecrit à quatre mains avec Harald Kloser, nouveau copain du cinéaste teuton et accessoirement compositeur de la musique, 10 000 recycle donc des thèmes ou des scènes vues et revues dans les métrages précédents de Roland Emmerich.
Replongeant près de quinze ans en arrière, Roland Emmerich nous refait très maladroitement STARGATE. Fausse divinité réduisant en esclavage des peuplades primitives et des pyramides sont au cœur de 10 000 en omettant la filiation extraterrestre, hormis lors d'une tirade clin d'œil, qui donnait son cachet à STARGATE. Révolte et galvanisation des troupes donnent lieu à des séquences qui ne dépareilleraient pas dans PATRIOT alors que Roland Emmerich ose nous faire un remake du discours présidentiel de INDEPENDENCE DAY. Le terrain et l'homme sont connus, à vrai dire, cela ne devrait plus surprendre… En réalité, ce qui étonne, c'est surtout le manque d'ampleur du film compte tenu de son sujet qui aurait pu donner lieu à autre chose qu'un métrage spectaculairement chiant ! Préférant filmer des personnages alignant des dialogues d'une profondeur infantile, le cinéaste en oublie souvent de tourner ce que 10 000 aurait dû être : un monumental blockbuster d'action. Au contraire, tout est fait pour ralentir le rythme du film. On pourra citer, par exemple, les incessants allers et retour avec la vieille de la tribu qui semble suivre l'histoire via une liaison télépathique donnant surtout l'impression de voir une mémé les yeux écarquillés devant son poste de télévision. La petite lucarne, 10 000 lui fait d'ailleurs un clin d'œil en affichant un tigre à dent de sabre en images de synthèse aussi réussies que celles des pelloches produites pour la vidéo. Un animal mythique qui aurait pu devenir le compagnon de voyage de notre héros à l'instar de la panthère noire d'un DAR L'INVICIBLE autrement plus fun. Au contraire, la bestiole, Roland Emmerich l'expédie à la va-vite donnant presque l'impression que l'affiche du film est mensongère ! Heureusement, les mammouths seront mieux lotis puisque donnant lieu à deux passages réellement spectaculaires, mais pas vraiment brillants non plus, localisés dans la première partie du film ainsi que la fin. Entre les deux, il faudra se contenter de poulets géants et rien d'autre en terme d'action. Car 10 000 se résume bel et bien à aussi peu de scènes notables noyées au milieu d'une intrigue écrite par un gamin. Pourtant, la naïveté du métrage semble agir durant les premières minutes donnant l'impression de retrouver le cinéma à papa, celui du film d'aventures sans prétention. Hélas, très vite, le rideau tombe pour ne révéler que le vide d'une entreprise meublée à coup d'attroupements agitant en l'air des lances (un tiers du métrage ?) ou bien de situations ineptes. 10 000 déçoit aussi en faisant des promesses qu'il ne tient pas vraiment à l'image d'un passage où des barcasses sans intérêt sont la récompense d'une attente spectaculaire suscitée par les dialogues. Pire encore, les vilains de l'histoire sont d'une cruauté très modérée. Prenons l'exemple d'un sacrifice humain commandité pour foutre la trouille à ceux qui auraient l'idée de se rebeller. Est-ce que le supplicié va se faire arracher le cœur à la INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT ou, plus récemment, APOCALYPTO ? Est-ce qu'on va lui couper les mains et les pieds, l'étriper, l'ébouillanter puis lui couper la tête après l'avoir forcé à regarder l'intégralité de la filmographie de Roland Emmerich ? Pas du tout, on le jette par terre, mon dieu, il est mort ! Le grand méchant de l'histoire est, lui-même, une forme maladive bien peu imposante que la fin bâclera d'une telle façon que l'on en vient à se demander si Roland Emmerich n'est pas pleinement conscient qu'il est en train de se foutre de la gueule des spectateurs !
Mais terminons sur une note positive ! 10 000, c'est aussi des éléphants à poils qui martèlent le sol en faisant trembler les spectateurs… C'est encore de jolis plans sur une cité composée d'imposantes pyramides en construction lors de l'attaque finale et quelques paysages plutôt jolis captés en décors naturels à travers la planète. Cela paraît bien peu, il est vrai mais il faudra s'en contenter à défaut de mieux car 10 000, honnêtement, ça ne valait pas les dix euros déboursés !