Pour le point de départ de la suite de HOSTEL, Eli Roth fait dans la simplicité voire le déjà-vu. Jugez plutôt : trois jeunes femmes sont en vacances en Europe et décident de suivre les conseils d'une belle inconnue et se rendre dans un endroit de rêve pour se prélasser au maximum. Mais c'est sans compter la redoutable perversité d'une organisation douteuse sans cesse en demande de chair fraîche pour satisfaire les pulsions perverses de riches hommes et femmes d'affaires…
C'est donc parti pour une nouvelle virée en Europe de l'Est pour cette suite qui est à HOSTEL ce qu'EVIL DEAD 2 était à EVIL DEAD : un remake plus approfondi. Et contre toute attente, cela fonctionne plutôt bien. Pour cette suite, Eli Roth s'est inspiré d'un autre de ses films préférés, à savoir l'excellent TORSO de Sergio Martino. Le réalisateur étant un fan des giallis, il a donc transposé l'une des composantes de ces métrages dans son film en la présence de jeunes femmes, souvent des étudiantes, comme personnages principaux. Ici, Beth (Lauren German) et Whitney (Bijou Phillips) prennent des cours d'art en Italie avec comme professeur la toujours radieuse Edwige Fenech. L'un des modèles de nu, Axelle (sublime Vera Jordanova) les incite à poursuivre jusqu'à Prague et, par un concours de circonstances, Lorna (Heather Matarazzo) va se joindre à elles. Dans le train qui les y emmène règne une ambiance du genre de celle du DERNIER TRAIN DE LA NUIT avec une atmosphère tantôt sensuelle, tantôt menaçante. Mais, si on a déjà vu le premier HOSTEL, on sait très bien où cela va les mener ce qui renforce l'aspect humiliant de certaines scènes et le sentiment pessimiste d'un destin tout tracé. On est donc embarqué dans l'action et l'appréhension bien plus rapidement que dans le premier film ce qui peut être appréciable.
En dépit de la sensation d'être déjà passé par là, le film arrive quand même à surprendre car Eli Roth a su jouer avec les éléments présents dans le premier HOSTEL où, par exemple, on n'apprennait pas grand chose sur la redoutable organisation ainsi que ses adhérents. Ici, on suit deux bourreaux potentiels, Stuart l'introverti (Roger Bart), très insatisfait de sa vie de famille d'une tristesse ostentatoire, et Todd le playboy (Richard Burgi), bien plus excité que son ami à la perspective de pouvoir se défouler sur une jeune femme réduite à l'état d'objet même pas sexuel. Une vie gagnée lors d'une enchère sur internet façon eBay lors d'une séquence aussi drôle qu'effrayante, est sans aucun doute la meilleure trouvaille du film. Les deux amis partent donc pour Prague où ils doivent se tenir prêts à agir rapidement vu que les victimes ne sont gardées en vie qu'un temps déterminé. Mais une fois dans les entrailles d'une usine, après un passage aux vestiaires pour enfiler un tablier de cuir et chez l'armurier pour choisir leurs outils, ils se retrouvent devant la réalité d'un acte jusque là fantasmé, un acte qui ne pourra que transformer leurs vies à tout jamais.
HOSTEL 2 exploite à merveille l'idée comme quoi l'argent, c'est le pouvoir. Si on a de quoi payer, on peut tout se permettre. Evidemment, il faut avoir de gros moyens et ceux qui en ont ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Dans HOSTEL, les victimes se voyaient réduites au même comportement que leurs bourreaux pour survivre. Ici, c'est un peu le même cas de figure bien que Eli Roth va ajouter un revirement de situation qui se veut glaçant mais un peu trop inattendu en regard de l'état de départ des personnages. Ainsi, ce qui aurait pu ouvrir la voie à un troisième opus se voit réduit à une trouvaille scénaristique sans réelle valeur et en totale contradiction avec les images qui suivent.
Au niveau du gore, cette suite n'est point avare en hémoglobine et l'on retient tout particulièrement un véritable bain de sang inspiré de la comtesse Bathory qui aimait à se baigner dans le sang de vierges. L'ambiance y est sublime dans une grande pièce juste éclairée de bougies et où une jeune femme est suspendue par les pieds au-dessus d'une baignoire rapidement colorée du sang rouge qui coule de sa gorge ouverte. On peut toutefois reprocher à Eli Roth d'avoir inclus un humour malvenu lors de certains passages horrifiques (la scie circulaire, la partie de foot…) qui tourne alors en ridicule ces passages là où le premier opus se contentait de foncer sans s'arrêter. Ceci étant dit, d'autres moments sont franchement douloureux à regarder comme par exemple cette émasculation en gros plan ou bien le massacre d'un homme dévoré vivant par une meute de chiens. A noter une brève apparition de Ruggero Deodato en pleine découpe de filets appétissants provenant d'une cuisse humaine…
En dépit d'une ambiance sympathique et de plusieurs bonnes trouvailles, cette suite semble curieusement plus lisse que son prédécesseur, sans doute parce qu'il est bien trop similaire pour prétendre à une identité propre. La réalisation reste impeccable, Eli Roth sait ce qu'attend son public et les acteurs incarnent bien leurs personnages. Au cas où quelqu'un penserait à l'éventualité d'un troisième volet, l'histoire de base aurait besoin d'un sérieux lifting sous peine de suivre les traces d'autres franchises qui avaient bien débuté mais dont la qualité s'amoindrit avec chaque nouveau chiffre accolé à leur titre…
Le film voit son format d'origine 2.35 respecté avec un transfert 16/9. Les qualités techniques sont au rendez-vous pour une image léchée aux contrastes nets, avec une mention particulière pour le joli travail effectué au niveau des lumières. Les pistes sonores en anglais sous-titré français ou dans un doublage français sont toutes deux présentées en Dolby Digital 5.1 avec une bonne répartition sur les différents canaux donnant un rendu dynamique et efficace.
La partie suppléments commence avec un commentaire audio réunissant Eli Roth, Quentin Tarantino et Gabriel Roth. Le commentaire tourne rapidement à la conversation entre potes avec un Tarantino qui tend à mobiliser la bande plus que de raison. Mais le tout est agréable (et drôle) à écouter, en particulier lorsque les deux réalisateurs évoquent leurs expériences et angoisses respectives.
Sur le deuxième commentaire, Eli Roth est seul et s'excuse auprès des journalistes du nombre de commentaires qu'ils vont être obligés d'écouter à la suite alors que les spectateurs, eux, auront la possibilité d'écouter quelque chose de nouveau lors d'un prochain visionnage selon leur envie. Le réalisateur revient sur la genèse du film, ses influences, le tournage et les acteurs pour un commentaire bien fourni et toujours intéressant.
Le troisième commentaire réunit Eli Roth, Lauren German, Vera Jordanova et Richard Burgi pour un moment de franche rigolade et d'évocations de souvenirs sur et hors du plateau. Les acteurs reviennent sur leur attirance pour le projet et leur façon de se préparer pour des rôles parfois bien tordus !
Nous poursuivons avec une partie documentaires divisée en quatre modules. Le premier est le Making Of du film sur près d'une demi-heure avec interventions des participants, un long passage sur les exploits sportifs des uns et des autres et des instants pris à vif lors du tournage. Le second module s'intéresse aux effets spéciaux de la firme KNB mais avec seulement six minutes au compteur, les plus accros seront déçus. Le troisième module s'intéresse aux décors sur place et ceux construits en studio mais les courtes minutes nous laissent encore sur notre faim. Le dernier module s'avère également l'un des suppléments les plus intéressants de cette édition puisqu'il présente, sur un peu moins de vingt-cinq minutes, une histoire de la torture à travers les âges. Le directeur du Musée de la Criminologie Médiévale de San Gimignano en Toscane nous fait une visite guidée des lieux qui présente des instruments plus atroces les uns que les autres. Les interventions du réalisateur ainsi que de ses parents (une mère artiste et un père psychanalyste) complètent ce module vraiment impressionnant.
Les scènes supplémentaires sont au nombre de dix et elles sont toutes présentées en anglais sous-titré. Elles sont à regarder une par une et un carton explique pourquoi chaque scène a été coupée ou montée différemment. A noter quelques curieuses traductions de titres qui ne correspondent en rien aux intentions originales.
L'interview radio d'Eli Roth dure près d'une demi-heure et s'avère le seul module non sous-titré de cette section. Cela ne l'empêche pas d'être drôle et intéressant, et on se demande parfois comment Roth peut parler autant sans se casser la voix ! Un bref bêtisier pas drôle de trois minutes et cinq bandes annonces issues du catalogue de l'éditeur viennent compléter cette édition DVD.